François Daniès : « Les MECS, des interlocuteurs transversaux pour mener des actions dans le domaine de la protection de l’enfance »

Publié le 28 février 2011 à 0h00 - par

L’Andesi organise, les 24 et 25 mars à Bordeaux, en partenariat avec le Creahi d’Aquitaine, les 1res Rencontres nationales des professionnels de Maisons d’enfants à caractère social sur le thème : « Demain les MECS ! ». Plus de 500 professionnels sont attendus. Présentation de la manifestation par le président de l’Andesi, François Daniès.

François Daniès : « Les MECS, des interlocuteurs transversaux pour mener des actions dans le domaine de la protection de l'enfance »

François Daniès

François Daniès

L’Andesi invite, fin mars, les professionnels des maisons d’enfants à caractère social (MECS) pour les 1res Rencontres nationales du secteur. Pourquoi ?

François Danies : L’Andesi avait déjà organisé, en octobre 2009, une journée sur le problème de l’accueil dans les MECS. Celle-ci avait suscité beaucoup d’intérêt. À cette occasion, de nombreuses questions, dépassant le thème de la journée, avait surgi. Nous avons alors pensé qu’il était utile d’élargir le débat pour organiser une réflexion plus générale autour des MECS. Ces 1res Rencontres nationales sont l’aboutissement d’une année et demie de travail, conduit par un comité de pilotage.

Quels sont, aujourd’hui, les problèmes rencontrés par les MECS ?

François Danies : Les établissements que sont les maisons d’enfants à caractère social (MECS) connaissent des problèmes d’ordre, à la fois, clinique, technique, financier et politique. Sur le plan clinique, les MECS doivent s’adapter à des populations présentant des problèmes nouveaux, plus difficiles, tant au niveau pédagogique que psychologique. La prise en charge des enfants devient plus complexe à traiter, de plus en plus lourde.

Sur le plan technique, la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance a imposé une modularité de la prise en charge. Les MECS doivent aller au-devant des familles et assurer le suivi des enfants dans leur famille. Cela oblige à multiplier les contacts extérieurs. En termes de politique sociale, les MECS ne sont pas toujours inscrites dans les schémas départementaux. Elles sont souvent perçues comme des palliatifs territoriaux des missions d’État. Enfin, sur le plan financier, les MECS sont soumises à une logique comptable, qui voit les financeurs se renvoyer la balle. Ainsi, certains départements refusent des prises en charge financières.

Toutes ces questions seront-elles abordées lors des Rencontres nationales ?

François Danies : Le spectre est large ! Nous entendons, à la fois, dresser un état des lieux et engager une réflexion technique. Mais nous voulons surtout susciter une prise de conscience au niveau national. Nous appelons de nos vœux une politique sociale qui garde un sens politique. Les MECS sont des interlocuteurs transversaux pour mener des actions dans le domaine de la protection de l’enfance. Elles constituent un outil social qui prend sens, répond aux défaillances familiales et permet un accès à la citoyenneté pour les enfants issus de tous les milieux. Mais, aujourd’hui, il est nécessaire d’élaborer une référence commune, associant l’Éducation nationale, la psychiatrie infanto-juvénile, les magistrats de la jeunesse, les acteurs de la formation…

Que seront demain les MECS, thème des 1res Rencontres nationales consacrées à ces établissements ?

François Danies : En premier lieu, les MECS devront préserver la pluralité des modes de prise en charge des enfants. Sans en privilégier aucun. Pour l’avenir des MECS, cela nous semble primordial. Chaque établissement doit développer et conserver sa propre culture. Il ne faut surtout pas s’engager sur la voie de l’uniformisation des MECS.

En second lieu, les MECS doivent s’interroger. Comment développer des méthodes originales pour être et demeurer en phase avec les besoins sociaux ? Cela nécessite la mise en place d’une stratégie de recherche et de veille. Il convient, également, de développer le sens de la mission partagée et transversale. Pour cela, il faut doter les MECS d’outils plus adaptés, notamment pour qu’elles n’évoluent pas dans le seul registre éducatif.
Reste que, dès à présent, le niveau d’expertise des MECS doit être reconnu à sa juste valeur.

Propos recueillis par Jean-Yves Guéguen

François Danies, président de l’Andesi

Éducateur spécialisé de formation, François Danies est le président de l’Andesi depuis juin 2006, après avoir été vice-président à partir de 2004. Titulaire du CAFDES, il est directeur d’une maison d’enfants à caractère social (MECS) en Dordogne, au sein de laquelle il travaille depuis 15 ans. Auparavant, François Danies a été, pendant 12 ans, assistant socio-éducatif à l’aide sociale à l’enfance (ASE) du conseil général de la Dordogne.


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