Renforcer l’attractivité des métiers du grand âge

Publié le 30 octobre 2019 à 11h45 - par

Un rapport remis au gouvernement propose de lancer une mobilisation nationale sur 5 ans pour revaloriser et rendre plus attractifs les métiers du grand âge.

Renforcer l’attractivité des métiers du grand âge

Myriam El Khomri a remis, ce mardi 29 octobre 2019, à la ministre des Solidarités et de la Santé son rapport sur les métiers du grand âge et de l’autonomie. L’ancienne ministre du Travail suggère au gouvernement d’engager un plan de mobilisation nationale sur la période 2020-2024 en faveur de l’attractivité de ces métiers, « exercés dans des conditions difficiles », le plus souvent « mal rémunérés et peu considérés ». Son objectif général : répondre au besoin massif de professionnels à former dans les cinq prochaines années.

Voici les principales mesures formulées par la mission El Khomri.

Axe 1 : Assurer de meilleures conditions d’emploi et de rémunération

  • Ouvrir 18 500 postes supplémentaires par an d’ici à fin 2024

Des ouvertures de postes seront nécessaires dans les toutes prochaines années pour répondre aux besoins de prise en charge du grand âge, dans un contexte de vieillissement démographique, d’une part, et de nécessaire augmentation du taux d’encadrement et du renforcement des temps collectifs, d’autre part. Coût : 450 millions d’euros par an.

  • Remettre à niveau, au plus tard au 1er janvier 2021, les rémunérations inférieures au SMIC dans les grilles des conventions collectives à domicile

Aujourd’hui, les rémunérations des métiers du grand âge sont inférieures au SMIC dans certaines conventions collectives. En conséquence, les professionnels restent payés au SMIC pendant une dizaine d’années. « Il convient donc de remettre ces rémunérations à niveau sans délai », insiste Myriam El Khomri. Coût : 170 millions d’euros par an.

  • Négocier une offre nationale compétitive pour équiper les accompagnants à domicile de véhicules propres

Les accompagnants à domicile supportent, notamment en zone rurale, des frais importants pour la mobilité d’un domicile à l’autre. Or, ces frais sont souvent insuffisamment indemnisés.

Axe 2 : Donner une priorité forte à la réduction de la sinistralité et à l’amélioration de la qualité de vie au travail

  • Porter dans le cadre de la branche AT-MP de l’assurance-maladie un programme national de lutte contre la sinistralité, ciblé sur ces métiers

Le taux d’accidents du travail et de maladies professionnelles (AT-MP) est aujourd’hui « tellement élevé dans le secteur du grand âge qu’un programme national spécifique apparaît de plus en plus nécessaire ». Coût : 100 millions d’euros par an.

  • Imposer 4h de temps collectifs par mois d’équipe à domicile et en Ehpad

Les temps collectifs entre professionnels (groupes de parole, échanges de bonnes pratiques…) sont indispensables pour garantir la qualité de la prise en charge des personnes âgées et pour donner du sens au travail des professionnels.

Axe 3 : Moderniser les formations et changer l’image des métiers

  • Supprimer le concours d’aide-soignant pour la formation initiale et l’apprentissage et assurer l’inscription dans les centres de formation via Parcours sup pour la formation initiale

Pour faire face à la pénurie récente de candidats, il convient de revoir en profondeur et d’ouvrir plus largement les conditions d’accès à ces formations.

  • Garantir systématiquement la gratuité de la formation, hors frais d’inscription, quelle que soit la situation du candidat

Aujourd’hui, environ 5 % des personnes en formation doivent payer leur formation, en sus des frais d’inscription. « Ce qui constitue une inégalité à laquelle il convient de mettre fin », plaide le rapport.

  • Réduire drastiquement l’éventail des diplômes reconnus dans le champ de l’accompagnement des personnes en perte d’autonomie

Il existe aujourd’hui une soixantaine de diplômes conduisant aux métiers d’accompagnant des personnes fragiles ! « Ce foisonnement nuit gravement à la visibilité et à l’attractivité des métiers du grand âge », estime Myriam El Khomri.

  • Porter à 10 % la part des diplômes d’aide-soignant et d’accompagnant éducatif et social obtenus par la voie de l’alternance

Très peu développé pour ces diplômes, l’apprentissage est une voie efficace pour former rapidement et efficacement des professionnels à fort potentiel d’insertion dans le marché de l’emploi. Pour 100 000 personnes formées par an, cela représentait 10 000 alternants (contre 600 par an aujourd’hui).

  • Porter à 25 % la part des diplômes délivrés chaque année dans le cadre de la VAE en privilégiant la VAE collective

Les processus de validation des acquis de l’expérience (VAE) permettent d’augmenter rapidement le nombre de professionnels et donc de répondre aux besoins de recrutement des structures. Pour 100 000 personnes formées par an, cela représentait 25 000 personnes.

  • Permettre à tous les professionnels exerçant auprès des personnes en perte d’autonomie d’accéder à une formation spécifique en gérontologie

Une formation d’assistant de soins en gérontologie (ASG, 140 heures) existe depuis le premier plan cancer, mais aussi un passeport gériatrique inscrit à l’inventaire depuis 2017 ; il s’agit d’en ouvrir l’accès à tous les professionnels qui assistent quotidiennement les personnes en perte d’autonomie.

  • Lancer une campagne nationale de communication pour changer le regard de la société sur les personnes âgées et les métiers du grand âge

Une grande campagne de communication sur les métiers du grand âge, aujourd’hui méconnus et dévalorisés, permettrait de changer le regard porté sur eux et donc de susciter des vocations, espère la mission. Coût : 4 millions d’euros par an.

Axe 4 : Innover pour transformer les organisations

  • Soutenir et évaluer les démarches innovantes dans le champ de l’organisation du travail

Ces démarches innovantes concernent, par exemple, le modèle des équipes autonomes inspiré de la méthode Burtzoorg, le label Humanitude, fondé sur une nouvelle approche de la relation des professionnels avec les personnes en perte d’autonomie, ou le label Cap Handéo adossé à une démarche de certification qualité.

  • Reconnaître l’intérêt de la pratique avancée en gérontologie et soutenir son développement

La pratique avancée permet à des infirmières d’exercer des missions et des compétences poussées, jusque-là dévolues aux médecins ; la création d’une pratique avancée en gérontologie permettrait de reconnaitre davantage l’expertise des infirmières et de mieux couvrir les besoins de prise en charge des personnes âgées.

Axe 5 : Garantir la mobilisation et la coordination des acteurs et des financements au niveau national et dans les territoires

  • Créer une plate-forme départementale des métiers du grand âge chargée de mettre en œuvre un guichet unique de sécurisation des recrutements

Ces plates-formes départementales auraient pour mission d’organiser la mobilisation et la coordination, au niveau local, autour des formations aux métiers du grand âge, afin de susciter des vocations et de permettre aux candidats de réussir leur parcours de formation et leur insertion professionnelle. Coût : 100 millions d’euros par an.

  • Assurer la mobilisation des financements nationaux nécessaires à la mise en place des actions

Le financement de ce plan relève de différents acteurs. Leur coordination sera assurée par le comité national des métiers du grand âge à mettre en place, préconise le rapport.