Faciliter le recrutement des jeunes dans la fonction publique

Publié le 15 septembre 2016 à 8h00 - par

Le projet de loi sur l’égalité et la citoyenneté, en cours de discussion, prévoit des mesures en faveur du recrutement des jeunes dans la fonction publique. Trois questions à Johan Theuret, président de l’association des directeurs des ressources humaines de grandes collectivités

Faciliter le recrutement des jeunes dans la fonction publique

Pour tout comprendre

Du 4 au 6 octobre, le Sénat examine en première lecture le projet de loi sur l’égalité et la citoyenneté, adopté par l’Assemblée nationale le 6 juillet. Ce texte renforce le recrutement des jeunes sur des emplois publics. Il prévoit notamment un nouveau dispositif pour les jeunes de 28 ans au plus, résidant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, les zones de revitalisation rurale, et outre-mer. Ceux-ci pourraient être recrutés sous contrat de droit public de douze mois, renouvelable une seule fois sous certaines conditions, sur des emplois de catégorie A ou B relevant de la fonction publique de l’État (FPE). En parallèle, ces jeunes bénéficieraient d’une formation en alternance pour préparer le concours externe d’accès au corps concerné.

Le projet de loi prévoit aussi de modifier le troisième concours. Il serait ouvert aux corps de catégorie B et aux apprentis, qui pourraient valoriser l’expérience acquise au cours de leur formation, en la prenant en compte pour le calcul de la durée d’activité professionnelle exigée. L’apprentissage serait comptabilisé même lorsqu’il est effectué auprès d’un employeur public.

Trois questions à Johan Theuret, président de l’association des directeurs des ressources humaines de grandes collectivités

Johan Theuret, président de l'association des directeurs des ressources humaines de grandes collectivités

Johan Theuret

Comment se fait le recrutement des jeunes dans la fonction publique ?

Il est difficile car l’accès à la fonction publique est parfois peu lisible. Par ailleurs, pour les métiers qui nécessitent des qualifications particulières, nous sommes en concurrence avec le secteur privé, qui offre une rémunération plus attractive. Et le mode d’accès à la fonction publique – par concours – est complexe et peu connu, d’où un contexte discriminant de fait. C’est du reste ce qu’a souligné en juin dernier le rapport du professeur Yannick L’Horty, qui dénonce le manque de recrutement de jeunes provenant des quartiers prioritaires. C’est pourquoi nous souhaitons que des mesures soient prises pour informer ces jeunes des métiers publics et les attirer par des dispositifs innovants. Quant aux apprentis, ils n’ont aucune perspective d’embauche dans la fonction publique, autre que de passer un concours avec des épreuves académiques, alors que dans le secteur privé, l’apprentissage débouche quasi automatiquement sur un emploi. Pas étonnant que seuls 5 % des apprentis effectuent leur stage professionnel dans la fonction publique…

Le projet de loi sur l’égalité et la citoyenneté, en cours de discussion, prévoit des mesures en faveur du recrutement des jeunes dans la fonction publique. Qu’en pensez-vous ?

Sollicités par Françoise Gastel, rapporteure du projet au Sénat, nous avons fait connaître notre position dans une contribution cet été. Nous sommes favorables au recrutement des jeunes des quartiers prioritaires sous contrat de droit public, en tant que cadres A ou B, mais il ne concerne que la fonction publique d’État. Nous souhaitons que cette mesure soit étendue à la fonction publique territoriale (FPT).

Vous préconisez la création d’un quatrième concours, dédié aux apprentis. Quelles seraient les conséquences pour les collectivités ?

En effet, pour les apprentis, nous aimerions que le législateur aille encore plus loin, en créant un quatrième concours qui leur serait dédié, avec épreuves adaptées et valorisation de leur expérience professionnelle. En mai 2015, le rapport de Jacky Richard et Pascal Trouilly le préconisait déjà. Car aujourd’hui, après avoir terminé leur formation et obtenu leur diplôme, ils doivent passer un concours qui ne tient pas compte de leur expérience, même s’ils ont réalisé leur apprentissage dans une administration. Avec ce concours, les jeunes s’intéresseraient davantage à la territoriale. Il permettrait aux collectivités d’anticiper les besoins liés aux départs en retraite, dans le cadre de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, et de favoriser la transmission des compétences des futurs retraités.

 

Propos recueillis par Éditions Weka

 

Contribuer au débat sur les ressources humaines dans la fonction publique

Réseau d’échanges et de bonnes pratiques, l’Association des directeurs des ressources humaines des grandes collectivités intervient aussi dans le débat public sur de nombreux sujets : recrutement, statut, absentéisme, égalité homme-femme… Elle regroupe plus de 150 directeurs des ressources humaines de collectivités de plus de 40 000 habitants ou de plus de 2 000 agents.

L’association organise également un colloque annuel, en collaboration avec le journal Le Monde. Pour la prochaine édition, rendez-vous le 14 octobre à Paris, sur le thème « Le DRH du futur ».


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