Rendu public le 8 septembre 2025, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) évalue la qualité de l’accueil individuel du jeune enfant et l’attractivité de la profession d’assistant maternel. Les trois inspecteurs de la mission invitent à concilier l’objectif de création de places à court terme avec ceux de la qualité de l’accueil et des conditions de travail.
Encore majoritaire dans l’offre globale d’accueil de la petite enfance (31,5 % de la capacité totale), l’accueil au domicile d’assistants maternels est aujourd’hui en déclin, pointe l’IGAS. L’accueil chez une assistante maternelle présente pourtant de nombreux avantages, notamment pour les très jeunes enfants, pour lesquels la construction de liens d’attachement sûrs se trouve facilitée par la présence d’un unique adulte référent et un taux d’encadrement élevé. Les enquêtes montrent d’ailleurs que la satisfaction des parents est plus forte en cas d’accueil de leur enfant par une assistante maternelle qu’en cas d’accueil en structure collective. Pour autant, la majorité d’entre eux sollicitent en priorité une place en accueil collectif, ce mode d’accueil ayant été fortement encouragé et soutenu par les pouvoirs publics durant les dernières décennies, rappelle le rapport.
La mission formule donc 35 recommandations visant à favoriser l’attractivité du métier, tout en promouvant la qualité de la prise en charge des enfants. Certaines mesures doivent être prises à très court terme pour enrayer la pénurie de professionnels, d’autres dès la prochaine convention d’objectifs et de gestion (COG) de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), estiment les trois inspecteurs de l’IGAS ayant rédigé le rapport.
Vers un métier unique pour l’accueil de la petite enfance ?
Outre un effort de communication important pour revaloriser l’image du métier d’assistante maternelle, le renforcement de la formation initiale annoncée dans le cadre du plan d’action pour l’accueil individuel devrait être mis en œuvre dès 2026, insiste la mission. Au-delà, elle préconise de créer, à moyen terme, un métier unique pour l’accueil de la petite enfance, qui pourrait être exercé tant en structure collective qu’à domicile, et dont les conditions de certification devront être définies en cohérence avec le référentiel national des compétences de la petite enfance. « La détention d’un socle de compétences commun à l’ensemble du secteur participera à la constitution d’une véritable filière professionnelle », plaident les inspecteurs. De même, afin de faciliter les évolutions de carrière dans le secteur, une certification de niveau baccalauréat gagnerait à être identifiée comme ouvrant droit à l’exercice professionnel d’accueil du jeune enfant, ajoutent-ils. En complément, ils jugent essentiel de faciliter, dès aujourd’hui, l’accès à la formation continue. La mission préconise, notamment, la participation obligatoire à deux journées annuelles d’analyse de pratiques professionnelles et une journée annuelle de formation continue, donnant lieu à maintien de salaire, au même titre que les congés payés. Le respect de ces obligations conditionnerait le maintien de l’agrément.
Favoriser le modèle des crèches familiales
Les crèches familiales sont reconnues pour leurs nombreux avantages, tant pour les enfants que pour les professionnels, note la mission de l’IGAS. Ces derniers bénéficient, en effet, d’une sécurité de l’emploi, d’un appui hiérarchique et d’un collectif de travail propice à l’amélioration continue des pratiques professionnelles. En outre, l’absence de relation financière avec les parents permet de centrer la relation sur le bien-être de l’enfant. La mission déplore que ce mode d’accueil soit devenu aujourd’hui marginal. Cela suppose d’introduire, dans le chantier du financement des modes d’accueil, une majoration de la prestation versée aux établissements en fonction du taux d’encadrement et des modalités de gestion spécifiques aux crèches familiales.
Parallèlement, le rapport propose des mesures pour réduire la précarité du métier d’assistante maternelle, en particulier face aux impayés de salaires, et mieux accompagner les parents employeurs nécessaires. La mission recommande d’expertiser l’octroi de bonus pour horaires atypiques ou pour l’accueil d’un enfant en situation de handicap ; elle suggère également d’expertiser le relèvement du salaire minimum à 33 % du SMIC, permettant d’afficher une norme de trois enfants comme référence pour percevoir le SMIC horaire.
Réformer le financement des modes d’accueil
Peu lisible pour les familles, le système hybride de financement des modes d’accueil génère des distorsions financières pour les collectivités territoriales, qui supportent des coûts très variables selon les modes d’accueil (quasi nuls pour les assistants maternels). La mission estime que le chantier de réforme de ce financement devrait s’attacher à supprimer ces distorsions en imposant une égale participation financière des communes à l’ensemble des modes d’accueil. « Le choix de développer davantage un mode d’accueil serait alors fondé principalement sur les besoins du territoire et la qualité de l’offre, contribuant à encourager les crèches familiales », indique l’IGAS. Cette intégration financière au sein du service public de la petite enfance va de pair avec une harmonisation des exigences réglementaires, complète-t-elle.
Mettre en place une gouvernance nationale
Selon la mission, la mise en œuvre de ses recommandations nécessite de se doter d’une gouvernance nationale interministérielle forte. L’installation du Haut-commissariat à l’enfance témoigne d’une volonté politique en ce sens, salue l’IGAS. La mission juge nécessaire de réunir à nouveau le Comité interministériel à l’enfance, à raison d’au moins deux fois par an, « afin d’assurer une plus grande lisibilité de la feuille de route dans le champ de l’enfance, ainsi que les interactions entre les modes d’accueil et les autres volets de la politique petite enfance (scolarisation, santé, protection…). » Le pilotage technique de ces chantiers devrait être assuré par une équipe pluridisciplinaire interministérielle, pilotée par un rapporteur issu de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), concluent les trois inspecteurs de l’IGAS.
