Angers : les rois du pétrole

Publié le 10 juin 2009 à 0h00 - par

Les acteurs angevins viennent de reconduire pour 2009 leur marché d’achat groupé de carburants passé il y a un an. Le gain : une facture allégée de 6,67 % pour le carburant en vrac et de 14,54 % pour le fioul.

Angers : les rois du pétrole

La ville d’Angers vient de reconduire pour un an le marché à bons de commande d’achat groupé de « fourniture de produits pétroliers raffinés liquides » qu’elle coordonne pour le compte de ses services, de la communauté d’agglomération Angers Loire Métropole, du service départemental d’incendie et de secours (SDIS 49), de la préfecture et du conseil général de Maine-et-Loire. Ce marché, attribué le 5 novembre 2007 pour un an renouvelable deux fois, porte sur une livraison estimée à 1,905 millions de litres de carburant.

La ville pratique le groupement de commandes depuis au moins cinq ans. « On a même des groupements avec la ville de Nantes », explique Myriam Boussin, responsable de la commande publique de la mairie angevine. C’est pour faire partager les savoir-faire et créer une dynamique sur les coûts qu’il a été décidé de procéder à un achat groupé de carburant.

En juin 2007, un comité d’achat est créé. « Deux réunions suffiront. L’une pour convaincre, l’autre pour caler le besoin. Aucune question n’est taboue. Les membres du groupement sont appelés à s’exprimer. Tout est passé en revue, contraintes d’accès, délais de livraisons, opérations de jaugeage, réquisition… », affirme Hubert Dugas, responsable des achats de la ville. L’échange fut structurant.

Le coordonnateur du projet rédige ensuite le marché. Il comprend deux lots sans minimum ni maximum. Le premier lot concerne le carburant sans plomb et le gazole, le second lot, le fioul domestique. Le prix sera le seul critère de sélection de l’offre. « La qualité du produit, on la connaît, elle est équivalente, quel que soit le fournisseur », justifie Hubert Dugas.

Pour maîtriser ses coûts, le groupement exige des candidats qu’ils s’expriment sur un prix de référence : barème pétrolier ou prix de départ de leur pompe à la date du 3 septembre 2007. Les marchés seront exécutés à partir de ce prix de départ encadré par le relevé des prix et cotations de l’UFIP du jour de la commande et non du jour de la facturation, et auquel est appliqué un rabais consenti par litre en fonction du type de porteur. Le fournisseur est d’ailleurs prié, sur chaque facture, de justifier son prix.

Groupement de commandes

Le cahier des clauses particulières (CCP) insiste sur les délais et conditions de livraisons. « Elles seront effectuées dans un délai de trois jours ouvrés à compter de la date de réception du bon de commande » peut-on y lire. Des pénalités de retard en cas de non respect du délai sont fixées à 100 euros par jour ouvré. Les risques afférents au transport jusqu’aux lieux de livraisons sont à la charge du titulaire. Tous les camions citernes doivent être munis de volucompteurs.

Un article stipule par ailleurs qu’en cas de rupture d’approvisionnement, le groupement peut se fournir auprès du fournisseur de son choix mais que « dans cette éventualité, le titulaire du marché sera tenu de prendre en charge le montant de la différence de prix ». Angers, pour répondre au besoin des différents sites à fournir, indique également le type de porteur à utiliser pour acheminer le fioul dans certains lieux mentionnés. Le CCP prévoit aussi que le titulaire du contrat s’engage à fournir tout nouveau site situé sur le département de Maine-et-Loire. Les lots ont été attribués à deux prestataires différents situés dans le grand ouest : CPO et Chapus.

Entretien avec Hubert Dugas, responsable des achats à Angers

« Créer un effet de volume afin de rationaliser les coûts »

HA : Pourquoi avoir décidé de grouper la commande de carburant ?

Hubert Dugas : Nous pratiquons depuis cinq ans les achats groupés. Cette fois-ci, nous souhaitions partager notre savoir-faire avec le conseil général, l’agglomération, le service départemental d’incendie et de secours. Notre but était de créer un effet de volume afin de rationaliser les coûts.

HA : Qu’avez-vous demandé aux fournisseurs pour choisir la meilleure offre ?

H.D. : Les candidats devaient se positionner par rapport à un prix de référence vérifiable et encadré pendant la durée d’exécution des marchés, notamment par rapport au cours du marché pétrolier de Rotterdam(1) et par rapport au prix à la pompe. Le tarif de référence fourni devait être encadré par le relevé des prix et cotations fourni par l’Union française des industries pétrolières (UFIP)2. Plusieurs fournisseurs ont répondu, dont des fournisseurs locaux.

HA : Y avait-il des indications concernant l’acheminement du carburant ?

H.D. : Toutes les entités participant à cet achat groupé sont propriétaires de leurs cuves et de leurs pompes. Les sites de stockage et les capacités des cuves étaient décrits. Les candidats étaient appelés à se prononcer en connaissance de cause. Il leur était demandé des rabais par type de porteur. Un prix par gros porteur au départ de la raffinerie n’a rien à voir avec un prix d’un produit reconditionné et livré par petit porteur. Dans certaines zones, il est acheminé par petit porteur, ce qui sous-entend un reconditionnement du carburant et un coût supplémentaire.

HA : Après une année, quel bilan tirez-vous ?

H.D. : Nous avons diminué nos coûts de 6,67 % pour le carburant et 14,54 % pour le fioul. Et nous avons des prix ajustés au marché dans un contexte de forte volatilité du baril du brut.

HA : Comment avez-vous choisi vos fournisseurs ?

H.D. : Les prix des carburants sont connus, donc le prix des offres ne passait pas du simple au double. Les prestataires n’ont pas le droit de vendre leur carburant à perte. Aussi, les deux prestataires (CPO et Chapus) choisis ont simplement fait de réels efforts pour remporter le marché alors que d’autres en ont moins fournis.

HA : Pourquoi avoir choisi l’UFIP pour encadrer les prix ?

H.D. : C’est la référence. Le but était de ne pas payer le carburant plus cher qu’il ne l’est à la pompe. Le prix à la pompe est fixé au jour le jour par le fournisseur. Nous voulions, nous, épouser la courbe de prix. Une vraie concurrence lors de l’appel d’offres nous a permis de fixer un prix de départ intéressant. Nous avons été très satisfaits de cette consultation. En se basant, ensuite, sur l’indice UFIP, nous pouvons suivre les prix et décider quand acheter et à quel prix. Le fournisseur ne peut pas modifier le prix, lui-même, à sa guise.

HA : Comment s’est passé le travail en commun ?

H.D. : Notre travail a consisté dans un premier temps à informer les directions de ce qu’était le marché pétrolier. Certaines ne savaient pas ce qu’était un barème pétrolier. Après une phase d’information, nous avons pu commencer à travailler à la rédaction du marché.

(1) Bourse de référence pour la fixation de certains prix pétroliers. Selon le site du ministère de l’Industrie, le marché de Rotterdam est un marché « spot » (marché de gré à gré) pour une livraison instantanée de produits pétroliers qui couvre l’ensemble du commerce de l’Europe du nord. Le cours de Rotterdam est le prix des produits pétroliers sur ce marché, rapporté par des agences de journalistes (Platt’s, Argus).

(2) L’Union française des industries pétrolières (UFIP), qui représente l’ensemble des activités pétrolières exercées sur le territoire français, publie chaque jour sur son site des données économiques sur l’ensemble des produits issus du pétrole et du gaz (www.ufip.fr).

CONTACT
Hubert Dugas
Responsable des achats
Boulevard de la résistance et de la déportation
BP 23527, 49035 Angers cedex 01

On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Marchés Publics »

Voir toutes les ressources numériques Marchés Publics