« C’est orange ! » : pour penser à aérer contre le Covid, des capteurs de CO2 dans les cantines scolaires

Publié le 4 mai 2021 à 8h13 - par

« C’est orange ! » : dans une cantine scolaire amiénoise, les enfants se familiarisent avec les indicateurs de CO2, un investissement communal voulu pour inciter à plus aérer, la meilleure des solutions pour éviter la contamination du coronavirus par aérosols.

"C'est orange !" : pour penser à aérer contre le Covid, des capteurs de CO2 dans les cantines scolaires

Attablés par six et par classe, les élèves de l’école élémentaire Elbeuf écoutent attentivement l’animatrice venue expliquer le fonctionnement et l’intérêt de ce tableau numérique, accroché en haut du mur principal.
 
Large de 40 cm sur 30 cm, ce rectangle noir affiche trois niveaux gradués – vert, orange et rouge – avec des émoticônes. 
 

« Si vite »

« Quand c’est orange il faut ouvrir une fenêtre, quand c’est rouge il faut ouvrir la moitié des fenêtres. Aérer ça sert pour enlever les poussières, pour que les microbes ça parte et qu’on mange en tranquillité », restitue Yasmine, en CE2, sous le regard amusé de ses camarades.
 
Après moins de dix minutes de repas, et malgré l’ouverture d’une des portes donnant sur l’extérieur, le niveau de dioxyde de carbone augmente, dans ce réfectoire réunissant environ 25 enfants de primaire. Une barre orange apparaît, suscitant l’attention des enfants. Une adulte vient entrouvrir l’une des fenêtres.
 
« C’est utile. Je n’imaginais pas que le taux de CO2 montait si vite », reconnaît Jacqueline Nayet, responsable de la cantine, qui a vu sur le capteur l’effet positif rapide d’un courant d’air.
 
« Avant on aérait surtout entre les deux services, quinze minutes. Maintenant, on sait quand il faut aérer précisément, on aère directement », salue Nora Makour, coordinatrice de l’animation, qui dit aussi « avoir plus confiance » grâce à cet appareil.
 
La mairie d’Amiens en a acheté 53 pour toutes ses cantines du primaire, soit 10 000 euros TTC, installés progressivement depuis la rentrée des vacances de Pâques.
 

Trouver le budget

« On a pensé aux classes au début, mais avec 81 écoles, soit 400 classes, ce n’était pas possible point de vue budget, donc finalement on a choisi les cantines, où les risques de contamination sont aussi importants », explique Bruno Bienaimé, adjoint à la Santé.
 
Les cantines n’ont pas toutes des fenêtres qui s’ouvrent, mais ont au moins deux portes de secours donnant sur l’extérieur, affirme la ville.
 
Pour Hélène Bouchez, adjointe à l’Éducation, « cela permet d’éduquer les enfants », dans « l’espoir » qu’ils demandent à aérer en classe et que, rentrés chez eux, « ils le disent à leur parents ».
 
L’idée remonte à décembre 2020. Maxime Gignon, chef du pôle prévention et épidémiologie au CHU et professeur de santé publique à l’université d’Amiens, propose cette solution au conseil scientifique local, composé de médecins et d’élus municipaux. 
 
« Ce coronavirus, on sait maintenant qu’il se diffuse par aérosolisation. On expulse des aérosols dès qu’on respire, parle, encore plus si l’on crie, on chante », réexplique le Pr Gignon. « Ils restent en suspension dans une pièce. Si quelqu’un passe cinq minutes derrière moi, il va être dans ce nuage de petites particules et être contaminé éventuellement. »
 
Le capteur est donc « un indicateur indirect ». « Si les gens expirent du CO2, ils expirent éventuellement aussi du virus. L’air devient saturé en CO2 et c’est important d’aérer pour réduire la densité potentielle de virus présent », poursuit-il, rappelant que les études sur ce principal mode de transmission du Covid-19 existent « depuis l’été 2020 ».
 
Ce matériel, réclamé par les syndicats d’enseignants, est à la charge des collectivités locales. Au rectorat d’Amiens, on explique les « accompagner dans leur réflexion », sans leur « demander » d’investir, ni les aider financièrement.
 
« Aérer c’est quelque chose sur quoi on a peu communiqué, les premiers messages institutionnels datent de Noël 2021, c’est un message sur lequel on a encore besoin d’insister », estime le Dr Gignon. Avec néanmoins une principale inconnue : si l’épidémie continue, l’habitude d’aérer résistera-t-elle au retour de l’hiver ?

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