Cette conférence, voulue par le Premier ministre après l’annonce de la suspension de la réforme des retraites de 2023, « est un lieu de débat et pas de négociation », a expliqué lundi 3 novembre 2025 le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou à des journalistes.
Il l’a présentée comme « une démarche de dialogue social qu’on souhaite mettre à côté du débat politique », lequel prendra le relais une fois que la conférence sera close à l’été 2026, « pas très loin du début de la campagne pour l’élection présidentielle ».
« Les écuries présidentielles, si elles le souhaitent, auront un matériau sur un sujet central pour le pays dont elles pourront s’emparer », selon M. Farandou qui veut davantage que par le passé lier les sujets travail et retraites.
« Qu’est-ce qui s’est passé tout au long de leur carrière qui fait qu’on arrive à un état d’esprit des salariés qui, visiblement, ne souhaitent pas travailler davantage ? », s’interroge le ministre alors que le relèvement programmé de l’âge de départ à 64 ans reste très impopulaire.
Sept organisations syndicales et six patronales se sont réunies au ministère du Travail où M. Farandou et le ministre de la Fonction publique leur ont proposé une méthode et un calendrier.
Les débats se dérouleront au Conseil économique, social et environnemental (Cese) en présence des partenaires sociaux et d’experts, avec une première session plénière en décembre suivie d’ateliers qui se tiendront tous les mois ou mois et demi. Les retraites du privé et celles du public seront abordées séparément.
« Je tenais à ce que la fonction publique, avec ses spécificités évidemment, ne soit pas oubliée et soit pleinement intégrée à ce dialogue social » (ce qui n’avait pas été le cas lors du conclave), a souligné mardi 4 novembre le ministre délégué à la Fonction publique, David Amiel, rappelant que « les injustices des retraites des femmes se posent également dans le secteur public ».
Le travail, « clef d’entrée »
La CFDT, qui avait négocié jusqu’au bout du conclave au mois de juin 2025, mais n’était pas parvenue à un accord avec le Medef sur la question de la pénibilité, veut « remettre le travail en clef d’entrée de tous les sujets à traiter », a expliqué lundi à l’AFP son numéro deux Yvan Ricordeau.
Deuxième objectif du premier syndicat : « Avoir une délibération qui donne à voir les choix d’avenir pour les retraites » à travers « une sorte de rapport listant des hypothèses » pour une réforme du système.
Absente mardi, la CGT a de son côté prévenu qu’elle refusera de « tenir les chandelles entre celles et eux qui veulent un système à points (prôné par la CFDT) et ceux qui veulent la capitalisation », notamment au sein des organisations patronales, a prévenu sa cheffe de file Sophie Binet.
« Je ferme la porte sur la retraite à points », a également déclaré lundi sur Boursorama le secrétaire général de FO Frédéric Souillot, dont l’organisation sera représentée par sa numéro deux Patricia Drevon.
Côté patronal, seule l’U2P, qui représente les TPE, a envoyé son président Michel Picon.
« Le Medef a signifié qu’il ne participerait pas » à cette nouvelle conférence, a fait savoir la première organisation patronale à l’AFP, précisant que « c’est une décision unanime de ses instances ».
« Il y a un agenda social autonome qui a été défini par les partenaires sociaux » et « dans ce cadre, on souhaite traiter de sujets comme le financement de la protection sociale ou du modèle productif », a poursuivi l’organisation, estimant que cet agenda « n’est pas indexé sur des échéances politiques ».
En outre, « le débat budgétaire qui conduit à augmenter très fortement les prélèvements sur les entreprises n’est pas de nature à installer la confiance », juge l’organisation, qui a lancé mardi « un simulateur » pour « calculer son salaire et comparer le coût du travail en Europe ».
La CPME a elle aussi dépêché son négociateur, Éric Chevée, a indiqué à l’AFP son président Amir Reza-Tofighi, lui aussi absent pour « un problème d’agenda », tout en affirmant que son organisation était « très volontaire pour participer aux travaux ».
« Dans le sujet des retraites, on n’a peut-être pas assez discuté sur l’accompagnement des seniors dans leur fin de carrière », a-t-il reconnu. Mais pour M. Reza-Tofighi, « tout ce qui est âge, trimestre, etc. est désormais un sujet d’élection présidentielle, pas de cette conférence ».
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