Réforme du RSA : l’espoir d’allocataires de « vivre normalement »

Publié le 16 juin 2023 à 10h00 - par

Le département des Vosges fait partie des 18 sélectionnés pour tester le nouveau dispositif du RSA, avec un contrat d’engagement incluant des heures d’activité dans « une logique de droits et devoirs » prévu dans le cadre de la réforme France Travail. Lancée depuis trois mois, l’expérimentation concerne quelque 2 000 personnes au RSA à Épinal (sur 11 000 dans le département).

Réforme du RSA: l'espoir d'allocataires de « vivre normalement »
© Par Jérôme Rommé - stock.adobe.com

Dans les locaux de Pôle emploi, Julie*, 32 ans, mère célibataire, au RSA depuis 2016, fait le point avec sa conseillère sur tout ce qui peut la freiner : mobilité, santé, logement…

« Côté financier, est-ce qu’à la fin du mois vous arrivez à régler toutes les difficultés ? », demande la conseillère. « Franchement non », souffle cette brune menue qui a des factures en retard et a déjà effectué des démarches de surendettement. « Il faut que je trouve un travail assez vite pour me remettre à jour ».

La conseillère, Fanny Clément, l’informe qu’au vu de ses contraintes, notamment de logement, elle pourrait basculer vers un accompagnement plus social. Mais elle a un rendez-vous d’embauche le  lendemain pour l’entretien des locaux dans une garderie. Avec 72 postulants au départ, la jeune femme préfère ne pas y croire. « Si c’est positif, je crois que je vais littéralement pleurer », dit-elle. « J’aimerais bien me débarrasser du RSA et vivre avec un salaire, un travail, une vie active », poursuit cette femme qui n’a eu que des petits contrats depuis 2016. Avec l’expérimentation, elle a « vraiment » ressenti un changement dans l’accompagnement. Avant, « j’avais une conseillère, je la voyais une fois dans l’année » ; là c’est « plus régulier », « on m’a donné beaucoup de conseils ».

Les conseillers, eux, ont une cinquantaine de demandeurs d’emploi à accompagner contre 250 habituellement : « Ça n’a rien à voir, en termes de fréquence, qualité des entretiens, connaissance des personnes » et résultats, rapporte Fanny Clément.

Le Gouvernement a promis « des moyens », mais l’expérimentation se fait, pour l’heure, sans effectifs supplémentaires. D’autres agences sont mobilisées en appui, explique le directeur territorial de Pôle emploi, Jean-Luc Kientz.

« C’est le jeu »

Dans une autre pièce, Céline*, 34 ans, au RSA depuis avril, est face à une conseillère Pôle emploi et une déléguée insertion du conseil départemental pour un premier entretien. L’idée est d’effectuer un « diagnostic partagé » de sa situation pour prévoir le bon accompagnement, expliquent les conseillères. Trois modalités sont possibles : accompagnement social, socioprofessionnel ou vers l’emploi.

Les objectifs en termes d’activité varient. Damien Parmentier, directeur général des services du département, explique que l’accompagnement social vise à s’assortir de 1 à 8-9 heures hebdomadaires (résoudre les problèmes de garde, de santé…), pour le socioprofessionnel plutôt de 8 à 12 heures (chantiers d’insertion, accompagnement vers le secteur associatif…) et vers l’emploi 15 à 20 heures (immersions, remises à niveau…). Au vu des premiers chiffres au 1er juin pour Épinal, les nouveaux entrants sont orientés à 56 % vers le social, 13 % vers le socioprofessionnel et 31 % vers l’emploi.

Pour Céline, ce sera un accompagnement social, avec l’idée de « rebasculer » ensuite vers l’emploi. Cette mère célibataire de quatre enfants, qui tient sa petite dernière sur les genoux, est en congé parental. Vendeuse en boulangerie, elle aimerait « voir d’autres choses », comme le métier d’aide-soignante.

Les conseillères écrivent la « trame des objectifs à poursuivre » : recherche d’un logement, d’un mode de garde et soutien dans les démarches. C’est le support du contrat d’engagement qu’elle devra signer avec la structure qui va l’accompagner.

« C’est bien d’avoir un accompagnement, j’ai des papiers que je dois remplir depuis longtemps par exemple », sourit Céline. Elle accepte que son RSA soit conditionné au respect de ses engagements, « tant que je n’ai pas quelqu’un derrière moi qui me met la pression ». « C’est le jeu », dit-elle.

* Les allocataires du RSA n’ont pas donné leur nom.

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