Trois mois après les émeutes, les maires réclament en urgence « un cap » pour la politique de la ville

Publié le 22 septembre 2023 à 16h30 - par

En première ligne lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel il y a trois mois, les maires des grandes villes et métropoles attendent toujours un cap ambitieux pour l’avenir de la politique de la ville, ainsi que plus d’équité territoriale.

Trois mois après les émeutes, les maires réclament en urgence "un cap" pour la politique de la ville
© Image par Hubert de Thé de Pixabay

Si les émeutes n’ont pas seulement touché les quartiers prioritaires (dits QPV), de grandes villes, mais aussi les villes moyennes ou les quartiers peu défavorisés, les centres-villes et quartiers pauvres des grandes agglomérations se sont aussi largement embrasés.

Trois mois plus tard, leurs élus, rassemblés dans l’association France urbaine, réunie en congrès à Angers, appellent à ce que les prochains contrats de ville, qui encadrent la politique de la ville jusqu’en 2030, « ne changent pas de manière révolutionnaire » et soient ambitieux.

« Le pire serait de considérer que le fait d’abonder ces contrats pour faciliter des actions dans les quartiers populaires ne sert à rien, et qu’il vaudrait mieux renforcer la répression plutôt que tout ce travail de prévention et d’accompagnement », souligne Francis Guiteau, adjoint à la rénovation urbaine à Angers.

Car pour l’élu angevin, il ne faut « pas confondre les émeutes et la réalité de la vie des quartiers populaires, avec des acteurs qui se mobilisent depuis des années pour que les gens retrouvent de l’espoir ».

Il y a dix jours, la secrétaire d’État à la Ville Sabrina Agresti-Roubache a annoncé une hausse de 40 millions d’euros du budget de son ministère pour 2024, à 640 millions d’euros.

Un signal positif qui reste une goutte d’eau pour les maires. « On dit souvent qu’il y a beaucoup d’argent mis dans la politique de la ville mais la vérité c’est que c’est 1 % du budget de l’État », rappelle Johanna Rolland, maire PS de Nantes et présidente de France urbaine, pour qui « la question de l’ambition est majeure ».

De premières annonces devraient tomber le 9 octobre, à l’occasion d’un Comité interministériel des villes présidé par Élisabeth Borne.

La Première ministre avait plaidé début septembre pour une réponse « globale » incluant à la fois des questions de sécurité et « de respect de l’autorité, d’intégration, d’éducation, de lutte contre la précarité et de mixité sociale ».

« Du droit commun »

« Il faut assumer une politique de sécurité pour tous les citoyens », reconnaît également Johanna Rolland, qui demande par ailleurs un plan « national et européen » pour lutter contre le trafic de drogue. Mais la maire de Nantes ne cautionne pas la tutelle du ministère de l’Intérieur sur le secrétariat d’État à la Ville. « L’ordre sans la justice, ça ne fonctionne pas », répète-t-elle.

Parmi les sujets de consensus, les élus des grandes villes réclament qu’un travail soit fait sur le lien entre police et population.

« Il faut repositionner la doctrine policière. Nous avons aujourd’hui une police d’intervention et non plus une police du lien. Il faut recréer du lien avec les jeunes, les commerçants, les habitants », souligne Michel Bisson (PS), président de l’agglomération Grand Paris Sud.

Les maires souhaitent aussi lutter contre les poches de pauvreté dans les quartiers qui ne sont pas classés comme prioritaires (QPV). « Si on veut taper juste, il faut que l’on puisse poser notre travail sur une analyse des besoins sociaux, économiques, environnementaux », estime le maire centriste d’Arras Frédéric Leturque.

Comme beaucoup, l’élu nordiste entend continuer à travailler à la fois « sur le dur, refaire les murs, les toits, rénover », et sur « le soft, c’est-à-dire s’occuper des familles, accompagner les enfants pour refaire de l’humain ».

À ce sujet, le maire EELV de Grenoble Éric Piolle souhaite que 10 % du budget de l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru), instrument-clé de la politique de la ville, soit consacré au développement social des quartiers.

L’égalité d’accès aux services publics revient aussi souvent dans les revendications.

« La politique de la ville est venue non pas compléter, non pas enrichir, mais remplacer tout ce qui relève du droit commun, que ce soit l’éducation, la culture, l’action sociale dans les quartiers, tout ça ce n’est pas de la politique de la ville, c’est du droit commun », rappelle le maire EELV de Lyon Grégory Doucet.

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