La publication au Journal officiel du 31 janvier 2024 des décrets d’application de la réforme du statut des ingénieurs et des ingénieurs en chefs hospitaliers « constitue, pour ces corps de professionnels de haut niveau, une avancée historique, acquise après des années de stagnation et de décalage avec leurs homologues des autres fonctions publiques », a salué, le 15 février 2024, le SMPS, le syndicat des managers de santé (directeurs, responsables médicaux, cadres et ingénieurs hospitaliers) affilié à l’UNSA. L’harmonisation de leurs statuts avec les corps comparables des deux autres versants de la fonction publique est « enfin une réalité, tant sur le plan statutaire qu’indiciaire, et nous l’espérons dès que possible sur l’indispensable plan indemnitaire », précisent Jérôme Goeminne et Jean-Marc Novak, respectivement président et vice-président de la catégorie ingénieurs et cadres techniques du SMPS.

Cependant, si cet alignement indiciaire entre les versants était indispensable, il ne résout pas le manque d’attractivité des grilles indiciaires des ingénieurs hospitaliers, problème commun aux trois versants de la fonction publique, déplore le SMPS. En outre, le syndicat juge « trop restrictif » l’accès aux nouveaux grades à accès fonctionnels et aux échelons contingentés.

Surtout, le décret concernant le corps des ingénieurs en chef hospitaliers et l’emploi d’ingénieur général comporte une nouvelle disposition imposant une mobilité géographique que récuse vivement le SMPS. Jérôme Goeminne et Jean-Marc Novak viennent d’adresser un courrier en ce sens au ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, et au nouveau ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux. Cette condition de mobilité est, a priori, une transposition d’une disposition comparable à d’autres corps A+, comme les ingénieurs en chef de la fonction publique territoriale ou les directeurs d’hôpital, rapporte le syndicat. « Toutefois il est légitime de considérer que le corps des ingénieurs en chefs hospitaliers dispose de certaines spécificités liées à l’exercice en établissement de santé et à leurs compétences, amenant à envisager une adaptation des règles par rapport aux réalités du terrain », estime le SMPS.

Aujourd’hui, le corps des ingénieurs hospitaliers est, en effet, constitué de près de 70 % de contractuels, principalement en raison de problématiques d’attractivité. La contrainte de cette nouvelle disposition statutaire ne s’impose de fait qu’à ceux qui ont fait le choix d’intégrer la fonction publique, soit aux seuls 30 % de titulaires, note le syndicat. Cette mobilité, « si elle peut être souhaitée et encouragée pour enrichir des compétences managériales, ne peut être adaptée à des compétences d’expertise sur de nombreuses spécialités en tension », ajoute-t-il.

« Les tensions RH que rencontrent actuellement de plus en plus les établissements sanitaires sur certaines spécialités, dont le numérique, seront mécaniquement aggravées par une disposition obligeant à une mobilité, avec l’impossibilité de fidéliser ou d’attirer ces compétences rares. Dans cette hypothèse, cette mobilité imposée sera directement pénalisante pour les établissements de santé et les mettra en grande difficulté. Nous sommes convaincus que cette condition de mobilité peut s’avérer totalement contre-productive en privant les établissements d’une expertise difficilement remplaçable », écrivent le président et le vice-président du SMPS dans leur courrier aux deux ministres. Pour toutes ces raisons, Jérôme Goeminne et Jean-Marc Novak leur demandent de supprimer cette condition de mobilité géographique pour les ingénieurs en chefs hospitaliers.