Le syndrome de Korsakoff

Reconnaître le syndrome de Korsakoff

Amnésie antérograde et rétrograde

La personne atteinte de ce type de syndrome présente des lésions cérébrales irréversibles (dues à un déficit en vitamine B1) qui engendrent des troubles de la mémoire, associés à de fausses reconnaissances et à une désorientation temporelle. Ce qui caractérise tout particulièrement cette pathologie est la présence de fabulations.

Tout ce qui est perçu par la personne malade après l’apparition du syndrome est oublié : c’est l’amnésie antérograde. Dans certains cas, l’oubli peut aussi porter sur des informations qui précèdent l’atteinte : c’est l’amnésie rétrograde.

Principales étiologies

Les principales causes de ce syndrome sont :

  • l’alcoolisme chronique ;
  • l’encéphalite herpétique ;
  • l’anorexie cérébrale grave ;
  • des traumatismes crâniens graves.

Tableau clinique

  • Amnésie sévère, antérograde et rétrograde (l’individu est incapable de se souvenir d’éléments passés comme d’en assimiler de nouveaux).
  • Anosognosie (la malade ignore ses difficultés et estime en général ne pas avoir de problème).
  • Euphorie discrète.
  • Désorientation temporo-spatiale (le malade ignore la date et le lieu exact où il se trouve).
  • Confabulations (le malade fournit, à la place du souvenir réel, d’autres récits de ce qui s’est passé).
  • Fabulations (si on demande au malade ce qu’il a fait aujourd’hui, le sujet invente).
  • Fausses reconnaissances (le malade reconnaît à tort certaines personnes « auxquelles il attribue une identité »).
  • Les fonctions exécutives sont touchées.

On peut observer de façon non systématique :

  • Une modification du comportement et/ou de l’affectivité de la personne ; ces changements peuvent être mis en rapport avec des difficultés exécutives.
  • Sur le plan physique :
    • une atteinte sensitivomotrice des membres inférieurs et supérieurs (polynévrite) qui engendre souvent des troubles de l’équilibre et de la marche ;
    • des tremblements interférant l’écriture par exemple ;
    • une névrite optique pouvant entraîner des troubles visuels.

A noter

Malgré la présence des différents troubles cognitifs cités ci-dessus, la personne conserve ses capacités intellectuelles. Les capacités attentionnelles ainsi que les mémoires procédurales et de travail restent fonctionnelles également.

Le tableau clinique présenté peut bien évidemment varier : chaque personne est différente.

Prise en charge thérapeutique

Prise en charge médicale

La prise en charge médicale de cette maladie s’articule autour de trois axes :

  • le sevrage alcoolique ;
  • le traitement médicamenteux, notamment pour venir compenser les carences vitaminiques et lutter contre les symptômes dépressifs ou d’anxiété et les troubles du comportement ;
  • le rétablissement d’une alimentation équilibrée.

Prise en charge non médicale

Il y a d’abord ce que l’on appelle la stimulation douce.

Afin d’améliorer le niveau de qualité de vie, le maintien d’activités appréciées peut être utile. En effet, ces activités permettent à la personne de prendre du plaisir et d’éviter toute sensation de mise en échec. Si elles sont effectuées en groupe ou en dehors du lieu de vie, elles permettent d’éviter un certain repli sur soi et de favoriser le maintien du lien social.

Il y a ensuite le suivi psychologique et neuropsychologique.

Des entretiens de soutien face à la pathologie peuvent être planifiés. De plus, certains professionnels (ergothérapeute, neuropsychologue, psychomotricien) pourront mettre en place des activités et bilans visant à évaluer puis maintenir les capacités restantes.

Certains outils peuvent être utilisés dans le cadre de cette prise en charge. Ces outils s’appuient sur les mémoires préservées comme la mémoire procédurale.

En voici quelques exemples

Le carnet de mémoire. La personne va apprendre à noter les informations de manière organisée dans un agenda mémoire. Ceci va lui permettre de pallier ses oublis grâce à la prise de note sur papier. Il faut alors que la personne choisisse son outil et prenne le temps de se l’approprier.

Aide au repérage dans l’environnement quotidien. Pour faciliter l’orientation dans l’espace et dans le temps, il sera intéressant d’afficher des outils de type calendrier, guides « étape par étape », alarmes de rappel… à des endroits bien définis. La présence de couleurs et de photos facilitera aussi ce repérage dans l’espace. Plusieurs instruments technologiques peuvent aider la personne malade : une minuterie, une montre avec alarme, un pilulier, un porte-clés sonore… Pour aider la personne à se servir de ces différents outils, il va falloir répéter fréquemment les mêmes consignes et les mêmes paroles, entraîner certains comportements afin qu’ils deviennent automatiques. L’accompagnement et la prise en soin des personnes malades visent au maintien des capacités restantes (connaissances antérieures qui restent préservées) afin de maximiser l’autonomie de la personne.

Notre conseil

Un entourage soutenant permet à la personne de mieux apprendre à faire avec les outils qui sont à sa disposition. En effet, ces prises en charge sont longues et coûteuses en énergie. Un proche soutenant aidera la personne à se servir des aides mises en place par les professionnels.

Évitez les erreurs

Ne pas incriminer la personne parce qu’elle ment : les fabulations font partie de la maladie et ne sont pas volontairement créées pour « tromper » la personne qui les écoute.

Faq

Est-ce qu’un syndrome de Korsakoff peut être soigné et guéri ?

Ce syndrome engendre malheureusement des lésions irréversibles, qui ne pourront donc pas s’estomper.

La personne malade peut-elle récupérer des informations perdues ?

La personne malade ne pourra pas retrouver son état antérieur. Les lésions du cerveau sont irrémédiables.

Qu’est-ce que le syndrome de Korsakoff et quelles en sont les causes ?

Le syndrome de Korsakoff est un trouble neurocognitif dû à un déficit en vitamine B1, souvent lié à l’alcoolisme, causant amnésie et fabulations.

Quels sont les principaux symptômes du syndrome de Korsakoff ?

Les symptômes incluent une amnésie antérograde et rétrograde, des fabulations, une désorientation et des fausses reconnaissances.

Comment accompagner un résident atteint du syndrome de Korsakoff ?

En utilisant des outils de repérage et des aides à la mémoire, en favorisant la stimulation douce et en adaptant l’environnement pour minimiser la désorientation.

Le syndrome de Korsakoff peut-il être guéri ?

Malheureusement, le syndrome engendre des lésions cérébrales irréversibles. La prise en charge vise à maintenir et optimiser les capacités restantes.

Comment gérer les fabulations d’un résident atteint de Korsakoff ?

Il est conseillé de ne pas le confronter, car les fabulations font partie de la pathologie ; un accompagnement bienveillant et calme est essentiel.

Publié le 30/10/2024

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