Semaine de 4 jours : de plus en plus testée, mais ne peut être « une solution uniforme »

Publié le 26 octobre 2022 à 7h08 - par

La semaine de quatre jours est de plus en plus « expérimentée » mais elle prend des formes diverses et ne peut être la « solution uniforme » à la revendication d’une meilleure organisation du temps de travail, estime Andrea Garnero, spécialiste du marché du travail à l’OCDE.

Semaine de 4 jours : de plus en plus testée, mais ne peut être "une solution uniforme"

Constatez-vous un mouvement en faveur de la semaine des quatre jours ?

Ce sujet, et plus globalement le temps de travail, a été d’actualité à la fin des années 90-2000 dans plusieurs pays européens mais il avait un peu disparu.

Son retour a commencé un peu avant la crise Covid et s’est accéléré. Des idées ont été lancées en Australie, en Nouvelle Zélande, au Royaume-Uni, en Finlande, au Japon, en Espagne… Cela va bien au delà de l’Europe. Pour l’instant toutefois, il n’y a pas une adhésion massive des entreprises, plutôt des expérimentations.

Il est intéressant de noter que ça vient de plusieurs directions, pas que de la politique et des mouvements syndicaux comme auparavant. Des entreprises pensent que ça peut avoir un effet sur la productivité.

Au Japon, Microsoft était pilote, Unilever en Nouvelle-Zélande, plutôt des grosses boites. On en parle pas seulement en Europe continentale, mais aussi dans des pays dits libéraux auxquels on ne pensait pas forcément.

Avec la semaine des quatre jours, de quoi parle-t-on exactement ?

Cela prend des formes très variées selon les pays et les secteurs : une réduction du temps de travail, avec ou sans perte de salaire, ou des journées plus longues pour avoir un jour de travail en moins.

En Belgique par exemple, le Gouvernement vient d’adopter la semaine de quatre jours en allongeant les journées de 8 heures à 9 heures 30. Les syndicats sont mécontents car ce n’est pas leur idée des quatre jours, ça coupe l’herbe sous le pied d’une réduction du temps de travail.

Quatre jours, ça peut ne pas convenir à certaines personnes s’il faut travailler une heure de plus. La réflexion sur le temps de travail est opportune, mais ça ne veut pas dire que la meilleure manière est de légiférer sur quatre jours.

Il ne faut pas non plus oublier que beaucoup de gens ont au contraire besoin de travailler plus longtemps. Il y a beaucoup de temps partiel subi en Europe, pas mal de gens voudraient déjà pouvoir travailler quatre jours.

C’est plutôt une nouvelle organisation, pas forcément une réduction du temps de travail ?

Le Covid a mis en question la façon dont on mesure le temps de travail avec le développement du télétravail, l’équilibre privé-professionnel. Et, maintenant il y aussi les économies d’énergie.

L’organisation de la semaine optimale n’est écrite nulle part. On peut penser à diverses organisations du travail, mais l’important est de procéder au cas par cas en respectant les spécificités des secteurs et des entreprises, en passant par la négociation collective plutôt que  par la loi.

En Allemagne, dans la métallurgie et la chimie, avant le Covid, ils ont signé des accords « sur la flexibilité choisie » où le salarié peut demander à travailler plus ou moins en fonction de ses préférences qui peuvent évoluer au cours de sa vie.

Il n’y a pas la solution uniforme qui convienne à tout le monde. Je trouve cette idée allemande de « flexibilité choisie » intéressante parce que c’est plus un droit individuel.

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