Accès à l’emploi : les discriminations liées aux origines sont fréquentes

Publié le 22 septembre 2016 à 13h19 - par

Le Défenseur des droits vient de présenter les résultats de son appel à témoignages sur les discriminations liées à l’origine dans l’accès à l’emploi.

Accès à l’emploi : les discriminations liées aux origines sont fréquentes

Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a rendu public, le 19 septembre, les résultats de l’appel à témoignages lancé au printemps 2016 sur les discriminations liées à l’origine dans l’accès à l’emploi. 758 personnes y ont répondu.

L’étude présentée porte sur la perception des discriminations à l’embauche par des personnes dont les caractéristiques peuvent signaler une origine étrangère. De façon complémentaire aux travaux menés par l’institution sur les discriminations dans le monde du travail, les témoignages rapportés permettent de « mieux comprendre la réalité de ce que subissent certaines populations en France aujourd’hui et les conséquences de ces discriminations sur leur vie professionnelle, sociale et personnelle ».

« Loin d’être un phénomène isolé », les discriminations liées à l’origine lors de recherche de stage ou d’emploi se produisent « souvent » ou « très souvent » pour la majorité des personnes ayant témoigné (plus de 60 % au cours des cinq dernières années !), rapporte le Défenseur des droits. Les situations décrites rendent compte des multiples discriminations auxquelles sont confrontées les personnes pouvant signaler une origine étrangère – nom, couleur de peau, religion – et qui, bien souvent, se cumulent.

Ainsi, un tiers des répondants considèrent avoir été discriminés sur au moins trois motifs liés à leur origine. Le Défenseur des droits constate que « les personnes qui disent être vues comme arabes témoignent notamment des préjugés attachés à leur supposée religion musulmane, tandis que celles vues comme noires se déclarent plus souvent discriminées du fait de leur couleur de peau ».

Face à ces différences de traitement, les voies de recours aux droits peinent encore à être mobilisées, note Jacques Toubon. De fait, moins d’un répondant sur dix a engagé des démarches pour faire reconnaître ses droits. « Les conséquences de ces discriminations sur les trajectoires professionnelles sont importantes et témoignent du désarroi engendré par des années de recherches vaines pour participer au marché du travail d’un pays qui est pourtant le leur (80 % des répondants sont de nationalité française) », déplore le Défenseur des droits.

« Fatalisme, renoncement, déclassement social, projet d’expatriation… Autant de réactions qui illustrent les impasses que le système actuel produit et qui rappellent l’urgence à mener des politiques publiques fortes pour lutter contre ces discriminations », conclut Jacques Toubon.

 
Source : Résultat de l’appel à témoignages, Accès à l’emploi et discriminations liées aux origines, Défenseur des droits, septembre 2016