Les collectivités gèrent près de 4 000 piscines et centres aquatiques, soit environ 6 000 bassins. Ces équipements anciens — six sur dix ont plus de trente ans — consomment beaucoup d’eau et d’énergie. Des postes représentent en moyenne un quart du budget d’exploitation d’un site. En rénovant sa piscine, la collectivité offre un meilleur service aux baigneurs et réduit ses dépenses de façon importante. « L’incidence des consommations énergétiques est directe dans les sites aquatiques et suppose une approche complémentaire entre économie d’eau et d’énergie, précise la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). Le coût de l’eau utilisée, traitée et chauffée est presque trois fois supérieur à celui de l’eau de ville. Agir sur les volumes en réduisant les consommations ou en modernisant les systèmes de traitement permettra ainsi de réduire considérablement les factures d’eau et d’énergie ».
Les sites aquatiques ne sont soumis à aucune réglementation thermique, mais lorsqu’ils dépassent 1 000 m2, ils doivent respecter le dispositif Éco-énergie tertiaire (issu du décret « tertiaire » du 23 juillet 2019 de la loi Élan) qui impose de diminuer la consommation de 40 % en 2030, 50 % en 2040 et 60 % en 2050, par rapport à celle de 2010.
Dans un premier temps, il faut évaluer les consommations par poste, à l’aide d’un relevé périodique et de compteurs divisionnaires d’eau et d’énergie. Les fuites éventuelles pourront ainsi être décelées. Il convient aussi d’étudier l’isolation et l’étanchéité des bâtiments — de très grands volumes chauffés qui présentent de nombreux ponts thermiques et des risques de condensation. Le système constructif et la date d’édification de l’équipement fournissent des pistes sur les améliorations envisageables : isolants en toiture, calorifugeage des conduits des installations de chauffage, traitement des parois vitrées… Une bonne isolation peut apporter une économie de fonctionnement proche de 25 %.
La majeure partie des consommations électriques provient de la filtration, dont le débit influe sur la consommation de la pompe. On peut redimensionner le dispositif, installer une pompe à vitesse variable, ajuster la puissance aux besoins réels… Poste de dépenses important, l’éclairage peut aussi être amélioré : suppression de certains points lumineux, remplacement des projecteurs iodures par des LED, adoption de lampes basse consommation…
L’autre paramètre du projet est la consommation d’eau. Certaines zones naturellement polluées (bassins, pédiluves, douches, filtres…) imposent de décontaminer l’eau et de la renouveler en permanence. Le plus consommateur (40 à 50 %) est le contre-lavage des filtres des bassins, destiné à éliminer les impuretés. Vient ensuite l’eau chaude sanitaire : entre 18 et 35 % du total de l’eau consommée, en fonction des locaux annexes (vestiaires, douches, sanitaires) et des habitudes de consommation. Par ailleurs, alors que la réglementation impose de renouveler les eaux de bassin selon un volume de 30 litres par baigneur et par jour, certaines piscines consomment entre 120 et 180 litres ; un poste qui s’élève entre 17 et 20 % du total de l’eau consommée. Au-delà de la sensibilisation des baigneurs à l’hygiène, des mesures techniques peuvent être adoptées : filtration en céramique, sur membrane biologique ou par perlite, déchlorominateur, récupération d’eau…
La collectivité doit considérer l’investissement dans la rénovation du centre aquatique comme un moyen de réduire ses charges. Le programme d’accompagnement ACT’EAU, porté par la FNCCR, peut financer jusqu’à 8 000 euros et 50 % du montant HT des études (audit énergétique, étude de faisabilité…). Il vise en priorité les équipements de plus de vingt-cinq ans et les sites couverts et mixtes. Sous certaines conditions, la collectivité peut obtenir une aide aux travaux de l’Agence nationale du sport, ainsi que des financements par le biais des opérations standardisées des certificats d’économie d’énergie (CEE), qu’il s’agisse du projet global ou d’actions ponctuelles : pose de robinets thermostatiques, systèmes de régulation, récupérateurs de calories…
Marie Gasnier
Les équipements aquatiques peuvent représenter près du quart des consommations totales du patrimoine bâti des collectivités, après ls établissements scolaires. |