« Robots et automates : embarquez vers la logistique de demain » : tel est le titre de la publication co-réalisée par l’Anap et le Resah et publiée sur le site de l’Anap en juin 2023. Le document vise à montrer l’intérêt de l’automatisation au sein de l’hôpital par le décryptage de 15 expériences menées par divers établissements hospitaliers. « Robotique et automatisation sont les nouveaux standards de la logistique. Le secteur hospitalier ne peut ignorer cette tendance », explique d’ailleurs en introduction le directeur général de l’Anap, Stéphane Pardoux. « Il s’agit d’une transformation majeure pour construire l’hôpital de demain, en améliorant la qualité des soins et les conditions de travail des équipes », abonde Dominique Legouge, directeur général du Resah.
Automatiser la logistique
Mais quels sont les avantages de la robotisation et de l’automatisation ? Ils sont nombreux. Par exemple, en termes de ressources humaines, le déploiement de solutions innovantes en logistique hospitalière permet de renforcer l’attractivité et la fidélisation des métiers logistiques à l’hôpital, de prévenir les troubles musculosquelettiques et de libérer du temps pour les agents, soignants et logisticiens. Il participe aussi à la sécurisation et la traçabilité des soins en particulier médicamenteux. L’automatisation optimise les flux et peut avoir un impact environnemental en réduisant l’empreinte carbone. Les avantages sont nombreux et s’inscrivent aussi dans une vision stratégique de l’établissement et du territoire.
Améliorer le circuit du médicament
Plusieurs solutions concernant le circuit du médicament à l’hôpital sont présentées. Parmi elles, on peut citer l’utilisation de la réalité augmentée afin d’améliorer la sécurité et la traçabilité de la préparation des médicaments. Mise en œuvre en 2020 au CHU de Lille, la solution consiste à utiliser des lunettes de réalité augmentée pour la préparation des chimiothérapies. Les lunettes guident, étape par étape, le préparateur en lui transmettant des consignes qui lui parviennent directement dans son champ de vision. « Chargée de piloter l’enchaînement des étapes du processus, une commande vocale vient simplifier la tâche du professionnel. Les lunettes permettent aussi la lecture de codes-barres ou data matrix afin d’identifier des préparations et de contrôler des produits », est-il expliqué.
L’automatisation de la dispensation de médicaments a été choisie par d’autres établissements. L’hôpital Victor-Dupuy à Argenteuil (Val-d’Oise) a investi en 2018 dans un automate de coupe et d’ensachage pour la production des doses à administrer en fractions de comprimés et le conditionnement multidose. Depuis, des robots de dispensation nominative en services de gériatrie et des robots de production de doses à administrer ont été installés. Et en 2023 et 2024, deux autres automates devraient être implantés dans l’établissement.
Le Centre hospitalier de Valenciennes (Nord) a mis en œuvre une solution qui permet de réapprovisionner les stocks de dispositifs médicaux et des solutés en une pression sur les étiquettes automatiques par les agents.
Faciliter la vie des agents
L’automatisation peut également porter sur les conditions de travail et la qualité de vie des agents. Le Centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-St-Georges (Essonne) et l’Hôpital Lyon Sud – Hospices Civils de Lyon (Rhône) ont opté pour des vestiaires automatiques. Grâce à une carte magnétique ou un badge, chaque agent récupère une housse personnelle où il peut déposer ses vêtements et objets personnels. Ce procédé réduit considérablement la taille des vestiaires, contribue à une meilleure hygiène et, grâce à l’individualisation de la housse et limite les erreurs et les vols.
Les chariots automatisés et les exosquelettes améliorent aussi la qualité de vie au travail en réduisent les impacts de certaines tâches physiques sur la santé des agents.
Soutenir les soignants
En conclusion, l’Anap et le Resah imaginent l’hôpital de 2035 avec une application industrielle des solutions de robotisation, d’automatisation et de numérisation, fluidifiant les approvisionnements des unités de soins et la préparation des médicaments et traitements. L’automatisation « du dernier mètre » permet aussi de soutenir les soignants sans les remplacer. Des robots collaboratifs simplifient ainsi la vie des professionnels « en les délestant d’une partie des tâches quotidiennes », comme apporter un verre d’eau dans les chambres, un plateau de petit-déjeuner ou du linge propre, lui-même remisé dans une armoire connectée, est-il décrit. Un monde où les patients sont également mieux traités. Une utopie qui pourrait devenir réalité avec le développement de telles solutions.
Magali Clausener
