Avant la mi-2024, 22 000 communes devaient se doter d’un plan communal de sauvegarde (PCS). Or, à ce jour, seules 14 000 l’ont fait. Quant aux 1 100 intercommunalités dont au moins une commune est dotée d’un PCS, elles ont jusqu’à fin 2026 pour adopter un plan intercommunal de sauvegarde (PICS). « Le PCS est un document obligatoire et nécessaire, a rappelé Éric Ménassi, le maire de Trèbes, (Aude, 11 397 habitants), le 21 novembre 2024 lors d’un point info du 106e congrès des maires. Il est construit à partir d’événements qui se sont déjà produits et permet de prévoir l’imprévisible, afin que les équipes soient en poste en cas de crise ». L’enjeu est primordial et le PCS doit être parfaitement clair pour que l’équipe municipale puisse appréhender la méthode opérationnelle pendant la crise, en suivant les automatismes de la check-list qu’il comporte.
Or, de nombreux PCS sont mal rédigés, imprécis. « Au fil des années, ils ont pu devenir des recueils en dix volumes, en corps 6, et dont on ne sait pas où ils se trouvent, a prévenu Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-La Napoule (Alpes-Maritimes, 21 828 habitants), co-président du groupe de travail risques et crises de l’Association des Maires de France (AMF). « Attention, si le document n’est pas mis à jour ou s’il est mal rédigé, le maire voire les responsables de services ou même un secrétaire de mairie risquent d’être placés en garde à vue ou mis en examen. Il n’y aura aucune prise en considération de l’imprévisibilité de l’événement qui s’est produit ou de sa dureté. Si une phrase est mal écrite et laisse place à une interprétation, ou si une phrase n’a pas été appliquée, le maire sera automatiquement responsable. Il peut lui être également reproché de ne pas avoir adopté de PCS et de ne pas avoir anticipé la crise ».
Attention aux usines à gaz
« Au début, on construit souvent une usine à gaz qui ne marche pas, car elle est trop complexe et on se noie plutôt que l’on se rassure », a témoigné Alain Barbe, maire des Matelles (Hérault, 2 098 habitants), président de la communauté de communes du Grand-Pic-Saint-Loup (36 communes, 50 000 habitants). C’est pourquoi Les Matelles qui avait adopté rapidement son PCS, l’a ensuite enrichi et amendé. En 2013, l’intercommunalité a construit son PICS. « Nous avons constaté la disparité des PCS des communes, et le premier travail a été de les analyser, de les simplifier et de les rendre plus opérationnels », a poursuivi Alain Barbe. C’est pourquoi la communauté de communes apporte une ingénierie aux communes. Une vice présidente a été désignée en charge du risque et de l’écologie, en lien avec l’officier du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) qui est l’un des maires. Chargé d’accompagner les élus, il les a tous rencontrés pour les aider à simplifier leur plan et leur proposer un modèle commun de document d’information communal sur les risques (Dicrim). Destiné à sensibiliser la population, le Dicrim est une autre obligation des maires. À la communauté de communes, un chargé de mission coordonne le sujet et depuis quelques semaines, il dispose d’une assistance en secrétariat et administration, « car le travail est immense ». Cette mutualisation des moyens permet d’aider le maire et de ne pas le laisser seul. Il y a également un comité de pilotage, pour structurer la gestion de crise avec le Cerema, le SDIS, les sapeurs forestiers, le Predict (un service d’anticipation et de gestion des phénomènes météorologiques)… En effet, pour déclencher l’alerte, il est impératif que le maire dispose de la bonne information. À ce dispositif, s’ajoutent des comités communaux de feux de forêt, pilotés par les maires avec délégation à un adjoint ou un conseiller municipal. Ce sont des bénévoles qui agissent toute l’année sur tous les risques et qui peuvent être mobilisés à tout moment. Ils ont une connaissance parfaite du territoire et, en cas de crise, peuvent renseigner, diriger, orienter…
Le maire est le premier maillon de réponse à tout événement, significatif, c’est lui qui est en charge des actions de sauvegarde et de soutien de la population. S’il fournit un appui aux communes-membres et permet d’assurer la continuité des fonctions (eau potable, électricité, liaisons…), le PICS ne remplace pas le plan communal. « PCS et PICS doivent éviter aux élus de se poser des questions quand la menace est présente », a expliqué Catherine Haller, chef de bureau à la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises au ministère de l’Intérieur. L’AMF met à leur disposition un guide téléchargeable avec des fiches pratiques, pour les élaborer dans les règles.
Martine Courgnaud – Del Ry