Partons d’un constat simple : une organisation avec intelligence artificielle sera plus performante qu’une organisation sans intelligence artificielle. E surtout, qu’on le veuille ou non, l’IA est déjà entrée dans nos administrations. Début 2025, un sondage interne l’a confirmé : près de 200 agents de la ville de Cannes utilisaient déjà des outils d’IA générative gratuits à des fins professionnelles. Sans cadre, sans formation et sans stratégie.
La question n’est donc plus faut-il y aller ? mais comment bien y aller ?
Méthode, pragmatisme, détermination
L’intelligence artificielle recouvre un potentiel phénoménal qui, bien utilisé, peut être un levier de performance publique considérable. À Cannes, nous avons fait le choix d’une approche simple et assumée, fondée sur trois piliers : méthode, pragmatisme, détermination.
Méthode, d’abord : nous avons constitué une équipe projet, réalisé un état des lieux précis des besoins de performance et des pratiques existantes, identifié les besoins métier et défini des priorités de déploiement.
Pragmatisme, ensuite : nous avançons là où les solutions sont matures et où le gain est immédiat pour le service public et les agents. Pas de grands plans théoriques, mais des usages concrets qui, bien encadrés et accompagnés, séduisent tout un chacun.
Détermination, enfin : l’IA n’est pas un “sprint” technologique mais un chantier continu. Nous progressons étape par étape, pour en faire un véritable projet d’organisation, partagé et compris. Cette démarche nous a permis d’avancer rapidement sur deux axes : les métiers techniques et notre fonctionnement administratif.
Des résultats déjà visibles
Sur le terrain, les résultats sont déjà visibles :
- En matière d’espaces verts, la création d’un jumeau numérique nous permettra le suivi renforcé des 15 000 arbres du domaine public et de leur impact environnemental, ce que nous n’étions pas capables de réaliser de façon exhaustive ;
- S’agissant de l’état de notre voirie, l’IA nous a permis en quelques heures d’établir un diagnostic automatisé des 180 km de voirie, avec qualification précise des dégradations et priorisation des réparations ;
- Dans le champ de la propreté urbaine, des caméras embarquées intelligentes analyseront, dans quelques jours, le niveau de propreté de la ville par secteur et selon la saison, afin d’ajuster les moyens humains et matériels.
Mais le potentiel le plus transformant est peut-être ailleurs : au cœur même de l’administration. Nous expérimentons désormais l’IA générative pour la rédaction de courriers, la préparation de comptes rendus, l’analyse de marchés publics, la traduction, l’aide à l’analyse juridique ou encore la rédaction de rapports de contrôle des délégataires. Autant de tâches chronophages où l’IA permet d’aller plus vite, de fiabiliser et de rendre du temps utile aux agents.
Pour tout cela, je tiens à remercier sincèrement David Lisnard, maire de Cannes, pour son impulsion déterminante, la confiance et la liberté d’action accordées à son administration dans le déploiement de ce projet de transformation.
Ne pas transformer la précaution en inaction
Soyons lucides : l’IA sera l’un des bouleversements majeurs de nos organisations publiques dans les prochaines années. C’est précisément pour cela qu’il faut tester, former, confronter, déployer, ajuster. Oui, il faut un cadre – et l’IA Act européen apporte déjà des règles essentielles. Oui, il faut du contrôle.
Mais ne transformons pas le principe de précaution en principe d’inaction. Ne décourageons pas les initiatives publiques en complexifiant à l’excès ce qui peut être utile et maîtrisé à l’échelle de nos collectivités.
Plus que jamais, notre slogan créé aux prémices de notre démarche il y a deux ans, « Plus d’IA générative pour plus de performance publique et plus d’humain », trouve à s’appliquer !
Karin Topin-Condomitti, DGS de la ville de Cannes
