Quelle organisation urbaine pour la France de 2040 ?

Publié le 2 avril 2012 à 0h00 - par

Espaces concurrents, connectés les uns aux autres, voués à l’innovation écologique, ou encore structurés en communautés… La Datar propose quatre scénarios pour les « villes intermédiaires » de 2040.

Depuis 2009, la Datar étudie les scénarios prospectifs de développement de la France, à travers la démarche « Territoires 2040 », à laquelle ont collaboré plus de 500 personnes (ateliers, conférences, séminaires…). Sept groupes de travail étudient sept types d’espaces, en fonction des grands enjeux du futur. Objectif : mieux comprendre la situation actuelle pour se préparer à agir. Mais cela ne sera possible que si ces enseignements prospectifs sont diffusés et partagés, et qu’un consensus se forme sur les enjeux-clefs de notre territoire, a précisé Emmanuel Berthier, délégué interministériel à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (Datar), le 20 mars, à Paris.

Aujourd’hui, le monde est organisé en grands pôles urbains. Ils concentrent population, fonctions supérieures, centres de décision, création de richesses et connexions aux différents flux, et leur aire d’influence s’étend. Reliés entre eux, ils constituent un réseau de métropoles auquel, en France, seul Paris appartient. Les villes intermédiaires et leurs espaces de proximité, qui ne peuvent prétendre au statut de métropole, ont toutefois un rôle de chef-lieu qui les rend indispensables à leur zone d’implantation.

Au nombre de 150, ces pôles urbains regroupent, au minimum, 20 000 habitants dans la ville-centre et 20 000 emplois dans l’aire urbaine. Leur organisation spatiale détermine le fonctionnement des groupes sociaux, des activités et des équipements. La Datar a élaboré quatre scénarios d’évolution des villes intermédiaires. Celui des « communautés incertaines » est construit sur un contexte de croissance matérielle difficile et de coûts de communication de plus en plus élevés. Villes et quartiers connaissent une différenciation sociale et culturelle qui renforce le sentiment d’appartenance à un même groupe social, sans toutefois aboutir à des ghettos. Les classes populaires sont pourtant progressivement reléguées dans les zones les moins accessibles et les plus dégradées. Les milieux plus favorisés vivent dans de nouveaux éco-quartiers protégés. Chaque groupe trouve sa fonction dans le système, qui vit en circuit de production et d’échange simplifié, afin de réduire la mobilité.
 

Laboratoires verts

Dans le scénario des « laboratoires verts », l’écologie encadre les pratiques et contraint les espaces. Pour augmenter les échanges locaux, afin de limiter les flux vers l’extérieur de l’espace, les collectivités multiplient les innovations, techniques ou organisationnelles ; elles mettent en pratique des expérimentations effectuées dans les années 2000-2020. Ainsi, les villes intermédiaires réussissent à organiser des systèmes relativement autonomes : production alimentaire et consommation locales, gestion rigoureuse des ressources naturelles, qui conduisent à augmenter leur indépendance. Cette hypothèse combine un cadre imposé et des changements de pratiques acceptés.

Le troisième scénario est celui des « spécialités en concurrence ». Chaque territoire, doté de ses dispositifs de gouvernance propres, est responsable de son avenir. Il développe ses avantages en fonction de ses spécificités, de s’organise autour d’une filière de développement et d’un projet de territoire. Les villes intermédiaires se font donc concurrence, ce qui peut en conduire certaines à l’échec, sans rebond possible. Dans celles-ci, la population, peu mobile, subit la crise économique et sociale locale.

Dernière hypothèse, celle des « satellites interconnectés ». Dans un régime de croissance urbaine généralisée, les villes intermédiaires sont souvent dédiées à la production, sans pour autant avoir une réelle importance dans le développement du pays. Elles deviennent des pôles secondaires, dépendants des grandes villes, sont subordonnées à des décisions qui leur échappent. Elles décident donc de nouer des alliances entre elles, en recherchant des complémentarités. Les espaces périphériques des villes intermédiaires restent à l’écart du développement ; ils deviennent « une charge qu’ils faudra borner ou un arrière-pays qu’il faudra contrôler ».

La Datar prépare un guide pour faciliter le travail de prospective des élus.
 

Marie Gasnier

 

Pour en savoir plus  :

Jusqu’au 30 mai, le Conseil économique, social et environnemental accueille une exposition passionnante, organisée par « Acteurs publics » à partir des travaux de la Datar. Dix cartes magistrales (des « cartogrammes ») présentent la situation actuelle et les scénarios envisageables pour la France de 2040 : urbanisation et milieux naturels, villes intermédiaires et espaces de proximité, changement climatique…


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