Congés annuels non pris : l’État doit informer ses agents sur leurs droits

Publié le 23 octobre 2025 à 9h45 - par

Le 17 octobre 2025, le Conseil d’État a rendu une décision significative en matière de gestion des congés annuels des fonctionnaires de l’État, marquant ainsi une avancée majeure pour la protection des droits des agents publics. Cette décision, issue d’une requête portée par la CGT Fonction publique, a été l’occasion pour le Conseil d’État de se prononcer sur certaines dispositions du décret n° 84-972 du 26 octobre 1984 relatif aux congés annuels des fonctionnaires de l’État.

Congés annuels non pris : l'État doit informer ses agents sur leurs droits
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En annulant certains aspects du texte et en enjoignant au Premier ministre d’y apporter des modifications dans un délai de six mois, la décision engage une réforme importante, non seulement pour la fonction publique de l’État, mais aussi pour l’ensemble des employeurs publics, y compris les collectivités territoriales.

Droit à l’information sur les congés annuels non pris : un nouveau droit pour les agents

Le Conseil d’État a jugé illégales les dispositions des articles 1er et 5 du décret de 1984, qui prévoyaient l’extinction automatique des congés non pris ou leur indemnisation en fin de contrat, sans qu’il y ait une information préalable de l’agent. Le Conseil a estimé que ces articles ne respectaient pas l’obligation d’informer les agents de leurs droits à congés. Ainsi, désormais, chaque fonctionnaire devra être informé par son employeur des jours de congé restants à prendre, de la date limite pour les prendre, et de la possibilité de reporter ces jours si nécessaire. Cette obligation d’information découle directement de la directive européenne 2003/88/CE qui garantit à chaque travailleur un droit minimum à quatre semaines de congés payés par an.

Le droit à congé annuel payé est une exigence européenne, inscrite dans la directive 2003/88/CE, qui précise que ce droit ne peut être remplacé par une indemnité, sauf en cas de fin de relation de travail. Le Conseil d’État a rappelé que, pour garantir ce droit, il incombe à l’employeur d’informer l’agent, de manière claire et dans des délais raisonnables, des conditions dans lesquelles il risque de perdre ses congés. L’administration doit donc prendre les mesures nécessaires pour prévenir toute extinction de droits à congés non pris sans l’accord préalable de l’agent. Cette mesure vise à renforcer la protection des agents publics, en leur assurant qu’ils disposent d’une information précise sur leurs droits à congés, leur permettant ainsi de mieux gérer leurs périodes de repos et d’éviter la perte de congés annuels.

Mise en conformité pour la fonction publique territoriale : une réforme envisagée pour tous

Bien que cette décision émane spécifiquement de la fonction publique de l’État, son impact ne se limite pas à ce seul versant. En effet, la gestion des congés annuels dans la fonction publique territoriale repose sur des règles similaires, souvent régies par des décrets analogues. Par conséquent, cette décision aura un effet d’entraînement sur les pratiques des employeurs publics territoriaux. Ces derniers devront se préparer à réformer leurs procédures de gestion des congés annuels, notamment en matière d’information des agents. La mise en conformité avec cette nouvelle obligation s’impose donc à toutes les collectivités territoriales.

Les responsables des Ressources humaines dans la fonction publique territoriale devront désormais revoir et adapter leurs pratiques afin de respecter cette obligation d’information. Une communication claire sur le nombre de jours de congé restants, ainsi que la période durant laquelle ces congés peuvent être pris, sera désormais indispensable. Les employeurs territoriaux devront mettre en place des systèmes de suivi efficaces et systématiques afin de s’assurer que chaque agent bénéficie de l’information qui lui est due. Cette réforme ne se contente pas de renforcer la sécurité juridique des agents ; elle responsabilise également les employeurs publics, les incitant à adopter des pratiques RH plus transparentes et plus respectueuses des droits des agents. Il est désormais crucial que chaque collectivité territoriale adapte ces pratiques pour éviter tout risque de contentieux lié à la gestion des congés.

Les employeurs publics territoriaux doivent être conscients qu’un manquement à cette obligation d’information expose à des risques juridiques. En cas d’extinction des droits à congés non pris sans information préalable, des contentieux pourraient être engagés par les agents concernés. Cette responsabilité accrue des employeurs publics en matière de gestion des congés devra être accompagnée d’une vigilance renforcée dans la mise en œuvre des pratiques RH au sein des collectivités.

Les employeurs publics territoriaux doivent donc désormais s’assurer que leurs pratiques de gestion des congés respectent cette obligation d’information, afin d’éviter toute répercussion juridique. Cette décision est également un appel à renforcer la transparence dans la gestion des congés, une exigence désormais incontournable dans l’administration publique. Dans ce contexte, la fonction publique territoriale doit prendre les mesures nécessaires pour être en conformité avec cette nouvelle norme et garantir ainsi la protection des droits de ses agents.


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