Européennes : les pompiers français et allemands demandent aux candidats de protéger l’engagement volontaire

Publié le 7 mars 2019 à 15h12 - par

Ils craignent que la réglementation européenne fasse disparaître les pompiers volontaires et anéantisse l’efficacité de leur système de secours : les sapeurs-pompiers français et allemands ont interpellé mercredi 6 mars 2019 les candidats aux élections européennes pour réclamer à Bruxelles une directive propre à leur activité.

Européennes : les pompiers français et allemands demandent aux candidats de protéger l'engagement volontaire

« On espère que le prochain Parlement aura la volonté de protéger l’Europe, les pompiers volontaires et le citoyen européen », a expliqué devant la presse le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), Grégory Allione, en réclamant aux candidats de soutenir dans leurs propositions la création d’une « nouvelle directive » européenne spécifiquement pensée pour les pompiers.

En France, 80 % des pompiers sont volontaires : leur engagement bénévole, en plus de leur activité professionnelle, constitue la base du système de secours.

Mais cette organisation est menacée par une directive européenne qui limite le temps de travail. Adoptée en 2003 par Bruxelles, elle devait harmoniser le temps de travail en Europe pour lutter « contre le dumping social et le syndrome du plombier polonais », selon la FNSPF.

Mais si les interventions des pompiers volontaires sont considérées comme du travail, « notre système de secours s’écroule », s’alarme-t-elle. Nombre d’entre eux pourraient dépasser les limites du temps de travail autorisé, seraient forcés de choisir entre leur métier et leur volontariat, et finiraient par quitter les pompiers.

« Notre mandat est de sauver des vies humaines (…) et nous devons avoir les moyens de répondre à cette demande sans être restreints dans nos actions par la réglementation européenne », a appuyé Harmut Ziebs, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers d’Allemagne. Un pays qui compte un million de pompiers volontaire, pour seulement 50 000 professionnels, a-t-il rappelé.

M. Ziebs a réclamé « une remise à plat de la directive européenne sur le temps de travail et une directive propre à notre métier ».

Selon la FNSPF, la directive menace le système de secours de « près de la moitié des États-membres de l’UE », comme la France, l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas ou la Pologne.

Le texte n’a jamais été transcrit en droit français par Paris, et la France avait même adopté une loi en 2011 pour sanctuariser le statut des pompiers volontaires.

Mais une affaire en Belgique a relancé les inquiétudes en février 2018 : un arrêt de la Cour de justice européenne a reconnu les astreintes d’un pompier volontaire comme du temps de travail, en invoquant cette directive.

Depuis, les pompiers français et leurs homologues européens craignent que Bruxelles ordonne aux États membres de se mettre en conformité. En France, le ministère de l’Intérieur a assuré vouloir « prendre une initiative » au niveau européen pour défendre le volontariat.

Le gouvernement doit proposer « une nouvelle directive » et « pas une espèce de bricolage » du texte existant, a insisté M. Allione. Cet appel a été repris mercredi 6 mars 2019 par le député Jean-Christophe Lagarde. Tête de liste de l’UDI aux élections européennes, il a défendu sur Twitter une « nouvelle directive européenne protégeant et favorisant l’engagement volontaire ».

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