Concours, manque de notoriété : pourquoi la fonction publique peine à séduire les jeunes ?

Publié le 31 mai 2024 à 9h10 - par

Elle représente 20 % de l’emploi en France, mais seulement 11 % des jeunes diplômés choisissent d’y travailler : la fonction publique peine à attirer des jeunes, une difficulté qui s’inscrit dans la crise d’attractivité plus générale du secteur.

Concours, manque de notoriété : pourquoi la fonction publique peine à séduire les jeunes ?
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« Il y a beaucoup de freins auxquels sont confrontés les jeunes quand ils envisagent une carrière dans la fonction publique : manque d’expérience professionnelle, complexité de nos processus de recrutement, préjugés », a reconnu début mai le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques Stanislas Guerini lors d’un colloque au Sénat.

Ces difficultés se traduisent dans les chiffres : selon une étude de l’administration parue en février 2023, seuls 11 % d’une cohorte de 764 000 jeunes diplômés en 2017 exerçait dans la fonction publique trois ans plus tard.

Souvent mise en avant par les syndicats, la faiblesse supposée des salaires des fonctionnaires n’explique pas tout.

« Faut-il augmenter les rémunérations ? Évidemment que oui », affirmait début mai le coprésident de l’association La Cordée Damien Zaversnik, qui milite pour plus de diversité dans la fonction publique. « Est-ce que ça suffira ? Évidemment que non », nuançait-il aussitôt.

Pour Isabelle Braun-Lemaire, patronne de la Diese (la DRH des hauts fonctionnaires), les attentes des jeunes sont « différentes » de celles des générations précédentes. « Ils veulent du sens, de la flexibilité, ils ont l’image d’une administration assez poussiéreuse ».

Les métiers de la fonction publique sont trop rarement présentés aux jeunes durant leur cursus scolaire ou académique, regrette en outre Malak El Ghazzali, étudiante en droit à Strasbourg.

« Je viens de Sélestat, à 50 kilomètres de Strasbourg. Au collège, au lycée, je n’ai jamais eu l’opportunité qu’on me parle de fonction publique », a raconté la jeune fille de 19 ans lors du colloque au Sénat.

« Comment vous vous adressez aux élèves de petites villes défavorisées ? », a-t-elle interpellé l’administration.

Pour la secrétaire générale du gouvernement Claire Landais, les employeurs publics doivent effectivement montrer plus de « gourmandise » envers les jeunes.

« Avec les difficultés de recrutement, il faut chercher partout » des candidats, insiste-t-elle alors que des dizaines de milliers de postes sont à pourvoir dans les trois branches de la fonction publique (État, hôpitaux, collectivités).

Reste à renouveler les modalités d’accès au secteur, le concours faisant figure de repoussoir pour certains jeunes.

Pour l’ancien directeur des hôpitaux de Paris (AP-HP) Martin Hirsch, également invité au colloque début mai, « on fait des concours pour lutter contre le favoritisme, le piston. Mais les concours ne jouent pas ou plus leur office, il y a des biais de sélection » et certaines épreuves d’accès « renforcent » les inégalités, estime-t-il.

Le gouvernement prépare en ce moment une réforme de la fonction publique, qu’il doit présenter à l’automne.

Stanislas Guerini a déjà affiché son intention de faciliter l’intégration des apprentis dans la fonction publique à l’issue de leur alternance.

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