Les associations rejettent en bloc le PLFSS 2026

Publié le 31 octobre 2025 à 15h25 - par

Selon les associations du secteur, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (PLFSS) va rendre plus difficile l’accès des plus vulnérables aux soins et aux services médico-sociaux.

Les associations rejettent en bloc le PLFSS 2026
© Par Ariep - stock.adobe.com

À quelques jours de la discussion au Parlement du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, les membres du GR31 – associations représentant les personnes âgées et en situation de handicap et les organisations gestionnaires membres du Conseil de la CNSA (APF France handicap, ADMR, Fehap, FHF, Nexem, UNA, UNCCAS, Uniopss…) – ont exprimé, le 27 octobre 2025, leurs « plus vives inquiétudes face à un texte qui reste largement insuffisant pour répondre aux besoins des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. » Selon eux, le texte présenté par le gouvernement « met en difficulté l’accès des plus vulnérables aux soins et aux services médico-sociaux et ne répond donc pas aux enjeux du secteur médico-social. » Malgré « des avancées timides », reconnaît la Fehap, le PLFSS 2026 présente « des lacunes inquiétantes. » « Les Ehpad, les établissements pour personnes handicapées et les services à domicile sont en crise, et la fragilité des financements met en péril la qualité de l’accompagnement. Il est urgent que le gouvernement adopte des mesures ambitieuses et adaptées pour garantir un soutien pérenne aux structures et un accès équitable aux soins pour les plus vulnérables », a déclaré son directeur général, Charles Guépratte, le 21 octobre 2025.

Le PLFSS 2026 propose « des mesures comptables à court terme, sans réelle concertation, qui fragilisent l’accompagnement des personnes dans les établissements et services médico-sociaux », dénoncent les membres du GR31. Ils ont donc émis un avis défavorable sur le projet de loi et appellent à « une révision profonde du texte au service de l’intérêt général. »

Un financement jugé insuffisant

« Globalement, ce PLFSS induit une décélération de la progression des dépenses de la branche autonomie alors que les besoins augmentent mécaniquement pour les personnes accompagnées », reprend le GR31. L’augmentation de 2,4 % de l’objectif général de dépenses (OGD) médico-social reste inférieure aux besoins réels liés à l’inflation et au glissement-vieillesse-technicité (GVT), alertent ses membres. « D’année en année, les constats sont les mêmes. Il n’est plus admissible de continuer à appauvrir les établissements et services et à faire de la qualité d’accompagnement une variable d’ajustement », s’indignent-ils.

La branche Autonomie, gérée par la CNSA, affiche un déficit croissant (- 1,7 milliard d’euros en 2026), sans perspectives claires de redressement. « Ce déficit limite la capacité à programmer des mesures ambitieuses pour faire face à l’augmentation du nombre de personnes en situation de vulnérabilité, quelle qu’en soit l’origine et à répondre aux engagements pris par le gouvernement », préviennent les membres du GR31.

Non au gel des prestations

La principale mesure qui impactera les retraités et les personnes en situation de handicap est « l’année blanche », le gel de la revalorisation des prestations sociales et de solidarité (AAH, minimums vieillesse, ainsi que l’APA et la PCH). Avec le développement ou (et) le doublement des franchises et l’augmentation des cotisations de leur complémentaire en santé, ces personnes sont frappées d’une « double peine. » « Cette rupture du principe d’indexation automatique, pourtant inscrit dans la loi et qui vise à garantir la stabilité du niveau de vie des bénéficiaires, ou du moins à limiter leur risque d’appauvrissement, est particulièrement préoccupante, insiste le GR31. Ces décisions auront des conséquences directes pour les personnes en situation de handicap et les personnes âgées, qui devront inexorablement renoncer à des prestations d’aide et de soins. Les impacts à moyen terme d’une telle orientation seront désastreux. »

Un PLFSS 2026 qui ne répond pas aux défis majeurs du secteur

Le projet de loi apporte des « réponses trop limitées face à un secteur confronté à des défis majeurs qui impactent l’ensemble de la société. » Le GR31 déplore, en particulier :

  • l’absence de mesures concrètes pour garantir l’accompagnement pérenne des plus vulnérables par les établissements médico-sociaux, confrontés à des difficultés économiques majeures et structurelles ;
  • l’absence de mesures visant à revaloriser les salariés du secteur à domicile et à garantir un modèle économique pérenne à l’heure des enjeux de la transformation de l’offre, alors que les professionnels du secteur du domicile sont parmi les professions les moins bien payées et que les restes à charge pour les usagers se creusent continuellement ;
  • l’absence totale de fonds pour l’investissement dans les structures intervenant à domicile est totalement pénalisante, alors qu’elles manquent cruellement de moyens pour leur informatisation et les différents équipements nécessaires à la bonne qualité des interventions ;
  • la mise en réserve de 241 millions d’euros dès janvier 2025, créant une incertitude préoccupante pour les structures accompagnant les personnes vulnérables ;
  • des mesures nouvelles peu nombreuses et insuffisamment dotées financièrement, pour l’ensemble des établissements et services, notamment pour les Ehpad, les résidences autonomie et les services médico-sociaux à domicile.

Enfin, les membres du GR31 regrettent également le manque de mesures visant à développer la prévention.