Pour les acteurs de la santé mentale, une grande cause nationale serait bienvenue, mais pas suffisante

Publié le 25 septembre 2024 à 8h00 - par

La santé mentale, prochaine « grande cause nationale » ? Le souhait du Premier ministre Michel Barnier a été favorablement accueilli dans un secteur en crise persistante, où plusieurs voix réclament surtout des moyens à la hauteur des besoins et de l’urgence.

Pour les acteurs de la santé mentale, une grande cause nationale serait bienvenue, mais pas suffisante
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Évoquant une cause « presque familiale à l’origine » car sa mère a « pendant 35 ans été présidente d’une association en Savoie qui existe au niveau national, l’Unafam, l’Union nationale des amis et familles de malades mentaux », Michel Barnier a affiché dimanche 22 septembre 2024 la volonté que « la santé mentale soit la grande cause nationale en 2025 ».

Les troubles psychiques touchent environ une personne sur trois dans leur vie et quelque deux millions de Français sont pris en charge en psychiatrie chaque année. La pandémie Covid a remis en lumière mais aussi accentué la dégradation de la santé mentale, notamment des jeunes.

Se montrant consciente que, « dans notre société et dans nos établissements psychiatriques, les besoins sont énormes », la nouvelle ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a déclaré lundi 23 septembre 2024 qu’elle « serait au rendez-vous de l’attente du Premier ministre ».

Depuis plusieurs mois, un large collectif d’acteurs du secteur représentant plus de 3 000 structures travaillant dans la santé mentale au sens large plaide pour cette cause nationale.

Crée en 1977, le label « grande cause nationale » est décerné à un thème de société porté par des organismes à but non lucratif et/ou associations et permet notamment une visibilité accrue via des messages sur les radios et télévisions publiques.

« C’est une très bonne nouvelle. Nous sommes prêts, on n’attend que ça », a réagi auprès de l’AFP Rachel Bocher, présidente du syndicat INPH et psychiatre hospitalière, tout en prévenant qu’« on ne s’en tiendra pas aux promesses, on veut du concret et du court terme ».

À ses yeux, « ce qui compte, c’est qu’avec la grande cause santé mentale soit dessinée une politique publique, avec des budgets alloués » pour « développer les soins mais aussi la prévention, le repérage précoce, les ressources humaines, le décloisonnement entre les métiers – médicaux et paramédicaux – et entre ville et hôpital ».

« Moyens à la hauteur »

« Ravi qu’un Premier ministre s’intéresse à la santé mentale » alors même qu’« on explose sous la demande », Jean-Pierre Salvarelli, vice-président du syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), a aussi exprimé sa « vigilance à ce que cela débouche sur des moyens à la hauteur pour les soignants », pas sur du saupoudrage ou de pseudo experts ».

Du côté de l’Unafam, on « se félicite du souhait exprimé par le Premier ministre », a abondé sa présidente Emmanuelle Rémond à l’AFP.

Mais cela « devra s’accompagner d’engagements politiques forts afin d’agir contre la stigmatisation que vivent les personnes concernées et leurs familles » et de permettre « un recours précoce aux soins ainsi qu’un accompagnement efficace », a-t-elle souligné.

« Bonne nouvelle si cette décision se confirme et est soutenue comme il se doit », a aussi commenté dimanche 22 septembre le psychiatre et secrétaire national du PS Antoine Pelissolo sur X, soulignant que « le Parti socialiste le propose depuis 2021 » et qu’« il y a urgence » car « la psychiatrie et la pédopsychiatrie vont très mal et les enjeux sont multiples ».

Entre autres symptômes : plus d’un quart des postes de psychiatres sont vacants dans 40 % des établissements publics et 7 % en moyenne des lits de psychiatrie étaient fermés en 2023, selon la Fédération hospitalière de France.

Un Conseil national de la refondation consacré à la santé mentale, très attendu, était programmé en juillet, mais a été annulé après la dissolution de l’Assemblée nationale. Il était censé « apporter des réponses innovantes ».

Dans une étude devant contribuer au CNR, le Haut Commissariat au plan, présidé par François Bayrou, recommandait un « plan d’action ambitieux » associant prévention, formation repensée et refonte des parcours de soins.

En 2024, année des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, la grande cause nationale était l’activité physique et sportive.

L’égalité entre les femmes et les hommes avait été affichée comme grande cause du quinquennat d’Emmanuel Macron en 2017, puis en 2022. Cela « ne se traduit encore que par des avancées limitées », a jugé la Cour des comptes à l’automne 2023.

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