Emmanuel Leprince (Comité Richelieu) : « Le temps où l’on innovait seul est révolu »

Publié le 15 avril 2009 à 2h00, mis à jour le 15 avril 2009 à 2h00 - par

Pour Emmanuel Leprince, délégué général du Comité Richelieu, Association française des petites et moyennes entreprises (PME) innovantes, il est stratégiquement opportun d’allier achat public et innovation.

PME innovantes

Les nouvelles idées peuvent venir de l’interne grâce à l’innovation participative. Elles peuvent aussi provenir de l’extérieur et c’est ce que l’on appelle l’innovation ouverte. Tout pousse à renforcer cette seconde dimension, que ce soient les méthodes d’échange d’information, la complexité grandissante ou les coûts de développement. Le temps où l’on innovait seul est révolu. Les organisations doivent apprendre à incorporer de nouvelles idées exogènes. Ceci confère un rôle nouveau aux achats, qui les place dans un mode relationnel encore plus riche avec les autres fonctions de leur organisation.

Pour que l’innovation ouverte devienne réalité, il est tout d’abord nécessaire de recenser les thèmes sur lesquels la recherche de nouvelles idées est pertinente. Il faut ensuite pouvoir identifier les entreprises détenant les compétences appropriées, sachant que l’on se situe en amont de la procédure d’appel d’offres (bien souvent, le besoin n’est pas encore suffisamment exprimé). De plus, il convient de ne pas se limiter aux fournisseurs établis car l’innovation vient fréquemment d’entreprises nouvelles, plus difficilement repérables.

Vient enfin l’étape fondamentale de la qualification de l’idée proposée par l’entreprise, ce qui impose une analyse de risque poussée ainsi qu’une étude de coût complet.

Plusieurs activités sont menées par les organismes signataires du Pacte PME afin de faciliter cette démarche d’innovation ouverte. Des échanges de bonnes pratiques sont régulièrement organisés. Des opérations de sourcing de PME innovantes sont menées au rythme d’une cinquantaine par an. Un co-financement d’OSEO est proposé pour l’adaptation de l’offre des PME aux besoins précis des acheteurs, facilitant ainsi la phase de qualification.

Enfin, des demandes sont construites collectivement et présentées aux pouvoirs publics, ce qui a, par exemple, débouché sur l’article 26 de la loi de modernisation de l’économie. Ce dernier permet aux acheteurs publics de réserver certains marchés aux PME innovantes ou de leur donner préférence en cas d’offres égales.

En se saisissant de l’enjeu de l’innovation ouverte, les acheteurs publics peuvent non seulement élargir leur périmètre, mais aussi contribuer à renforcer l’économie française, en permettant l’émergence de nouvelles offres innovantes et compétitives.

En ces temps de crise économique et d’affirmation explicite par les pouvoirs publics de la nécessité d’utiliser le levier de l’achat public pour lutter contre ses effets, les acheteurs publics acquièrent ainsi un rôle stratégique non seulement pour leur propre organisation mais pour notre pays tout entier.

 

Emmanuel Leprince, délégué général du Comité Richelieu, Association française des PME innovantes


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