Simplification : le « déni » du rôle du médecin du travail offusque des syndicats

Publié le 31 octobre 2014 à 0h00 - par

Des syndicats ont vivement critiqué jeudi 30 octobre le « déni » du rôle du médecin du travail dans le projet du gouvernement de simplifier les visites médicales obligatoires en entreprise, aujourd’hui réalisées dans seulement 15 % des cas.

Simplification : le « déni » du rôle du médecin du travail offusque des syndicats

Dans un communiqué, la CFE-CGC (cadres) se dit « offusquée » par « le projet de simplification administrative qui prévoit de déléguer cette visite au médecin généraliste », « un déni complet » du rôle « essentiel » du médecin du travail, selon le syndicat. Le médecin du travail « est le seul professionnel à avoir une démarche collective d’alerte auprès de l’employeur et du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ».

François Hollande a souligné jeudi, lors de la présentation de 50 nouvelles mesures destinées à simplifier l’activité des entreprises, que « la visite médicale obligatoire n’est réalisée que dans 15 % des cas » et « peut relever de la formalité impossible » du fait d’un manque d’effectifs médicaux, ou de contrats courts. « Mieux vaut limiter et cibler », a déclaré le président de la République. La visite médicale en entreprise assure « un espace de parole dédié au travail et à ses dysfonctionnements éventuels », « l’amiante chez l’électricien, l’asthme chez la coiffeuse, le canal carpien chez la secrétaire, le burn-out chez le manager », souligne la CFE-CGC « totalement opposée » à cette mesure « qui ampute cette spécialité médicale et la transforme en un simple bilan de santé, à une époque où nous savons par l’intermédiaire de notre population de cadres et techniciens que le travail est malade ». Pour FO, un éventuel transfert vers le médecin traitant est « inadmissible ». « Cette question a d’ailleurs déjà été débattue et rejetée en raison d’inadéquations évidentes entre les deux types de médecine. La médecine du travail est une spécialité à part entière et son désengorgement impose des recrutements et, en amont, davantage de prévention et l’amélioration continue des conditions de travail des salariés », estime FO.

La médecine du travail fait partie des trois spécialités, avec la médecine générale et la psychiatrie, qui n’attire pas les internes en raison « des conditions de travail ou du contenu du métier », rappelle Claude Leicher, président du syndicat de généralistes MG-France pour qui il « paraît cohérent qu’il y ait une liaison entre la médecine du travail et médecine générale ». « Il y a des spécificités de la médecine du travail sur les connaissances des agents d’exposition ou des conditions d’exercice sur le lieu du travail, et nous ne remplacerons ces spécificités. Mais le médecin traitant est mieux placé pour connaître le parcours, les antécédents du patients. On pourrait avoir une coopération étroite », estime M. Leicher. « La visite d’aptitude n’est pas prise en charge par l’assurance maladie en théorie et les entreprises paient des cotisations obligatoires ». Si le projet de transfert se fait, « il y aurait évidemment besoin de définir les conditions dans lesquelles les médecins traitants seraient rémunérés pour réaliser ce travail », ajoute le généraliste.

Selon l’atlas de l’ordre des médecins, la France ne compte que 1 530 médecins du travail, avec une moyenne d’âge élevée.

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