L’association Villes de France a dévoilé, le 23 avril 2025, la 7e édition de son « Panorama de la Police Municipale des Villes de France ». D’Agen à Saint-Lô, de Belfort à Niort, de Digne-les-Bains à Bar-le-Duc, les résultats de cette enquête sont basés sur les réponses écrites fournies par 55 villes adhérentes, représentatives de ces collectivités. Le panorama 2025 dresse ainsi un état de lieux des forces de police municipale dans les villes moyennes.
Des effectifs en hausse, des moyens renforcés
Cette 7e édition du panorama révèle une tendance de fond, insiste le président de Villes de France, Gil Avérous, maire de Châteauroux (Indre) : « le renforcement continu des effectifs et des moyens des polices municipales ». Selon l’enquête, l’effectif moyen d’un service de police municipale s’établit désormais à plus d’une trentaine d’agents : 33,5 agents en moyenne. Parmi eux, on recense 2,2 agents d’encadrement – un directeur et un ou plusieurs responsables de service – et 20,6 policiers municipaux. Le reste de l’effectif est composé d’agents de surveillance de la voie publique (ASVP) et de personnels rattachés (médiateurs, opérateurs de vidéosurveillance…). Résultat, on compte aujourd’hui une moyenne de 6 policiers municipaux pour 10 000 habitants dans les villes moyennes, contre 4,9 en 2020. « Cette augmentation traduit la volonté politique des élus locaux de répondre aux préoccupations sécuritaires croissantes de leurs administrés. Malgré cette dynamique, certaines communes peinent à pourvoir tous les postes ouverts, signe de tensions persistantes dans la filière », commentent les auteurs de l’enquête.
Cette « montée en puissance » des polices municipales s’accompagne naturellement de moyens renforcés. Leur budget moyen de fonctionnement s’élève ainsi à 1,35 million d’euros, avec une part grandissante allouée à la vidéoprotection. L’investissement moyen annuel pour ce dispositif atteint 203 000 euros. La vidéoprotection est désormais présente dans plus de 95 % des villes enquêtées, avec une moyenne de 126 caméras par commune. « La vidéoprotection est devenue quasiment incontournable pour renforcer la sécurité et la prévention de la délinquance, et permettre un appui très réactif des patrouilles lors de leur intervention, la surveillance des abords des établissements scolaires, des bâtiments accessibles aux publics ou des sites touristiques », explique l’association.
Un armement létal en voie de généralisation
Les policiers municipaux des Villes de France sont presque tous équipés d’armes létales ! Dans 93 % des cas (51 villes sur 55 villes répondantes), ces agents sont dotés d’armes à feu, contre 58 % au niveau national. La généralisation de l’armement constitue « une évolution majeure », note l’association. Cette mutation rapproche l’équipement des polices municipales de celui de la Police nationale ou de la Gendarmerie, avec l’adoption de pistolets semi-automatiques, gilets pare-balles, caméras-piétons et dispositifs de géolocalisation, observe encore Villes de France.
Le renforcement des polices municipales et leur armement croissant soulèvent néanmoins des interrogations, pointe l’association, à savoir : l’articulation avec les forces nationales, le niveau de formation des agents, les risques d’inégalités territoriales en matière de sécurité. La contractualisation avec l’État et la mutualisation des moyens entre communes apparaissent, aux yeux de Villes de France, comme « des leviers pour optimiser l’efficacité et la cohérence des dispositifs locaux. »
Pour toutes les villes, le rôle principal d’une police municipale est, à l’heure actuelle, d’être, à la fois, une police de proximité qui va au contact de la population et un relais d’information du maire, estime l’association Villes de France. En ce sens, 80 % d’entre elles sont favorables à l’idée d’assurer davantage le respect de la réglementation pour la petite délinquance, c’est-à-dire à une judiciarisation de leurs fonctions. « Si le renforcement de nos polices municipales répond à une demande sociale forte, il convient de rester vigilant sur les conditions de leur déploiement, sur la préservation d’un équilibre entre sécurité, libre administration locale, et libertés individuelles. Le débat sur le rôle et les moyens des polices municipales est loin d’être clos », conclut son président, Gil Avérous.