Alors que l’AMF publie son analyse financière, le Sénat veut réduire les ponctions sur les maires

Publié le 21 novembre 2025 à 15h00 - par

Comme chaque année, l’Association des Maires de France a présenté lors de son congrès l’analyse financière du bloc communal. Alors que les maires refusent les ponctions de 7,6 milliards d’euros prévues par le projet de loi de finances pour 2026, le Sénat devrait les réduire à un total de 2 milliards.

Finances locales : le Sénat s'engage à réduire les ponctions sur les maires
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Dans un contexte de totale incertitude sur le vote du budget 2026, l’Association des Maires de France (AMF) a présenté l’état des finances des communes et intercos, le 18 novembre 2025, lors du 107e congrès des maires de France. En 2024, le bloc communal a connu un volume d’activité de près de 180 milliards d’euros, dont 130 milliards pour le fonctionnement et 50 milliards relatifs à l’investissement – des investissements liés neuf fois sur dix aux équipements. Ce niveau d’investissement élevé est révélateur des ambitions fortes du mandat 2020-2026. La reprise des investissements est intervenue dès la deuxième année du mandat, en 2021. L’analyse « Cap sur les finances des communes et intercommunalités en 2024 » montre que le volume d’investissements réalisés par le bloc communal sera nettement supérieur à celui du mandat précédent (2014-2019) : il devrait atteindre 29 milliards de dépenses d’équipements supplémentaires. Mais, « si l’investissement est reparti à la hausse, il masque un essoufflement et des tensions », a expliqué Emmanuel Sallaberry, maire de Talence (Gironde, 46 892 habitants), co-président de la commission des finances de l’AMF. Le besoin de financement, de 5 milliards d’euros en 2023, a plus que doublé pour atteindre 11,4 milliards en 2024. Une aggravation que les communes n’avaient pas connue depuis la crise des subprimes en 2008. Pour 2025, il y aura une stabilité de l’autofinancement et une hausse du recours à l’emprunt plus modeste qu’en 2024. Toutefois, l’AMF déplore que les ponctions successives sur les finances des collectivités « ne se soldent malheureusement pas par une amélioration des comptes de l’État ». En tapant sans cesse dans les finances des collectivités et en leur demandant d’investir, l’État leur envoie des injonctions contradictoires, a déploré Antoine Homé, maire de Wittenheim (Haut-Rhin, 15 622 habitants), co-président de la commission finances de l’AMF.

La taxe foncière reste la seule marge de manœuvre directe des communes, mais à force, les propriétaires ne seront plus en mesure de la payer. « Si les 7,6 milliards d’euros de ponctions prévues par le PLF 2026 devaient être maintenus, nous serions à la rupture », a constaté le président du Comité des finances locales, maire d’Issoudun (Indre, 11 232 habitants), André Laignel. « On ne mesure pas la colère et la désespérance des maires, alors que l’on sort d’un mandat singulier, entre les crises sanitaire, géopolitique et énergétique, renchérit Emmanuel Sallaberry.

Le Sénat votera un effort 2026 de 2 milliards d’euros maximum

Or, alors que l’AMF souhaite que les mesures du PLF soient annulées, le président du Sénat, Gérard Larcher, a promis le 20 novembre devant le congrès que les sénateurs limiteront l’effort de réduction du déficit public des collectivités locales en 2026 à 2 milliards d’euros maximum. La commission des finances a notamment proposé d’exonérer les communes du Dilico (dispositif de lissage conjoncturel), que le PLF fixe à 720 millions d’euros contre 250 millions en 2025.

Par ailleurs, l’autofinancement s’essouffle en 2024. Le taux d’épargne brute du bloc communal, à 26,3 milliards d’euros, diminue de 1,1 % par rapport à 2023 (+ 0,8 % hors Paris) ; 44 % de l’épargne brute sont consacrés au remboursement de la dette. Quant à l’épargne nette, elle s’élève à 14,7 milliards d’euros, en baisse de 2 % pour la première fois depuis 2020, après la hausse de 7,2 % en 2023. Elle affiche une hausse de 30,3 % par rapport à 2018, absorbée en partie par l’augmentation des prix des investissements qu’elle finance (+ 16,9 % sur la période). De ce fait, avec une inflation de près de 17 %, il faut davantage de moyens pour financer un même projet. En 2024, 5 177 communes avaient une épargne nette négative, soit 740 de plus qu’en 2023. L’épargne brute des plus petites et des plus grandes communes baisse beaucoup en 2024 ; elle augmente légèrement dans les autres strates, la hausse la plus marquée (+ 4,7 %) étant pour les communes de 50 000 à 100 000 habitants.

Le recours à l’endettement du bloc communal apparaît modéré. Hors Paris, il atteint près de 115 milliards d’euros, porté à 54 % par les communes et 46 % par les groupements à fiscalité propre.

En net repli par rapport à 2023 (- 7,3 %), la trésorerie nette du bloc communal atteint plus de 40 milliards d’euros, dont 28 milliards pour les communes et 12,4 milliards pour les intercos. Mais, si la baisse des niveaux de trésorerie est importante en masse, sa répartition varie selon les territoires : 49 % des communes ont connu un repli de leur niveau de trésorerie en 2024 mais plus de la moitié des petites communes de moins de 500 habitants ont vu leur trésorerie nette augmenter. La trésorerie communale atteint en moyenne 420 euros contre 434 en 2023, ce qui correspond à 91 jours de dépenses totales, avec des écarts importants selon la taille des collectivités.

Martine Courgnaud – Del Ry

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