Le Havre fête ses 500 ans, l’histoire d’une perpétuelle renaissance

Publié le 6 février 2017 à 14h57 - par

Le Havre va célébrer tout au long de cette année son 500e anniversaire, qui commence symboliquement mardi 7 février et qui, au-delà des événements culturels et festifs, visera à démontrer que la ville et son port, malgré un passé mouvementé, ne cessent de se réinventer.

Le Havre fête ses 500 ans, l'histoire d'une perpétuelle renaissance

À l’embouchure de la Seine, en 1517, il n’y avait que deux petits ports peu profonds et ensablés, Honfleur et Harfleur, datant de l’époque romaine.

François 1er, jeune roi visionnaire, âgé alors de 23 ans, décida de créer ex nihilo un port d’envergure pour renforcer la défense contre l’Angleterre et s’adapter à l’augmentation des échanges avec les Amériques.

Le 7 février, il signe une commission délivrée à l’amiral de Bonnivet pour qu’il construise ce « havre » à l’emplacement de la crique de Grâce.

Le 8 octobre, il fonde la ville. Le port et la ville vont se développer de façon séparée.

« Le port ce sont les ingénieurs, la ville les architectes : ce sont deux mondes à part et c’est toujours plus ou moins le cas aujourd’hui », explique Patrick Bertrand, ancien salarié et historien du port.

Au XIXe siècle, le trafic du coton, du café, du charbon et du pétrole est florissant et profite à la ville car les négociants s’y installent. En 1823 le port perd toute fonction militaire.

« La ville connaît une des plus fortes croissances démographiques en France, du même ordre que Saint-Étienne et Roubaix », indique Pierre Beaumont, responsable des archives municipales.

À l’époque, elle devient aussi une des premières stations balnéaires de France très prisée des Parisiens qui y viennent en train. Parmi eux des écrivains et des peintres impressionnistes.

Au début du XXe, le trafic des paquebots transatlantiques se développe considérablement, profitant de l’immigration européenne vers le rêve américain.

Cette prospérité croissante va recevoir un coup terrible avec les bombardements alliés de septembre 1944 qui vont anéantir le port et 85 % du centre-ville. Le Havre se doit de renaître à nouveau.

Changement d’image

Le port va se relever plus vite, les forces américaines contribuant à remettre sur pied des infrastructures dont elles avaient besoin pour acheminer du matériel vers l’Allemagne nazie.

Pour la ville la reconstruction va prendre nécessairement plus de temps, sous la direction de l’architecte Auguste Perret.

C’est une ville complètement nouvelle, tout en béton, dont les qualités urbanistiques ne seront réellement reconnues qu’avec le classement par l’Unesco, en 2005.

Devant l’urgence du relogement, l’utile va passer avant l’agréable. Le front de mer, par exemple, va être délaissé pendant des décennies. Ce n’est qu’en 1999 que la ville redevient une station balnéaire, désormais dans l’ombre de ses voisines Deauville et Trouville.

Dans les années 60, la ville et son agglomération vont prendre une dimension industrielle (pétrochimie, métallurgie, mécanique, automobile…).

Aujourd’hui le port, toujours géré par l’État, est devenu la principale porte du commerce extérieur français, notamment avec la Chine, et surclasse Marseille pour le trafic des porte-conteneurs.

La ville, longtemps considérée – à tort – comme terne et dépourvue de grand centres d’intérêt, a beaucoup changé et connaît un certain succès touristique.

Travaillant intensément à changer son image en tirant parti de son classement à l’Unesco, Le Havre poursuit son effort avec son 500e anniversaire.

« C’est un bon prétexte pour faire redécouvrir la ville aux Havrais, aux Normands et aux Français en général », souligne le maire (LR) Édouard Philippe.

Les manifestations vont surprendre par leur originalité. Tout va commencer mardi par des jeux de lumière sur les hautes cheminées de la centrale thermique à charbon d’EDF.

Puis, de fin mai à début novembre, la ville va vivre au rythme des parades géantes, dont celle de la compagnie Royal de luxe du 6 au 9 juillet.

Des expositions prestigieuses sont attendues comme celle autour du tableau « Impression soleil levant », peint face au port par Claude Monet en 1872, qui fera son grand retour au Havre du 9 septembre au 8 octobre.

 

par Hervé LIONNET

 

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