La santé mentale des jeunes future grande cause nationale ?

Publié le 26 janvier 2024 à 14h00 - par

Le Sénat vient d’adopter une résolution invitant le gouvernement à ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale.

La santé mentale des jeunes future grande cause nationale ?
© Par tadamichi - stock.adobe.com

Les sénateurs ont adopté à l’unanimité, le 17 janvier 2024, une proposition de résolution invitant le gouvernement à ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale. De plus en plus de jeunes connaissent un état dépressif, certains allant jusqu’à attenter à leurs jours, expliquent les auteurs du texte dans leur exposé des motifs. Selon l’Observatoire de la vie étudiante, en 2021, près de 43 % des étudiants ont déclaré s’être retrouvés en situation de détresse psychologique, contre 29 % l’année précédant la pandémie de Covid-19. Un rapport adopté en mars 2023 par le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) révèle des chiffres inquiétants sur la consommation médicamenteuse des enfants. Ainsi, près de 5 % d’entre eux ingèrent des psychotropes. Entre 2014 et 2021, la prescription a progressé de 49 % s’agissant des antipsychotiques, de 155 % pour les hypnotiques et sédatifs et de 63 % concernant les antidépresseurs ! En 2023, malgré l’extinction de la crise sanitaire, les indices psychiques restent élevés au sein de la tranche d’âge 11-17 ans.

Si les causes du mal-être sont propres à chaque individu et parfois complexes à établir, les études sur la santé mentale en recensent plusieurs communes à de nombreux jeunes, expliquent les rédacteurs du texte. Et de lister : sur le plan physiologique, la puberté ; l’isolement des étudiants coupés de leurs proches ; les violences morales, physiques ou sexuelles au sein de la famille, ou en dehors de celle-ci ; le harcèlement scolaire… « Au sein de ce sombre tableau, il faut ajouter la question des inégalités qui affectent les jeunes différemment selon leur milieu social ou leur genre. La précarité peut être un facteur de dégradation de la santé mentale », rappelle l’exposé des motifs. Bien souvent, certains étudiants endossent la double peine : leurs difficultés financières constituent une préoccupation qui peut tourner à l’anxiété, ces mêmes difficultés pouvant les empêcher de se soigner. Autre inégalité : les études sur les troubles psychiques soulignent qu’en raison de la prévalence de la violence faite aux femmes, la dépression touche davantage les jeunes filles.

Tous ces facteurs conduisent à « un constat clinique dramatique », pointent les sénateurs : troubles du sommeil, phobie scolaire, anorexie, troubles obsessionnels compulsifs (TOC), dépression, schizophrénie, consommation abusive d’alcool, drogue, agressivité, isolement social et acte suicidaire dans les cas les plus tragiques. « Cette liste non exhaustive est inacceptable. »

Face à cette situation préoccupante, quelles réponses spécifiques apporter ? « Le fléau de la santé mentale des jeunes recouvre avant tout des drames personnels et familiaux qui appellent bien entendu des solutions au cas par cas. Toutefois, son ampleur mérite une prise de conscience collective pour une action publique volontaire et ambitieuse », soutiennent les promoteurs de la résolution votée au Sénat.

« Parce que les jeunes d’aujourd’hui construisent la société de demain, leur vitalité doit être préservée du mieux possible et au commencement des troubles. Quels que soient leurs parcours de vie, ils doivent disposer des ressources pour pouvoir aborder l’avenir avec sérénité. Comment imaginer un pays résilient si on ne donne pas à chaque enfant les moyens de forger sa propre résilience ? », interrogent les sénateurs. Bien soigner nos enfants, c’est aussi respecter leurs droits, qui sont garantis à l’échelle collective par la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), ainsi que par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour qui « la santé mentale qui est définie comme un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté », concluent les signataires de la proposition de résolution.


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