Les communes touristiques à l’heure d’été et du changement

Publié le 22 juillet 2022 à 8h50 - par

Qu’elles soient sur le littoral ou en montagne, les communes touristiques vivent actuellement une saison estivale dense. Afin de gérer les importants flux de visiteurs, les municipalités et intercommunalités s’organisent, dimensionnent leurs services en conséquence et mutualisent les compétences. Exemple avec Deauville, station de tourisme classée, et Cœur Côte Fleurie, la communauté de communes à laquelle elle appartient.

Les communes touristiques à l'heure d'été et du changement
© Crédit Photo Naïade Plante
Les communes touristiques à l'heure d'été et du changement
© Béatrice Augier

Aux premières heures du matin, les fameux parasols colorés sont déjà plantés dans le sable. La plage, quant à elle, a été entièrement nettoyée sur plus d’une vingtaine d’hectares. « Comme immaculée, infoulée, commente le maire de Deauville, Philippe Augier. Cette image idéale, pure de notre station, est l’œuvre quotidienne de nos services. En front de mer, où se trouvent aussi une piscine, des cours de tennis en terre battue, un mini-golf, un club de poney… Nous avons d’ailleurs initié une organisation spécifique avec à sa tête une directrice, précise le maire. Ce service a même été le premier en France à avoir été certifié ISO 90001. Comme une entreprise. Ses champs de compétences, comme les activités que ce service encadre, sont vastes : propreté, entretien des mobiliers, accompagnement des commerçants… »

Gestion pragmatique et sollicitation de renforts

Première commune française classée « station de tourisme » en 2009, Deauville témoigne d’une longue tradition d’accueil des visiteurs estivaux. « Nous avons en effet une grande habitude de gestion des flux de populations l’été. Si la logistique de nos services voirie et propreté est dimensionnée à l’année, nous bénéficions de renforts de forces de sécurité : une compagnie de CRS, des policiers à vélo, un peloton de gendarmes à cheval qui fait l’objet d’une convention avec l’État. » Concernant la surveillance des baignades sur la plage, Deauville fait appel à des CRS maitres-nageurs et à « des maitres-nageurs sauveteurs que nous formons ». À tout cela, s’ajoute l’évènementiel sportif (Triathlon de Deauville, concours hippique européen, courses quotidiennes à l’hippodrome) et culturel. « Ces manifestations nécessitent de la sécurité, de la gestion des flux automobiles que nous supervisons. »

La complémentarité territoriale au fil des saisons

Deauville mutualise, par ailleurs, avec les communes de l’intercommunalité Cœur Côte Fleurie plusieurs compétences nécessaires à la vie quotidienne et à son attractivité touristique : collecte des déchets, promotion du territoire, promotion des grands évènements portée par une marque commune : InDeauville. « Nous comptons 20 000 habitants sur notre territoire et près de 48 000 résidences. Notre direction générale des services s’appuie, quant à elle, sur une population bonifiée à 48 000 habitants. Pour l’État, toutefois, notre territoire compterait près de 70 000 habitants. Une vision qui a notamment nécessité que nous construisions une station d’épuration pour 115 000 habitants, détaille Marc Bourhis, directeur général des services de la communauté de communes Cœur Côte Fleurie. Ces chiffres sont intéressants puisqu’ils montrent deux perceptions : celle de l’Insee et celle de l’évolution de la saisonnalité du tourisme. En effet, depuis 2001, le maire de Deauville, Philippe Augier, a amené à Deauville, station balnéaire historique, des entreprises, des bureaux , de la culture, du sport et de l’évènementiel. Aujourd’hui, la « saison » sur notre territoire s’étale à 11 mois sur 12. »

Les solutions du dimensionnement

La communauté de communes a donc dû dimensionner ses grands équipements pour répondre aux flux de résidents et de touristes. « Notre pic « estival » a commencé au 1er juin et s’étend jusqu’au 1er septembre. Nous pouvons compter jusqu’à 150 000 habitants ». Comme Deauville, les autres communes recrutent donc, pour cette période, un nombre important de vacataires. « Notre intercommunalité, quant à elle, adapte certains de ses services « à l’heure d’été ». La collecte des ordures ménagères commence, par exemple, à 5h du matin, alors qu’en basse saison, elle démarre à 6h.

« Nous n’avons pas de dogme concernant la gestion de nos équipements. Là où nous sommes les meilleurs, nous faisons. Si nous n’y arrivons pas ou que nous connaissons des difficultés, nous déléguons. Sur les ordures, nous opérons avec un système de régie. Sur l’eau, nous sommes également en délégation, précise Marc Bourhis. Notre situation sur l’Estuaire de la Seine et le niveau d’exigences de qualité des eaux ont motivé l’installation d’une station d’épuration ultra membranaire. Nous filtrons à 0,3 micron et retraitons l’eau. Nous déléguons aussi la surveillance et la qualité des eaux de baignade parce que nous visons la certification. »

Data veritas ?

Pour ajuster ses personnels et l’organisation de ses services en haute saison, Cœur Côte Fleurie questionne l’intelligence artificielle pour déterminer le vecteur qui fait venir les visiteurs à Deauville, mais aussi afin de connaitre quand est pris leur décision de venir à Deauville. « Nous avons la chance avec les réseaux de capteurs et la technologie de pouvoir collecter des données. Ces datas relatives à la fréquentation et l’émission d’ordures ménagères apparaissent comme des faisceaux d’indices pour bâtir des profils de vulnérabilité et anticiper l’arrivée des touristes. Nous travaillons dessus… La vérité est dans nos poubelles, sur nos routes, dans nos serveurs wifi, nos caméras vidéo, la météo… Reste à trouver la variable qui conditionne la migration forte des gens vers nos territoires. »

 

Décryptage publié dans WEKA Le Mag n° 4 – juillet-août 2022
Rédaction Jérémy Paradis
Photos Béatrice Augier et Naïade Plante

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