Reconquérir la ville par ses pieds d’immeubles?

Publié le 1 juillet 2014 à 0h00 - par

Les pieds d’immeubles sont de plus en plus désertés dans nos villes. Quelles en sont les raisons ? Quelles sont les initiatives prises pour recréer ces lieux de vie ?

Rues, commerces, activités, immeubles et habitat ont toujours, ensemble, scellé la ville et ses habitants. Force est de constater aujourd’hui que cette dynamique a disparu dans certaines villes de moyenne ou petite taille et qu’elle fonctionne moins bien qu’avant dans les plus grandes. L’élément visible, le signe de cette évolution négative, est souvent matérialisé par la disparition de toute vie en pieds d’immeubles. Cette évolution est elle inéluctable ?
 

Le constat du commerce de ville en crise

Le commerce de ville est en crise. Crise économique, de moindre consommation, là c’est conjoncturel. Crise culturelle, de transformation des modes de consommation, là c’est structurel, et nous n’en sommes certainement qu’au début quand on voit le développement exponentiel et inéluctable du commerce sur internet.

La seule réponse ne peut être apportée par l’uniformisation des rues via la multiplication du commerce de franchise, voire de luxe ou très spécialisé : cela ne concerne en plus souvent que certaines zones de la ville. De nombreux pieds d’immeubles se retrouvent donc toujours plus désertés, par contagion de proximité, avec des commerces fermés.
 

Le cercle vicieux de l’éloignement des populations

L’habitat de ville est en crise. Que ce soit par la cherté des prix dans les grandes villes qui ne permet plus qu’aux activités tertiaires et aux populations les plus aisées de se maintenir. Ou que ce soit à l’opposé par la dégradation de l’habitat suite au maintien, quasi unique, de populations aux revenus précaires qui n’ont pas les moyens, comme les autres, de partir chercher plus de confort, d’espace et de tranquillité en périphérie. Mais de plus en plus loin.

Dans les deux cas, le cercle vicieux fonctionne parfaitement : l’éloignement des populations moyennes, des familles le plus souvent, puis des commerces et ensuite des activités artisanales, puis libérales (incitées fiscalement en plus parfois à s’installer dans des zones franches) ruine progressivement l’immobilier de ville via la baisse des prix des locations, puis des ventes, sources donc de toujours plus de paupérisation des centre-villes.
 

Imaginer de nouvelles activités en pieds d’immeubles

Compte tenu du contexte général décrit supra, il paraît difficile de « décréter » la ré-ouverture systématique de commerces traditionnels, à l’ancienne, en pieds d’immeubles. Ce sont donc des initiatives ponctuelles, individuelles, tels certains services de proximité qui seront les déclencheurs : un café littéraire, une épicerie, une ASL en résidence de tourisme en zone rurale qui met à disposition sa salle commune pour un restaurateur, une laverie à minima.

Certains ont imaginé des bibliothèques pour les résidents, à ouvrir à l’extérieur. Des garderies ont été lancées ailleurs. Une salle de travail en espace de « co-working » pour jeunes résidents sont autant d’initiatives constructives permettant de recréer des lieux de vie.

Autre levier intangible à rechercher, économiquement, la mutualisation de ces espaces entre les co-propriétaires, soit en millièmes de parties communes, soit via division en volumes afin de faciliter le lancement de l’activité : un loyer à payer plutôt qu’un capital à apporter, si c’est une activité économique.

Enfin, il convient d’associer en amont les autorités compétentes afin de gérer au mieux les éventuels changements de destination de commerces en « autre chose ». Ne pas éloigner les derniers services publics ou privés. Et surtout, pas de transformations en parking ! Peu à peu, çà pourrait marcher.

Marc Mascarell
 

Source : METROPOLAM


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