Les routes secondaires désormais limitées à 80km/h

Publié le 2 juillet 2018 à 15h49 - par

Malgré des mois de contestation et de polémiques, la mesure est entrée en vigueur dimanche 1er juillet : 400 000 kilomètres de routes sont désormais limitées à 80 km/h, et non plus à 90 km/h, avec l’objectif de réduire le nombre de tués sur les routes.

Les routes secondaires désormais limitées à 80km/h

Alors que se profilent les grands départs estivaux, les automobilistes français et étrangers vont devoir lever le pied. La vitesse maximale autorisée est abaissée sur toutes les routes à double sens, à une voie chacune, sans séparateur central (barrière, terre plein…), soit 40 % du réseau routier français.

Depuis l’annonce le 9 janvier, associations d’automobilistes et de motards ont multiplié les manifestations et pétitions face à une mesure « inutile » et « politique », selon Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d’automobilistes.

Parlementaires et élus locaux de tous bords se sont insurgés contre cette disposition qui pénalise selon eux les régions rurales, où se trouvent l’essentiel des routes concernées. En vain.

L’exécutif est resté intransigeant, emmené par le Premier ministre, Édouard Philippe, qui s’est toujours dit « prêt à assumer l’impopularité » de la mesure. En dépit des spots et campagnes médiatiques déployés ces dernières semaines, 74 % des Français s’y déclaraient opposés dans un sondage mardi 26 juin.

« L’objectif, ça n’est pas d’emmerder le monde. L’objectif, c’est de faire en sorte qu’il y ait moins de morts et moins de blessés graves », a martelé Édouard Philippe vendredi 29 juin, rappelant le « coût humain terrifiant » des accidents de la route qui ont fait 3 684 morts et 76 840 blessés en 2017.

Selon le gouvernement, baisser la vitesse de 10 km/h permettra de sauver jusqu’à 400 vies par an et ainsi d’inverser durablement la courbe de la mortalité routière qui, après avoir atteint un plus-bas historique en 2013, a connu un inquiétant rebond entre 2014 et 2016.

Quelques récalcitrants

Selon la Sécurité routière, ces routes ont concentré 55 % des accidents mortels en 2017.

« La vitesse est la première cause d’accidents mortels et quand elle n’est pas une cause, elle est un facteur aggravant des accidents », ajoute la présidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon, qui milite depuis des années pour les 80 km/h.

Le gouvernement a annoncé qu’il évaluerait les effets de la mesure au 1er juillet 2020.

Vent debout depuis six mois, associations d’automobilistes et de motards contestent son efficacité en termes de sécurité routière, tout autant que le « passage en force » du gouvernement pour l’imposer à l’opinion.

Encore samedi 30 juin, quelques centaines de motards ont manifesté leur « colère » à Paris en qualifiant la mesure de « d’aberrante » et de « pompe à fric ».

« C’est juste un racket monstrueux, ils ne savent plus quoi faire pour trouver du fric. Ça va faire chier le monde, ça va créer des embouteillages et des accidents. C’est complètement absurde », a protesté Gilles, 59 ans, l’un des manifestants.

Des élus, de zones rurales notamment, dénoncent une mesure « parisianiste » faite au détriment des campagnes qui ont déjà le sentiment d’être isolées et délaissées.

Au sein même du gouvernement, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb et le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard n’ont pas caché leur réserve.

Depuis la publication du décret le 17 juin, la grande majorité des élus locaux se sont toutefois pliés – même a minima – à leurs obligations et ont fait installer des panneaux signalant la nouvelle limitation de vitesse.

Quelques-uns rechignent toutefois, notamment en Indre-et-Loire et en Creuse, où la présidente (LR) du conseil départemental Valérie Simonet a annoncé qu’elle ne mettrait aucun moyen « ni financier, ni technique, ni humain » pour cette réforme.

« Ces rares élus se mettent en marge de la légalité, ce qui est gênant pour une autorité publique. Ne pas donner les bonnes indications, c’est faire prendre aux automobilistes le risque d’une amende ou pire, d’un accident », déplore le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe.

« Il y a des voies de droit » pour contester, ajoute-t-il, en référence à trois recours déposés devant le Conseil d’État.

En Corrèze, le département a choisi de protester par l’ironie. Aucun panneau à 80 km/h n’a été installé. Les autorités ont préféré signaler la fin des zones à 90 km/h avec des inscriptions « Le nouveau monde vous demande de ralentir ».

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