Les dirigeants territoriaux auraient-ils peur de l’IA ? C’est le sentiment que laisse planer l’étude publiée par le SNDGCT et consacrée au sujet. Certes, le temps gagné grâce à l’intelligence artificielle (IA) est apprécié mais de nombreux dirigeants ont le sentiment, pour le dire crûment, que leurs agents ont le sentiment de vivre les dernières années de leur métier et freinent quelque peu face à cette IA qu’ils perçoivent comme étant plus menaçante que facilitatrice. Dans l’étude, d’autres freins sont avancés, comme la difficulté pour les dirigeants de dégager des moyens budgétaires et humains pour se consacrer au sujet, celle relevant de la souveraineté et de la conformité au RGPD, ainsi que les errances de l’IA dont les résultats manquent parfois de fiabilité.
77 % des collectivités l’ont déjà testée
Malgré ces réticences, les agents se familiarisent de plus en plus avec l’IA. Le baromètre de l’Observatoire Data Publica (novembre 2025) révèle que 77 % des collectivités de plus de 3 500 habitants ont déjà déployé ou testé un système d’IA (49 %), ou bien envisagent de le faire dans l’année (28 %). L’IA permet ainsi de réduire le temps passé à des tâches répétitives, comme la production de courriers, de délibérations, de comptes-rendus, sans oublier les comptes-rendus de réunions ou les notes. Le contact avec le public est aussi censé aller en s’améliorant, des agents conversationnels ou des serveurs vocaux étant en effet en capacité de répondre à des questions souvent posées par les usagers. La surveillance des bâtiments ou l’utilisation de l’IA dans le cadre des RH émergent progressivement mais restent pour l’heure très encadrées.
Y aller doucement
Le SNDGCT préconise un déploiement par étape, nourri par les retours d’expériences des collectivités pionnières. D’abord établir un diagnostic des usages existants dans une collectivité, pour éviter que chacun fasse son petit IA dans son coin. Les actions de sensibilisation puis de formation peuvent être ensuite menées. Plutôt que de passer tout de suite à un rythme élevé, le syndicat conseille de faire le choix d’un projet pilote au sein de la collectivité susceptible, par sa valeur démonstrative, de mettre en lumière l’utilité de l’IA. La mise en œuvre plus globale réclame à la fois une formation adéquate et surtout un alignement de l’ensemble des agents, sans oublier une évaluation régulière des impacts. Il ressort des premières expériences qu’elles ont été initiées par un élu sensible au sujet ou un DGS l’étant tout autant. Le SNDGCT est convaincu qu’il s’agira d’un « enjeu majeur pour le mandat qui va s’ouvrir en 2026 ». Reste à convaincre les agents que ce sera le cas…
Stéphane Menu
