Pour les chômeurs, l’immersion comme possibilité d’un nouveau départ

Publié le 2 février 2024 à 8h00 - par

Un bleu de travail pour un nouveau départ : chaque année, des demandeurs d’emploi font une brève immersion professionnelle, un dispositif que France Travail (ex-Pôle emploi) compte « amplifier » et qui a bénéficié l’an dernier à quelque 220 000 chômeurs.

Pour les chômeurs, l'immersion comme possibilité d'un nouveau départ
© Par Lozz - stock.adobe.com

Au chômage depuis plus d’un an, Julien Audet, 42 ans, fait partie de ceux qui ont tenté l’aventure dont il salue le côté « concret ». En une froide journée de janvier, il est dans sa deuxième semaine d’immersion au sein de l’association Apij, sur le chantier de rénovation d’une friche industrielle à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) qui fait notamment de l’isolation thermique en botte de paille.

Dans sa tenue de chantier maculée de quelques taches d’enduit, ce barbu dynamique explique à l’AFP avoir décidé de se reconvertir dans l’écoconstruction après dix ans dans la promotion immobilière. Il a pu bénéficier du dispositif créé par la loi de 2014 sur la formation professionnelle, qui permet aux entreprises d’accueillir, pour une journée à un mois maximum, une personne en recherche d’emploi.

Selon France Travail, un tiers des demandeurs d’emploi choisit cette immersion pour découvrir un métier ou un secteur, un deuxième tiers avec un objectif de recrutement et un dernier tiers pour confirmer un projet professionnel. En une dizaine d’années, cette sorte de stage non rémunéré a bénéficié à plus de 1,37 million de personnes, indique-t-on de même source. Un chiffre à mettre en regard du nombre de demandeurs d’emploi (5,4 millions en incluant l’activité réduite).

Devenu jeune papa, Julien Audet s’est dit qu’il fallait « mieux construire et moins polluer ». Il a parlé à sa conseillère de ce chantier d’Apij dont il avait entendu parler. Il s’est ensuite inscrit sur la plateforme dédiée puis a signé une convention.

« Pas en touriste »

« C’est comme ça que j’ai pu venir ici, d’une façon très encadrée d’un point de vue légal, pas en tant que touriste », explique-t-il. L’immersion se fait dans un cadre juridique sécurisé (maintien des droits au chômage, couverture sociale en cas d’accident de travail). Par rapport à une formation, Julien Audet apprécie d’être « en situation réelle ». Il y voit aussi « l’occasion de se créer un réseau ». « Le fait que ce soit court a un vrai intérêt » : c’est « très concentré », dit-il.

« L’école du faire, c’est la meilleure », vante à ses côtés Rémy Beauvisage, responsable de l’association dont la philosophie a toujours été de former des gens éloignés de l’emploi « dans des métiers qui ont du sens ». Tout en soulignant que d’autres demandeurs d’emploi que Julien n’ont « pas forcément un grand savoir-faire », il juge que l’immersion « marche, dans la mesure où il y a un échange ».

Le dispositif a « fait ses preuves », avance France Travail : « douze mois après la fin de l’immersion, le taux d’accès à l’emploi des bénéficiaires est de 72 % contre 55 % pour la population témoin non bénéficiaire ».

Pour la suite, Julien Audet a des droits à l’assurance chômage qui « ne sont pas éternels » et « quelques économies ». « Il va falloir que je trouve une activité qui me permette de me payer assez rapidement », mais déjà, dit-il, « je retrouve du sens dans ce que je fais ».

Pour l’avenir, il se voit bien « profiter de tout le bagage » qu’il a acquis « avec l’idée de rénover de façon écologique ». « Si je suis maître d’ouvrage comme un marchand de biens », cela permettrait d’avoir « ce souffle » écologique et de « faire vivre un écosystème » qui a « du mal à décoller ». Et de lancer dans un sourire qu’il veut « faire partie de l’aventure du développement de la paille partout ».

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