Jean-Carles Grelier l’annonce dans ses propos introductifs : la problématique de la santé des soignant « naît dans les facultés, les écoles et autres instituts », « se prolonge tout au long du parcours de formation et se poursuit dans la pression d’un exercice professionnel ». « Nos soignants vont mal, parfois très mal, ajoute-t-il. Sur tous les grands items de la santé, leur état se situe en deçà de celui de la moyenne des Français ». 64 % des soignants se disent fatigués et 77 % considèrent qu’ils ne dorment pas assez. 60 % déclarent souffrir de maladies chroniques et 55 % reconnaissent avoir subi un ou plusieurs épisodes d’épuisement professionnel. 49 % admettent avoir une consommation régulière d’alcool et 6 % confirment consommer des anxiolytiques régulièrement. Face à cette réalité, le député propose des mesures pratiques, sans notion de hiérarchie entre elles, pour permettre leur mise en œuvre sans délai.
Agir directement auprès des professionnels de santé
Parmi ces 25 mesures, Jean-Carles Grelier propose des dispositions qui concernent directement les professionnels de santé, notamment l’instauration, pour l’ensemble des personnels soignants des établissements publics et privés sanitaires et médico-sociaux, d’un droit à la sieste qui devra être intégré dans les projets des établissements. Il s’inspire d’ailleurs du Centre hospitalier de Bourges, qui a ouvert, depuis septembre 2023, deux espaces de repos à destination de l’ensemble des personnels. Il souhaite également que les structures hospitalières encouragent l’activité sportive de leurs soignants en prenant des mesures dédiées, avec un soutien financier des Agences régionales de santé (ARS). Côté formation, il aimerait que soient inclus, dans celles proposées par l’Agence nationale du développement professionnel continue (ANDPC), des modules dédiés à la santé des soignants et au bien-être au travail.
Enfin, il voudrait que les médecins du travail, intervenant auprès des salariés des établissements publics ou privés, sanitaires et médico-sociaux, deviennent les acteurs premiers de la santé des soignants et de leur bien-être au travail. Pour les professionnels libéraux, il souhaiterait qu’ils bénéficient d’un bilan de santé tous les deux ans.
À l’échelle des tutelles
Le député Jean-Carles Grelier propose par ailleurs, une série de mesures à mettre en œuvre à l’échelle des instances nationales et suggère par exemple de créer un fichier national de la santé des soignants, mis en œuvre par la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), afin de disposer d’une image de la réalité de la santé physique et mentale des soignants. Il souhaite également la création, au sein de la Cnam, d’une mission permanente sur la santé et le bien-être des soignants, qui devra définir les grands axes d’une politique nationale dédiée. Il suggère aussi d’inclure dans « Mon Espace Santé », un onglet uniquement pour les soignants où seront recensés tous les épisodes de soins en lien avec leur activité professionnelle.
Le député souhaiterait, en outre, que le collège de la Haute Autorité de santé (HAS) inclut « la santé des soignants et le bien-être au travail » dans les critères impératifs à toute certification des établissements de santé. La HAS devra alors définir plus précisément les éléments à partir desquels ils seront évalués. Les établissements devraient également disposer d’un référent « violences sexistes et sexuelles », nommé par le directeur général de l’ARS, pour une durée de trois ans non renouvelable, et placé hors hiérarchie à l’intérieur de l’établissement. À l’échelle ministérielle, il souhaiterait qu’un délégué à la santé et au bien-être des soignants soit nommé pour une durée de trois ans, un. Enfin, face aux violences externes dont peuvent être victimes les professionnels de santé, il propose une série de mesures visant à renforcer l’arsenal pénal pour chaque infraction, délit et crime commis à leur encontre.
En attendant la concrétisation éventuelle de ces mesures, Yannick Neuder, ministre chargé de l’Accès aux soins et de la santé, a pour sa part annoncé mi-avril, la mise en place d’un comité de suivi ministériel sur la santé des professionnels de santé avant l’été.
Laure Martin