Mal payées, mal considérées, les assistantes maternelles interpellent le gouvernement par le biais de l’Union fédérative nationale des associations de familles d’accueil et assistants maternels (Ufnafaam). « À bout de souffle », elles demandent davantage de « considération » et que des actions soient rapidement prises pour revaloriser leur métier, dont les effectifs diminuent chaque année un peu plus. Agréée par les services du département, l’assistante maternelle accueille des enfants de moins de 6 ans, à son domicile ou dans une maison d’assistantes maternelles. Elles seront 40 % à avoir quitté la profession d’ici 2030, selon le comité de filière (cf. encadré). Soit, à la clef, quelque 300 000 solutions d’accueil en moins. Elles sont d’autant plus en colère que des promesses leur ont été faites fin 2023 pour revaloriser la fonction, et qu’elles travaillent dans des conditions souvent précaires, gratifiées d’un salaire « qui ne reflète en rien l’importance de leur rôle », précise l’Ufnafaam.
Un système complexe
Entre 2014, près d’un quart (23,3 %) des enfants de moins de 3 ans ne bénéficiaient pas de place d’accueil ni d’indemnisation pour la garde parentale ; en 2022, ils étaient quasiment 29 %. Une situation due à « un manque d’offre global, qui se double d’une couverture des territoires à plus haut niveau de vie en structure d’accueil collectif, tandis que ceux à plus faible niveau de vie bénéficient davantage d’une offre d’accueil individuel », constatait la Cour des comptes dans un rapport publié en décembre 2024. Ainsi, le départ à la retraite « massif » des assistantes maternelles et la pénurie de professionnels diplômés de la petite enfance freinent le développement de l’offre d’accueil du jeune enfant, tant en quantité qu’en qualité. Fragilisant, par la même occasion, l’objectif des pouvoirs publics de créer 200 000 places d’accueil formel d’ici 2030. De plus, selon la Cour des comptes, « la complexité du système freine l’accès aux familles socialement ou culturellement désavantagées et les processus d’attribution manquent encore de transparence ».
Depuis le 1er janvier 2025, les communes sont autorités organisatrices de l’accueil du jeune enfant. Deux semaines après l’entrée en vigueur de la loi, un communiqué signé de plusieurs syndicats et associations du secteur de la petite enfance appelait à une réforme en profondeur. Ils souhaitent notamment qu’une commission d’enquête parlementaire se penche sur les dérives identifiées par la Cour des comptes. Ils demandent qu’une gouvernance « renouvelée et équitable » intègre l’ensemble des acteurs de terrain, seuls à même de constater l’efficacité des décisions : relais petite enfance (RPE), associations d’assistantes maternelles, organismes de formation et syndicats professionnels. Ils considèrent aussi qu’il convient de séparer clairement les rôles entre les gestionnaires de fonds et les bénéficiaires pour éliminer tout conflit d’intérêt, et de confier un pilotage transparent et indépendant à des instances comme les opérateurs de compétences (Opco) agréés par l’État, afin de garantir l’accès des professionnels à des dispositifs de formation et de santé au travail de qualité.
Marie Gasnier
Le comité de filière petite enfance Installé le 30 novembre 2021, le comité de filière petite enfance rassemble les représentants syndicaux et associatifs des professionnels des modes d’accueil du jeune enfant, individuel (assistants maternels, gardes d’enfants à domicile) ou collectif, du secteur public (crèches municipales, crèches hospitalières) et du secteur privé, marchand (entreprises de crèche) ou non marchand (crèches associatives ou mutualistes), ainsi que les administrations et acteurs publics concernés. Il est présidé par Élisabeth Laithier, qui a été élue déléguée à la petite enfance de la ville de Nancy pendant vingt-quatre ans, et présidente du groupe de travail Petite enfance de l’Association des Maires de France (AMF) pendant douze ans. |