L’application française StopCovid est officiellement lancée

Publié le 3 juin 2020 à 7h23 - par

Préparée dans l’urgence, l’application française de traçage de contacts contre le coronavirus StopCovid est entrée en fonction mardi 2 juin 2020 avec quelques heures de retard et doit maintenant prouver son efficacité.

L'application française StopCovid est officiellement lancée

Initialement attendue vers midi, l’application a été rendue disponible au téléchargement pour les smartphones fonctionnant avec Android dans le magasin d’applications Google Play vers 16 heures, et sur celui d’Apple vers 19 heures.

Le retard a fait grimper de manière inattendue les téléchargements de Stop Covid19 CAT, une application du gouvernement catalan vraisemblablement confondue avec la StopCovid française.

L’application catalane s’est retrouvée en tête des téléchargements en France mardi 2 juin 2020 sur l’AppStore d’Apple, devant les populaires systèmes de communication Zoom, TikTok et WhatsApp, selon un classement établi par la société spécialisée AppAnnie.
 
StopCovid doit permettre à un utilisateur qui se découvre contaminé au coronavirus de prévenir automatiquement toutes les  personnes qu’il a croisées à moins d’un mètre et pendant plus de 15 minutes, au cours des deux dernières semaines.

L’application est toutefois critiquée par des experts en informatique et des juristes, quiy voient un premier pas vers une société de la surveillance où nos faits et gestes seraient tracés en permanence par des systèmes automatiques.

Le Conseil de l’ordre des avocats du barreau de Paris par exemple a déconseillé à ses membres de la télécharger, relevant notamment dans une résolution votée le 26 mai 2020 qu’elle risquait de provoquer une « accoutumance au traçage ».

Mais pour le gouvernement, StopCovid est le seul moyen de prévenir des personnes potentiellement contaminées par un porteur du coronavirus lorsque celui-ci ne peut identifier toutes les personnes avec lesquelles il a eu un contact rapproché : ses voisins dans les transports en commun par exemple.

Si le gouvernement a réussi son pari de fournir une application en un temps très réduit, il reste à prouver qu’elle fonctionne efficacement et remplit son objectif.

Sept bugs détectés et réparés

Il faudra notamment pour cela qu’elle soit téléchargée par suffisamment de gens, particulièrement dans les grands centres urbains où se situe son cœur de cible.

Par ailleurs, des doutes subsistent encore sur sa capacité à bien fonctionner sur un grand nombre de smartphones, dans la mesure ou ses développeurs n’ont pu bénéficier de la coopération de Google et d’Apple.

Les deux géants américains proposent en effet leur propre plate-forme de traçage de contacts, fonctionnant sur une architecture incompatible avec celle choisie par les Français.

Pour rendre l’application plus sûre et moins susceptible d’être piratée, elle vient d’être testée par des chasseurs de primes de l’informatique, rémunérés à la vulnérabilité trouvée.

Selon l’Institut français de recherche en informatique Inria, maître d’œuvre du projet, sept bugs affectant la sécurité ont été trouvés dans le cadre de ce programme géré par la société spécialisée Yes We Hack.

Ces vulnérabilités – toutes corrigées depuis – ont été signalées par le même développeur, Baptiste Robert (alias Elliot Alderson sur Twitter), un « hacker éthique » réputé qui s’est fait un nom notamment en débusquant des failles de sécurité dans Aadhaar, le système d’identification indien basé sur la biométrie.

« Le code est plutôt bien fait » mais les développeurs de l’application ont « laissé des erreurs, ce qui n’est pas étonnant compte tenu du planning très serré » dans lequel l’application a été conçue, a indiqué à l’AFP Baptiste Robert. « Ce n’étaient pas des bugs catastrophiques, mais ce n’était pas rien non plus. »

La maîtrise de l’exécution du projet n’enlève rien aux dangers inhérents à l’architecture choisie par la France, a affirmé Baptiste Robert, farouchement opposé sur le fond à StopCovid.

L’application a été conçue sous la houlette d’Inria par des développeurs issus de sociétés françaises comme Orange, Capgemini, Dassault Systèmes, Withings (objets connectés) et la start-up Lunabee.

Elle ne fonctionne pour l’instant que sur smartphone. Une réflexion est en cours pour l’étendre à des appareils plus simples à utiliser, comme des montres connectées.

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