Absentéisme scolaire : faut-il suspendre les allocations familiales des parents ?

Publié le 19 janvier 2010 à 0h00 - par

La lutte contre l’absentéisme scolaire voit une nouvelle fois se rouvrir le débat sur la suppression des prestations familiales. Au sein de la majorité les points de vue s’affrontent suite à la proposition du député UMP Éric Ciotti de renforcer la loi de 2006, qui permet de suspendre les allocations familiales en cas d’absences scolaires répétées d’un élève au collège ou au lycée.

Absentéisme scolaire : faut-il suspendre les allocations familiales des parents ?

Alors que le ministre de l’Éducation nationale, Luc Chatel, s’est prononcé en faveur de la proposition du député UMP Éric Ciotti et souhaite simplifier le dispositif permettant de faire appliquer la loi n° 2006-396 du 31 mars 2006, Martin Hirsch dénonce « une fausse bonne idée ». Le Haut commissaire aux Solidarités actives et à la Jeunesse préconise des actions visant à impliquer davantage les parents dans la scolarité de leurs enfants. Ces recommandations s’appuient sur les résultats d’une expérimentation menée à sa demande auprès de 5 000 collégiens de l’académie de Créteil et qui ont été publiés récemment par l’École d’économie de Paris (EEP).

L’absentéisme scolaire frappe 2,4 % des collégiens et 4,6 % des lycéens – quatre demi-journées d’absences injustifiées par mois -, et grimpe jusqu’à 5 % dans les établissements classés en ZEP et à 30 % dans certains lycées professionnels. Lors d’absences répétées et injustifiées constatées chez un enfant, la responsabilité de ses parents est engagée. Aujourd’hui, les dispositifs existants ne produisent pas les effets escomptés. La loi n° 2006-396 du 31 mars 2006 instaurant la signature d’un contrat de responsabilité parentale (CRP) entre les parents et les départements, et qui prévoit, en cas de non-respect, une suspension des allocations familiales, n’a jamais été appliquée par les départements. « Nous sommes, dans les Alpes-Maritimes, le premier département à le faire », déclare Éric Ciotti, secrétaire national de l’UMP en charge des questions de sécurité. Et d’ajouter avoir signé « 11 contrats » depuis octobre, tout en précisant qu’« il s’agit avant tout d’un dispositif d’accompagnement social, la suspension n’intervient qu’en dernier recours. D’ailleurs, nous n’avons suspendu personne. » Éric Ciotti déposera en février un amendement pour rendre le CRP obligatoire à l’occasion de l’examen par l’Assemblée nationale de la loi d’orientation, de programmation et de performance pour la sécurité intérieure.

Pour Martin Hirsch, il faut étendre « la mallette des parents » un dispositif expérimenté auprès des parents d’élèves de sixième dans 37 collèges de l’académie de Créteil. Cette initiative basée sur une implication des parents dans la vie de l’établissement et auprès de leurs enfants a montré « un surcroît d’implication des parents », une « amélioration du comportement des enfants » (moins d’absentéisme et moins d’exclusions temporaires et moins de sanctions disciplinaires) et un « impact sur certains résultats scolaires ».

Pour en savoir plus : Quels effets attendre d’une politique d’implication des parents d’élèves dans les collèges ?, rapport pour le Haut commissaire à la Jeunesse, Francesco Avvisati, Marc Gurgand, Nina Guyon, Éric Maurin, École d’économie de Paris


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