Places supplémentaires, meilleur accueil : le projet du Gouvernement pour la petite enfance

Publié le 2 juin 2023 à 7h51 - par

Création de milliers de places en crèche supplémentaires, amélioration de la qualité d’accueil : le Gouvernement a effectué une série d’annonces afin de renforcer les solutions de garde de jeunes enfants. Elles laissent toutefois sceptiques les professionnels du secteur.

Places supplémentaires, meilleur accueil : le projet du Gouvernement pour la petite enfance
© Par Oksana Kuzmina - stock.adobe.com

200 000 nouvelles places

Le Gouvernement veut créer 100 000 places d’accueil supplémentaires pour les jeunes enfants d’ici 2027, avec l’objectif d’aboutir à 200 000 d’ici 2030.

« Nous allons construire, enfin, un Service public de la petite enfance, qui va permettre d’offrir à chaque enfant les mêmes chances », a souligné jeudi 1er juin 2023, lors d’un déplacement à Angers, la Première ministre Élisabeth Borne.

Ces nouvelles places bénéficieront d’un « apport financier supplémentaire » de 5,5 milliards d’euros cumulés sur 2023-2027, selon Matignon.

Pour Cyrille Godfroid, secrétaire général du syndicat national des professionnels de la petite enfance, cet objectif est « totalement » irréalisable : « comment créer des nouvelles places quand il manque déjà 10 000 professionnels pour assurer les places existantes ? », interroge-t-il.

Les jeunes enfants disposent actuellement de 458 000 places en crèche et de 770 000 auprès d’assistantes maternelles.

Améliorer la qualité de l’accueil

Le Gouvernement souhaite renforcer la formation des professionnels. Il compte notamment déterminer un socle de compétences commun à l’ensemble d’entre eux et rendre obligatoire l’organisation de journées pédagogiques.

L’exécutif veut aussi renforcer le contrôle des crèches et améliorer le système de remontée et suivi des signalements. Il compte créer pour cela un « système d’information national ».

Ces mesures font suite à un rapport alarmant de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui appelait à de profondes réformes du secteur pour mieux prévenir les maltraitances.

Renforcer l’attractivité des métiers de la petite enfance

Création d’un observatoire des métiers de la petite enfance, campagne de valorisation : le Gouvernement a aussi présenté des mesures pour remédier au manque d’attractivité de ces métiers de la petite enfance, « facteur aggravant autant que symptôme » des difficultés à bien accueillir les enfants, selon l’Igas.

« Il n’y a pas de mesures concrètes pour remédier au manque de qualité de l’accueil des enfants et à la pénurie de professionnels », déplore toutefois Véronique Escames, membre du collectif « Pas de bébés à la consigne », qui appelle à manifester le 6 juin 2023 pour demander notamment des revalorisations salariales.

« Si on revalorise les métiers de la petite enfance en termes d’image et de façon financière et si on prend en compte la pénibilité, les gens auront envie d’y aller et de rester », estime cette auxiliaire de puériculture.

Une concertation sur la revalorisation salariale est en cours, des propositions sont attendues « prochainement ».

À l’heure actuelle, 49 % des crèches manquent de professionnels. Les tensions risquent de s’accentuer avec le départ à la retraite de 120 000 assistantes maternelles d’ici 2030.

Aides financières aux parents

Le Gouvernement veut harmoniser le reste à charge des familles, selon qu’elles recourent à une assistante maternelle ou à une crèche, à partir de 2025. Pour l’heure, la première option peut être jusqu’à deux fois plus chère que la seconde pour les familles.

Pour les familles monoparentales, l’aide financière à la garde d’enfants sera accessible jusqu’aux 12 ans de l’enfant, et non plus 6 ans, à compter de 2025 (une mesure déjà votée dans le budget de la Sécurité sociale 2023 pour une entrée en vigueur au plus tard en 2025).

Le plafond du crédit d’impôt pour frais de garde d’un enfant de moins de 6 ans est porté à 3 500 euros, contre 2 300 euros auparavant.

Nouveau rôle pour les communes

Les communes de plus de 3 500 habitants deviendront « autorités organisatrices » de l’accueil du jeune enfant, avec comme mission de recenser les besoins, informer les familles et construire l’offre. Cette disposition figurera dans le projet de loi sur l’emploi.

Les communes n’ont toutefois pas « l’obligation de développer et de financer ces modes d’accueil », pointe dans un communiqué l’Union nationale des associations familiales (Unaf), qui s’interroge sur leur développement réel.

Un guichet d’information et d’accompagnement des parents sera également mis en place dans toutes les villes de plus de 10 000 habitants. Pour l’Unaf, ces « Relais Petite Enfance » répondent à « un besoin des parents ». Néanmoins se pose « la question des moyens humains, financiers et juridiques » de ces structures.

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