« L’État et les collectivités territoriales se désengagent financièrement progressivement », a dénoncé lundi 16 juin 2025 le Planning familial, qui regroupe 82 associations, présentes en métropole et dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM). Il observe « des baisses et des coupes budgétaires partout sur le territoire ».
« On n’en est qu’au début, c’est important de se mobiliser tout de suite », a déclaré lors d’une conférence de presse Sarah Durocher, présidente de l’association féministe, qui lance un « cri d’alarme ».
Baisse de 10 % de la subvention du département du Loiret, réduction de 20 % de celle de la Drôme et suppression totale de celle du Conseil régional des Pays de la Loire : pour l’heure, neuf associations du réseau sont concernées.
Sollicitée par l’AFP, la ministre chargée de l’Égalité femmes-hommes Aurore Bergé « regrette vivement que certaines collectivités locales aient fait le choix de réduire, voire de stopper leur soutien ». Elle rappelle que la convention nationale du ministère prévoit 622 000 euros de subvention annuelle au Planning familial au niveau national de 2023 à 2025. Les aides locales s’y ajoutent.
« S’attaquer au Planning familial, c’est une attaque directe contre les droits sexuels et reproductifs », a souligné Sarah Durocher, « inquiète » pour l’avenir de l’association dont l’origine remonte à 1956.
Contraception gratuite
Partout en France, le Planning familial accueille le grand public pour l’informer sur des sujets tels que la contraception, l’avortement et la sexualité. Il propose notamment des consultations médicales et pratique une petite part des IVG médicamenteuses.
« Lors de ma dernière permanence, nous avons reçu trois personnes de 16 ans, l’une souhaitait une contraception et une autre a demandé un rendez-vous pour parler d’un problème, des troubles du comportement alimentaire qui ont révélé des violences », a décrit Sarah Bloch, représentante de l’association départementale du Planning familial de la Drôme. « Depuis l’annonce de la baisse de subvention, on travaille dans un état de tension extrême, nos équipes sont mises à mal », a ajouté cette sage-femme.
Par ses différentes actions, le Planning familial touche 500 000 personnes par an. S’il devait fermer des antennes, cela empêcherait des personnes « d’avoir accès à une contraception gratuite », des « jeunes LGBT+ de recevoir de l’aide » et des collégiens et lycéens de bénéficier de « cours sur le consentement », a décrit Albane Gaillot, co-directrice du Planning familial.
L’association dispense annuellement près de 10 000 séances d’éducation à la vie sexuelle et affective dans les établissements scolaires.
« Écosystème »
Clémence Pajot, directrice de la Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), a elle aussi fait part de son « inquiétude » et appelé le gouvernement à soutenir le Planning familial et d’autres associations fragilisées : « c’est un écosystème, nous nous appuyons les uns sur les autres pour répondre aux besoins des femmes ».
Des retards dans le versement de subventions aux CIDFF ont déjà entraîné, selon elle, la suppression d’une vingtaine de postes et la fermeture de plusieurs de ses permanences dans des zones rurales. Le gouvernement assure que ces fonds seront versés la semaine prochaine.
Pour faire face, le Planning familial a lancé une cagnotte sur internet. Les coupes budgétaires qui l’affectent sont « des choix politiques », estime-t-il, dans un « contexte global » de remise en cause des droits des femmes et des personnes LGBT+.
« Avec le retour au pouvoir de Donald Trump, on observe une croisade patriarcale contre les droits des femmes et des personnes LGBT+, qui a des conséquences aux États-Unis et à l’international », a souligné Lola Schulmann, chargée de plaidoyer chez Amnesty International France. « On a besoin d’appui de pays qui se disent à l’avant-garde de ces droits, comme la France » où, l’année dernière, a été inscrite dans la Constitution la « liberté garantie à la femme » de recourir à l’IVG.
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