La chaleur renouvelable ne veut pas être l’oubliée de la transition énergétique

Publié le 5 décembre 2018 à 12h15 - par

Se chauffer sans utiliser d’énergies fossiles est indispensable pour réussir la transition énergétique, et une semaine après l’annonce de la feuille de route énergétique de la France, les acteurs de la chaleur « verte » espèrent ne pas être oubliés par les pouvoirs publics.

La chaleur renouvelable ne veut pas être l'oubliée de la transition énergétique

« La moitié de la consommation d’énergie de ce pays c’est de la chaleur, qui provient aujourd’hui essentiellement d’énergies fossiles importées et qui coûtent cher », a rappelé mardi 4 décembre 2018 Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce, association regroupant collectivités et entreprises, à l’occasion d’un colloque dédié à la chaleur renouvelable.

Le gaz (fossile) fournit ainsi 40 % de la chaleur consommée en France, le pétrole (via le fioul) 16 % et le charbon 5 %. Ces énergies sont très émettrices de gaz à effet de serre, d’où l’enjeu de « verdir » la production de chaleur à la fois pour le chauffage des bâtiments ou les usages liés à l’industrie.

Actuellement, les renouvelables (biomasse, pompes à chaleur, géothermie, biogaz, solaire thermique) fournissent près de 19 % de la consommation de chaleur, et la feuille de route énergétique dévoilée la semaine dernière par le Gouvernement prévoit d’atteindre 38 % d’ici 2028. Une ambition qui suppose un rythme de développement « 1,5 fois plus soutenu que celui constaté entre 2010 et 2016 », précise le ministère de la Transition écologique et solidaire.

Actuellement la croissance « est largement insuffisante » pour atteindre cet objectif, pointe toutefois Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des énergies renouvelables, notant par exemple la baisse du nombre de ménages en logements individuels chauffés au bois, « un signal assez alarmant ».

Dans les logements collectifs et le tertiaire, le faible prix des combustibles fossiles ces dernières années a aussi plombé les installations de chaudières biomasse ou d’autres équipements. « Les bureaux d’étude ne proposent que le gaz pour remplacer le fioul », assure Claude Pouey, de l’Association des responsables de copropriétés, qui note aussi le manque de connaissance sur la chaleur verte des propriétaires ou des syndicats de copropriété.

Les professionnels demandent ainsi au gouvernement la création d’un groupe de travail spécifique pour lever les freins actuels (réglementaires, mobilisation de la ressource en bois, etc.), à l’image de ce qui a été fait pour l’éolien, solaire ou la méthanisation. « Il y a des petits sujets partout », comme l’acceptabilité de certains projets de chaufferies à bois, de formation pour la maintenance des équipements, ajoute également Arnaud Leroy, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), pilier de l’État dans le soutien à la chaleur verte, via la gestion du fonds chaleur.

Fonds chaleur

Le gouvernement a déjà annoncé une nette augmentation d’environ 100 millions d’euros de ce fonds l’an prochain, à quelques 300 millions d’euros. Il permet de financer la construction de réseaux de chaleur dans les villes, de chaufferie biomasse ou de système de récupération de la chaleur émise sur les sites industriels.

Les acteurs du secteur plaident eux depuis plusieurs années pour au minimum un doublement rapide de ce fonds pour le porter à 400 millions et pour une refonte des aides versées pour augmenter l’intérêt de ces projets aux yeux des collectivités et des entreprises. Les ménages peuvent eux bénéficier du crédit d’impôt transition énergétique (CITE), ou de primes spéciales pour s’équiper de chauffages alimentés par des énergies vertes. Et le gouvernement prévoit de renforcer ces aides, dans le but d’en finir avec les chaudières au fioul.

Le SER se félicite notamment de l’extension du CITE aux coûts de main d’oeuvre et plus seulement au coût des équipements installés. En plein mouvement des « gilets jaunes » pour la défense du pouvoir d’achat, les acteurs du secteur insistent sur le fait que les énergies renouvelables utilisées pour produire de la chaleur sont faiblement taxées et permettent aux ménages de maîtriser leur facture énergétique sans dépendre des évolutions des cours du pétrole et du gaz.

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