Open data : les collectivités sont les principales utilisatrices de leurs propres données

Publié le 7 mai 2024 à 10h20 - par

Jeux de donnĂ©es publiĂ©s, rĂ©utilisation des informations ainsi mises Ă  disposition, thĂ©matiques les plus souvent concernĂ©es… L’observatoire Data Publica et Opendatasoft se sont interrogĂ©s sur les pratiques des collectivitĂ©s en matière d’ouverture des donnĂ©es publiques.

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© Par Somyuzu - stock.adobe.com

Bien que la loi du 7 octobre 2016 pour une RĂ©publique numĂ©rique le leur impose, seules 16 % des collectivitĂ©s de plus de 3 500 habitants et employant au moins 50 agents ou salariĂ©s rendent leurs donnĂ©es publiques accessibles, selon une Ă©tude de l’observatoire Data Publica, en partenariat avec Opendatasoft ; 868 collectivitĂ©s soumises Ă  cette obligation lĂ©gale par dĂ©faut s’y plient, dont 147 sur un Â«Â portail open data » (une plateforme dĂ©diĂ©e, clairement identifiĂ©e). Les autres collectivitĂ©s publient leurs donnĂ©es sur des portails mutualisĂ©s, dont data.gouv.fr, ou limitĂ©s Ă  l’information gĂ©ographique (« gĂ©oportails »). L’Ă©tude se focalise sur les 80 % de collectivitĂ©s qui publient leurs donnĂ©es grâce Ă  la solution Opendatasoft, soit 16 802 jeux de donnĂ©es (JDD) accessibles fin 2023.

Chaque portail open data publie en moyenne 138 JDD, avec des diffĂ©rences notables liĂ©es Ă  la taille de la collectivitĂ©. Les JDD proviennent de trois sources diffĂ©rentes : ils peuvent ĂŞtre publiĂ©s par la collectivitĂ© ou ses partenaires, ou encore « moissonnĂ©s », c’est-Ă -dire rĂ©cupĂ©rĂ©s sur un autre portail. Ainsi, bien que les jeux de donnĂ©es produits par les collectivitĂ©s soient majoritaires, ils sont de plus en plus souvent rĂ©cupĂ©rĂ©s par les intercos et les rĂ©gions, pour afficher l’ensemble des donnĂ©es d’un territoire sur une plate-forme unique. Les liens relatifs au territoire peuvent aussi ĂŞtre automatisĂ©s entre collectivitĂ©s, pour alimenter les portails des strates infĂ©rieures.

Les collectivitĂ©s ouvrent en majoritĂ© des donnĂ©es gĂ©ographiques. Cela s’explique parce qu’elles ont souvent, depuis longtemps, un système d’information gĂ©ographique (SIG), ce qui leur confère des habitudes et une expertise dans la production de donnĂ©es standardisĂ©es et ouvertes. Elles publient Ă©galement en open data des donnĂ©es chiffrĂ©es, comme le budget ou le rĂ©sultat des Ă©lections, des donnĂ©es textuelles (dĂ©libĂ©rations…), des schĂ©mas et des plans (urbanisme…).

RĂ©utilisation des donnĂ©es

Le but de l’open data est de permettre Ă  quiconque de rĂ©utiliser des donnĂ©es pour construire des applications et des services. Mais il se heurte au manque d’homogĂ©nĂ©itĂ© des donnĂ©es ouvertes et Ă  des difficultĂ©s d’interopĂ©rabilitĂ©. L’association OpenDataFrance a donc engagĂ©, en 2017, une rĂ©flexion sur la standardisation des donnĂ©es jugĂ©es les plus essentielles, avec la dĂ©marche OpenDataLocale qui a conduit Ă  crĂ©er un Â«Â socle commun des donnĂ©es locales » (SCDL). Ce standard identifie une dizaine de JDD prioritaires qui doivent suivre un formalisme identique : amĂ©nagements cyclables, base adresse locale, budget, menus de la restauration collective, dĂ©libĂ©rations, prĂ©nom des nouveau-nĂ©s… Ce standard SCDL est toutefois très peu utilisĂ© : seulement 1,5 % des JDD des collectivitĂ©s s’y conforment.

La rĂ©utilisation est essentiellement le fait des collectivitĂ©s, qui crĂ©ent de nombreuses « datavisualisations », cartes interactives, graphiques et outils d’analyse, Ă  partir des donnĂ©es qu’elles ouvrent et mettent en ligne, principalement sur la mobilitĂ©, le tourisme et la citoyennetĂ©. Les JDD servent ainsi Ă  produire des cartes (points de comptage des vĂ©hicules, circuits de randonnĂ©es Ă  vĂ©lo, tracĂ©s des pistes cyclables, emplacement des Ă©lĂ©ments de patrimoines remarquables…) ou des applications : places de stationnement libres, localisation de parkings, de transports en commun…

Les donnĂ©es les plus souvent tĂ©lĂ©chargĂ©es de façon anonyme – c’est le principe de l’open data — ou par des partenaires, concernent la mobilitĂ©. Elles sont la base d’applications sur l’Ă©tat du trafic ou la disponibilitĂ© des parkings en temps rĂ©el et alimentent notamment les applications CityMapper ou Transit (Ă  Lyon, par exemple).

L’Ă©tude montre aussi que 90 portails de collectivitĂ©s « moissonnent » 22 portails d’administrations nationales : ministères, Insee, AutoritĂ© de rĂ©gulation des tĂ©lĂ©coms, Ademe, IGN… En particulier, les informations sur la commande publique du ministère de l’Économie et des finances, l’annuaire de l’Ă©ducation publiĂ© par le ministère de l’Éducation nationale ou encore la liste des immeubles protĂ©gĂ©s au titre des monuments historiques, provenant du ministère de la Culture sont rĂ©cupĂ©rĂ©s automatiquement.

Marie Gasnier


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