L’éclairage public solaire, une alternative à la consommation électrique

Publié le 7 novembre 2022 à 10h00 - par

Pour faire face à la flambée des prix de l’énergie, les collectivités peuvent installer des panneaux photovoltaïques sur les lampadaires. L’autoconsommation réduit la facture d’électricité.

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Alors que les prix de l’énergie n’avaient pas entamé leur course vertigineuse, l’Ademe estimait déjà en 2014 que l’éclairage public représentait 41 % de la consommation électrique des communes et 37 % de leur facture d’électricité. Doter les lampadaires de panneaux solaires ou les relier à une installation photovoltaïque représente aujourd’hui un atout pour renforcer la sobriété énergétique des collectivités et pallier la hausse des coûts. Une société comme Fonroche Lighting, leader mondial de l’éclairage public solaire, installée dans le Sud-Ouest, propose ainsi de rénover et transformer les candélabres afin qu’ils utilisent l’énergie solaire.

Après avoir effectué un diagnostic de l’état du parc d’éclairage, avec les équipes techniques de la ville, la société formalise un plan des rénovations nécessaires. Les nouveaux lampadaires s’installent en moins de deux heures et fonctionnent sans abonnement ni facture. Si elle le souhaite, la collectivité peut commander les lampadaires solaires par l’intermédiaire de l’UGAP.

Patrick Sabin, maire d'Escource Patrick Sabin,
Maire d’Escource

« Il faut sortir des prix du marché »

Quatre questions à Patrick Sabin, maire d’Escource (Landes, 755 habitants)

Vous avez équipé la commune de candélabres solaires il y a déjà dix ans. Comment est née cette idée novatrice ?

Après la tempête Klaus qui nous a touchés en 2009, de nombreuses sociétés « exogènes » nous ont démarchés, pour installer du photovoltaïque ou de l’éolien et nous avons alors réalisé que nous étions sur un marché concurrentiel. Cela a été le déclic. En tant que maire mais aussi de vice-président de la communauté de communes Cœur-Haute-Lande*, je suivais l’actualité sur la transition écologique et énergétique. Je savais que le prix de l’électricité en France étant le plus bas d’Europe, allait flamber et qu’il fallait se prémunir. En 2010, nous avons donc commencé à réfléchir pour voir comment être indépendants en énergie.

Quelle est votre philosophie en matière de transition énergétique ?

Nous essayons de sortir des prix de marché et de fonctionner en économie circulaire, avec trois piliers : le vent, le soleil et le stockage. L’énergie des candélabres solaires est stockée dans les batteries la journée et restituée la nuit. Grâce au photovoltaïque, nous assurons aussi, par exemple, le chauffage et l’eau chaude sanitaire d’un complexe sportif après les entraînements, en produisant pendant la journée de l’eau chaude qui est stockée dans de gros ballons. Nous avons également un réseau de chaleur bois qui alimente tous les bâtiments de la communauté de communes. Il utilise des plaquettes provenant d’une forêt qui appartient à la commune ; c’est notre propre énergie, elle n’est pas soumise aux prix de marché.

Comment s’est déterminé votre choix ?

Pour tous nos projets, nous recherchons des sociétés locales, ce qui est le cas de Fonroche. Pour les candélabres solaires, nous avons deux systèmes. Soit un panneau solaire et une batterie par candélabre, soit des candélabres standards, alimentés par une toiture photovoltaïque sur la salle des fêtes par l’intermédiaire d’une batterie de 40 kilowatts. À partir de l’an prochain, nous aurons deux installations photovoltaïques qui couvriront 80 % de nos besoins en électricité – dont 100 % pour l’éclairage et 80 % pour les bâtiments publics. À l’époque où nous avons installé les premiers lampadaires, le temps de retour sur investissement était de plus de vingt ans. Aujourd’hui, il est de l’ordre de cinq ans. Quant aux économies que nous réalisons, il faut savoir qu’en 2008, notre facture d’électricité s’élevait à 50 000 euros. En 2023, nous paierons 25 000 euros, mais si rien n’avait été fait, nous devrions payer 100 000 euros. L’équivalent de 30 % de l’impôt sur les ménages, que nous n’avons jamais augmenté depuis que j’ai été élu en 2008.

Quelles ont été les difficultés particulières du projet ?

Les 331 communes des Landes ont transféré la compétence au syndicat d’énergie départemental, n’ayant pas les compétences en interne pour suivre les projets. Les recettes du syndicat proviennent de la taxe finale sur l’électricité (TFE) : un pourcentage prélevé sur chaque facture. C’est-à-dire que plus la consommation est importante, plus ses recettes augmentent. Or, avec l’autoconsommation, on ne paye plus la TFE. Plus on fait d’économies, moins le syndicat perçoit de recettes… C’est donc compliqué de trouver un modèle économique, un équilibre financier. Il a accepté de travailler sur notre projet qui était novateur, mais il faudra bien entendu trouver des solutions pour lui fournir d’autres recettes.

Propos recueillis par Martine Courgnaud – Del Ry

* 28 communes, 16 000 habitants, 180 000 hectares


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