Portraits d'acteurs

Carole Ziem, Directrice des affaires culturelles de Fontenay-sous-Bois

Carole Ziem

Directrice des affaires culturelles de Fontenay-sous-Bois

« J’accorde une grande importance au travail collectif, à l’intelligence coopérative dans le respect de ce que chacun, chacune a envie d’apporter, de partager. »

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Carole Ziem : Directrice des affaires culturelles de Fontenay-sous-Bois, Présidente de l’association des directrices et directeurs des affaires culturelles d’IDF (https://adac-idf.fr/) et Vice-Présidente de la Fédération nationale des DAC (http://fnadac.fr/).

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Carole Ziem : Issue de l’éducation populaire, j’ai évolué dans l’animation socioculturelle. À 19 ans, j’étais animatrice de séjours et structures, tout en débutant en qualité de formatrice BAFA. Toujours désireuse d’apprendre et d’évoluer professionnellement, j’ai très rapidement été directrice de structures de loisirs (à 21 ans) pour la ville de Noisy-le-Grand. Développant des projets à l’échelle du territoire, le directeur de l’évènementiel de la ville m’a proposé de rejoindre son équipe. Cela a été un tournant dans ma vie, j’y ai découvert l’organisation d’évènements différents et surtout les arts de la rue. J’ai aussi commencé à m’intéresser aux concours de la fonction publique territoriale. J’ai ainsi rejoint la ville de Lagny-sur-Marne, en qualité de responsable de l’évènementiel et directrice adjointe des affaires culturelles. Puis j’ai rejoint le département du Val-de-Marne sur le poste de responsable du secteur manifestations et initiatives artistiques au sein de la direction de l’environnement. Le département du Val-de-Marne m’a aussi permis d’accéder à une formation en Master 2, dispensée par l’UPEC de Créteil. Sur dossier, après sélection, j’ai pu intégrer l’université et suivre un cursus passionnant et diplômant, durant plus d’un an. En 2012, j’ai obtenu mon Master 2 avec mention et mon concours d’attaché territorial. J’ai ainsi rejoint la ville de Bagneux en qualité de Directrice de l’action culturelle. Un poste complexe mais enrichissant. Curieuse avec une grande envie de m’enrichir d’autres expériences, j’ai été à la rencontre de mes homologues sur le territoire de la communauté d’agglomération de l’époque. Cela m’a permis de rencontrer de nombreux DAC, de développer parfois avec eux des projets, des passerelles, puis de découvrir l’ASDAC et le CRAC, les deux anciennes associations franciliennes des DAC. Au bout de quelques mois, la présidente de l’ASDAC me proposait de rejoindre le bureau de l’association. J’ai ainsi pu apprendre auprès de mes pairs et nourrir autant que possible mon quotidien professionnel. En parallèle, je continuais d’animer des formations pour différents organismes, dont le CNFPT, m’investissais dans des groupes de réflexion tel que SOL France, où j’ai eu l’occasion de co-organiser un voyage valorisant des équipes apprenantes dans des entreprises et des collectivités territoriales. À cette période, j’ai obtenu mon examen professionnel d’attaché principal.

Je suis désormais Directrice des affaires Culturelles (DAC) de Fontenay-sous-Bois, poste créé en 2017 avec une politique culturelle très ambitieuse et de beaux projets tels que la construction d’un théâtre, la reconstruction de l’école d’art et de la médiathèque.

C’est alors que l’on m’a proposé de prendre la présidence de l’association rebaptisée l’ADAC IDF, fusion des deux anciennes associations franciliennes. Après réflexion, j’ai accepté de relever ce challenge à condition que la gouvernance soit partagée et basée sur l’intelligence collective. L’ADAC IDF est membre de la FNADAC, c’est pour cela que très rapidement j’ai pu proposer ma candidature afin d’accompagner et soutenir la fédération en qualité de vice-présidente. Cela nous a permis de prendre part à l’organisation des assises nationales des DAC de Rennes les 10 et 11 octobre 2019. Ces trois postes sont complémentaires et me permettent de soutenir et accompagner les enjeux des politiques culturelles sur les territoires au plus près des élus, des artistes et des professionnels de la culture.

Aujourd’hui, j’ambitionne de rejoindre des collectivités sur des postes plus stratégiques de DG afin d’accompagner les collectivités territoriales dans les mutations en cours, en plaçant l’humain et l’innovation au cœur des organisations. La formation récemment suivie « Femmes osez la Direction générale ! » à l’INET m’a confirmé mon goût pour les défis.

Citez le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes le plus fière ?

Carole Ziem : De nombreux projets de structuration, de réorganisation de services, de directions ont jalonné ma carrière. Je relaterai ici un projet artistique, celui avec la compagnie des Grandes personnes, le projet Ancêtres. Ce projet a donné lieu à une création originale de 10 scénettes où les habitants volontaires avaient créé leur ancêtre (petite statue sur pied) et le mettaient en scène en racontant leur histoire avec l’aide d’un comédien. Ce spectacle présenté dans l’espace public a été un grand succès. Nous avons pu à la suite organiser une tournée au sein des écoles de la ville et ainsi aborder différents sujets avec les enfants et nos artistes en herbe. Pour clore cette magnifique aventure, la compagnie des grandes personnes nous a invités à Aubervilliers, dans leurs locaux, afin de déjeuner tous ensemble, habitants, artistes, organisateurs. Ce fut un moment de joie et d’émotion intense pour nous tous. Depuis ce projet a été organisé dans plusieurs villes, avec toujours autant de succès.

C’est un bon exemple de projet porté par une collectivité, valorisant les habitants, leur histoire et créant du lien entre eux et leur permettant de vivre une expérience particulière avec les agents d’une collectivité.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Carole Ziem : Un voyage autour du monde, pour les rencontres humaines, les découvertes culturelles, gustatives, un projet que je compte bien concrétiser...

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu’acteur public ?

Carole Ziem : Un engagement que je qualifierai de déterminé, humain, et dynamique. C’est tout le sens de mon implication au sein de l’ADAC IDF et de la FNADAC et dans mes missions au quotidien.

J’accorde une grande importance au travail collectif, à l’intelligence coopérative dans le respect de ce que chacun, chacune a envie d’apporter, de partager.

Il s’agit aussi d’accompagner au mieux les collectivités territoriales dans le contexte actuel. Pour cela l’évolution des postures des professionnels, des services publics est un axe essentiel à favoriser, pour être plus en phase avec les mutations sociétales inhérentes à chaque territoire. Il s’agit de passer d’une posture de prescripteur à une posture de facilitateur au service de l’intérêt général. C’est un engagement qui me tient à cœur en tant qu’acteur public.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Carole Ziem : Un grand sens de l’écoute, de la curiosité, de l’audace, du courage, de la diplomatie, de l’empathie, la capacité à se remettre en question, à innover, à soutenir, accompagner, conseiller les élus dans les défis actuels et à venir des collectivités. C’est aussi savoir soutenir, motiver, encourager au mieux les cadres intermédiaires qui doivent souvent faire face à de nombreuses contraintes au quotidien.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Carole Ziem : Philippe Conticini, cet homme fabuleux, humble et grand pâtissier, avec qui j’avais des échanges très philosophiques sur la vie et qui m’a fait découvrir « Jonathan Livingston le goéland » de Richard Bach, un livre très inspirant.

Puis Jean-Pierre Lescot, un grand monsieur et marionnettiste de renom. Un homme humble et attaché à la transmission, qui a su m’accompagner dans ma carrière.

Et plus récemment, David Janela, DGA de Chalon-sur-Saône, Grand Chalon avec qui nous partageons de nombreuses valeurs du service public et qui a cette grande capacité à innover.

Il y en a bien d’autres encore, car ce sont les rencontres diverses, les échanges qui me nourrissent et m’accompagnent dans mes cheminements.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Carole Ziem : Mes 10 premières années dans l’animation m’ont permis selon moi d’acquérir 3 compétences transférables : la méthodologie de projet, la capacité à travailler en équipe et à s’adapter. La richesse de ces apprentissages, les rencontres professionnelles tout au long de mon parcours, les concours et l’ensemble des activités qui m’animent aujourd’hui m’ont permis de comprendre que j’étais attachée au travail d’équipe, avec la volonté de développer des projets porteurs de sens, innovants et partagés. Le collectif reste pour moi primordial, j’y apprécie particulièrement l’émulation d’idées et l’énergie qui s’en dégage.

Le second serait l’attentat Charlie Hebdo. Il m’a rappelé combien l’art et la culture étaient essentiels à la vie. Combien il était nécessaire de transmettre, de sensibiliser, de susciter l’envie dès le plus jeune âge et tout au long de la vie. Trop de collectivités encore aujourd’hui voient la culture comme une variable d’ajustement, ne savent pas toujours comment développer leur politique culturelle, comment s’en emparer. C’est pourtant une politique publique d’une grande richesse à l’articulation de nombreuses autres, qui nécessite d’être préservée et développée au service des territoires, des jeunes, des habitants et des artistes.

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