La police de sécurité du quotidien à la recherche d’un second souffle

Publié le 8 février 2019 à 11h01 - par

Un an après son lancement, la police de sécurité du quotidien (PSQ) peine à convaincre et paraît déjà à la recherche d’un second souffle ; ses artisans réclament du temps.

La police de sécurité du quotidien à la recherche d'un second souffle

Le premier anniversaire de cette réforme lancée en grande pompe le 8 février 2018 par l’ex-ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb tombe en plein mouvement des « gilets jaunes ». Depuis plus de deux mois, policiers et gendarmes sont mobilisés dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre, loin de la promesse initiale d’une police du quotidien censée rapprocher forces de l’ordre et population. « Depuis un an, il n’y a rien de neuf et avec les gilets jaunes, la police nationale s’est transformée en une police du maintien de l’ordre », cingle François Rebsamen, maire (PS) de Dijon et chargé pour l’Association des Maires de France (AMF) des questions liées à la délinquance.

Dans ce contexte, l’élan de la PSQ est-il déjà brisé ?

« Nous avons fait une partie du travail mais pas tout le travail. Il faut le reconnaître avec humilité », a admis Christophe Castaner, mercredi 6 février 2019 à l’issue du Conseil des ministres. Le nouveau locataire de la place Beauvau a décidé d’accélérer le pas sur l’une des mesures les plus tangibles de la réforme : les quartiers de reconquête républicaine (QRR). Une liste de 30 nouveaux quartiers labellisés QRR dont certains en zone gendarmerie, sera dévoilée vendredi 8 février 2019.

En concentrant des moyens supplémentaires (jusqu’à 30 policiers) sur des territoires réputés gangrenés par la délinquance, la philosophie des QRR rappelle celle des zones de sécurité prioritaire (ZSP) mises en œuvre sous Manuel Valls. D’ici fin 2020, un total de 60 quartiers seront labellisés QRR. Initialement le contingent pour 2019 ne devait concerner que 15 nouveaux sites. Ce coup d’accélérateur est-il un signe de réussite ? « Les premiers résultats sont là », avait certifié le ministre lors de ses vœux aux forces de sécurité début janvier 2019, sans donner davantage de détails.

Évaluation

Mais l’ambition de la PSQ ne se résume pas à ces seuls quartiers difficiles, ni au mirage d’un retour à une police de proximité mise en place au carrefour des années 1990 et 2000 sous Lionel Jospin puis brutalement enterrée sous Nicolas Sarkozy. Boîte à outils au contenu un peu fourre-tout (partenariats avec les élus, nouveaux outils numériques, nouveaux moyens humains et matériels, etc.), la PSQ a pour objectif de déconcentrer et d’adapter au niveau local les stratégies de lutte contre une délinquance. Du « sur-mesure » vanté en son temps par Gérard Collomb.

Un constat de bon sens, estiment des cadres policiers et des spécialistes des questions de sécurité mais attention, « la PSQ accouchera d’une souris sans volonté de révolutionner les pratiques et de s’attaquer aux structures », fait valoir un commissaire. En ligne de mire, l’éternel objectif de simplification de la procédure pénale et la « lutte contre la paperasse » accusées de congestionner les services et de consommer inutilement des effectifs. Le gouvernement espère que la réforme de la Justice répondra à ces attentes.

Les artisans de la PSQ réclament aussi du temps. « On est sur une première année où on expérimente », relève le colonel Jean-François Morel, coordonnateur PSQ à la direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN). « On espère que la PSQ portera ses fruits à l’horizon du quinquennat. » M. Morel fonde ses espoirs sur ces stratégies départementales de sécurité déclinées pour la gendarmerie « par arrondissement en fonction de la nature du territoire ».

« Contact », « prévention », « intervention » et « investigation » : le curseur de l’action des gendarmes est ainsi davantage mis sur l’une de ces quatre thématiques. « On s’adapte au biorythme des territoires », résume M. Morel convaincu que « le qualitatif » doit primer sur « la bâtonnite » et la politique du chiffre officiellement abandonnée. « Nous devons construire de nouveaux indicateurs de cette réussite qui prennent en compte les populations, les associations de quartier », a d’ailleurs promis Christophe Castaner. La PSQ pose en effet la question de l’évaluation du travail des forces de l’ordre. Un chantier important et compliqué.

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