Jean-Luc Durnez : « Le Syneas veut s’imposer comme un acteur majeur du dialogue social »

Publié le 4 février 2010 à 0h00 - par

Le Snaséa et le SOP ont fusionné le 1er janvier 2010 pour donner naissance à un nouveau syndicat d’employeurs : le Syneas. Ce nouveau venu a adopté la signature suivante : « Une synergie d’employeurs associatifs au service de l’action sociale et santé ». Le Syneas a tenu son premier conseil d’administration le 13 janvier. À cette occasion, Weka a rencontré son directeur général, Jean-Luc Durnez.

Jean-Luc Durnez : « Le Syneas veut s'imposer comme un acteur majeur du dialogue social »

Lettre de l’Action sociale : Quelles raisons ont motivé la création du Syneas ?

Jean-Luc Durnez : Notre secteur souffre d’offrir des représentations bien trop dispersées, notamment face aux financeurs et aux pouvoirs publics. Notre premier objectif est donc de combattre cette dispersion afin de bâtir une force plus importante. Le Syneas doit devenir un grand syndicat, national et régional, pour s’imposer comme un acteur majeur du dialogue social.
Depuis deux ans, nous avions – Snaséa et SOP – noué un partenariat étroit dans le cadre des négociations devant conduire à la rénovation de la convention collective nationale de travail des établissements et services pour personnes inadaptées et handicapées du 15 mars 1966 (CC 66). La naissance du Syneas est l’aboutissement de cette démarche commune. Cette création repose sur les fondamentaux et les valeurs que partageaient le SOP et le Snaséa avant la fusion, qui a été plébiscitée par leurs adhérents respectifs. Nous réalisons véritablement une addition des forces.

LAS : Justement, quelle force représente désormais le Syneas ?

Jean-Luc Durnez : Aujourd’hui, le Syneas représente quelque 5 000 associations et établissements employeurs de 230 000 salariés, dont la majorité travaille dans le champ de la CC 66. Le Snaséa et le SOP possédaient des atouts différents et complémentaires, désormais réunis au sein du Syneas. Le Snaséa avait développé une réelle présence politique et disposait d’un embryon de délégations régionales. Le SOP, quant à lui, s’était plutôt spécialisé dans l’expertise d’accompagnement des dirigeants, en offrant du conseil, de la formation, des services juridiques… Nous avons réalisé la somme des deux !

LAS : Quelle est la spécificité du Syneas ?

Jean-Luc Durnez : Le Syneas est un syndicat d’employeurs. Ses membres sont donc, par définition, des employeurs. Les problématiques d’employeur, au sens large, définissent son champ d’action. Ainsi, le Syneas est engagé dans tous les domaines relevant des conventions collectives de son champ d’intervention, à savoir : la politique salariale, la formation et la professionnalisation, la prévoyance, la mutuelle-santé, l’emploi des travailleurs handicapés… Pour mémoire, en termes de champs conventionnels, le Syneas s’adresse aux associations relevant de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale à but non lucratif (BASS) et de celle des foyers et services pour jeunes travailleurs. Notre syndicat est, également, signataire de la CC 66 et des accords CHRS.

Au-delà, le Syneas représente des employeurs associatifs. Cela crée une forte singularité. En effet, « les intérêts à défendre » se confondent avec l’intérêt général que l’objet social et le projet associatif des associations adhérentes ont pour finalité de servir. Par ailleurs, cette singularité constitue une alternative aux organisations des secteurs marchand ou public œuvrant dans les mêmes secteurs que ceux des associations. Toutefois, cette spécificité peut contribuer à brouiller l’image de la fonction d’employeur des dirigeants associatifs. C’est pourquoi le Syneas a pour ambition de promouvoir et de valoriser le statut d’employeur associatif.

LAS : Quels sont les grands chantiers du Syneas pour l’année 2010 ?

Jean-Luc Durnez : Je le répète, nous voulons faire du Syneas un acteur majeur du dialogue social. Parmi nos chantiers prioritaires de 2010, nous souhaitons consolider la branche sanitaire, sociale et médico-sociale à but non lucratif. Le Syneas milite pour des branches professionnelles fortes. Au sein des instances paritaires de la BASS, le syndicat veut donc ajouter la force d’une organisation en capacité de négocier des accords collectifs de branche – et, bien sûr, de les signer avec les syndicats de salariés -, mais aussi de développer des observatoires d’intérêt stratégique, voire d’intervenir en termes de lobbying. À ce  titre, nous espérons bien aboutir, enfin, sur le dossier de la rénovation de la CC 66. En la matière, nous explorerons toutes les voies possibles du dialogue social. L’enjeu est capital. Il en va de la survie du secteur associatif par rapport au secteur privé, régi par d’autres conventions collectives.

Nous allons développer nos actions de services et d’accompagnement des dirigeants associatifs, notamment via l’Institut des dirigeants et acteurs de l’économie sociale (IDAES), une filiale du SOP devenue filiale du Syneas. Nous avons, en particulier, la volonté d’aider les nouveaux directeurs. Le Syneas dispose d’une réelle expertise concernant les préoccupations des dirigeants. À ce jour, une dizaine de juristes réalisent quelque 150 consultations quotidiennes !

Enfin, dès cette année, nous souhaitons installer les délégations régionales du syndicat. Cette présence, organisée en région, nous permettra d’engager des actions de lobbying auprès des financeurs. Ces délégations régionales ont également vocation à devenir les interlocuteurs des agences régionales de santé (ARS).

LAS : Quels sont les axes de développement du Syneas à moyen terme ?

Jean-Luc Durnez : Dans le cadre de l’action syndicale, nous devons nous mobiliser pour défendre la spécificité de notre secteur. Nos adhérents ne sont pas des prestataires de services, mais des inventeurs et des entrepreneurs de services, dans une optique non lucrative. En ce sens, le Syneas défend, sans hégémonie, l’économie sociale, et non l’économie libérale. Pour cela, le syndicat doit s’appuyer sur des militants engagés et actifs portés par des valeurs d’humanité et de solidarité.

Parallèlement, le Syneas doit s’organiser pour être plus réactif et s’impliquer davantage dans les négociations avec les pouvoirs publics. Nous devons être en capacité d’intervenir en amont, dès la rédaction des projets de loi, et pas seulement après coup, sur le terrain du contentieux.

 L’organisation du Syneas

La co-présidence du Syneas est exercée par les deux ex-présidents du SOP et du Snaséa. Sa présidence exécutive est assurée, en 2010, par Michel Ridou (Snaséa). En 2011, elle reviendra à Gilles Ducrot (SOP).
Le directeur général du Syneas est Jean-Luc Durnez.
Le directeur général adjoint du Syneas est Stéphane Racz.
La mise en œuvre des délégations régionales est confiée à Didier Tronche (ex-directeur général du Snaséa), rattaché au président et délégué auprès du directeur général du Syneas.

Le Syneas propose 6 services à ses adhérents :

  • vie syndicale ;
  • informations et consultations juridiques ;
  • relations sociales ;
  • études et prospectives ;
  • communication et publications ;
  • services administratifs et financiers.

Jusqu’au 30 juin 2010, les équipes du Syneas sont réparties sur les deux sites du Snaséa et du SOP. À compter du 1er juillet 2010, elles seront réunies à l’adresse suivante :
3, rue au Maire
75003 Paris
Site internet : www.syneas.fr

 

Jean-Luc Durnez, directeur général du Syneas

Directeur général du Syneas depuis le 1er janvier 2010, Jean-Luc Durnez était, jusqu’à cette date, le directeur général du SOP.

Diplômé de l’IAE de Paris, Jean-Luc Durnez a été, successivement, responsable formation, consultant en recrutement de cadres dirigeants et directeur des ressources humaines, avant de prendre la direction de l’OPCIB, l’organisme de financement de la formation professionnelle (OPCA) de la branche Prévention Sécurité.


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