Une étude analyse le coût de fonctionnement de 39 piscines publiques

Publié le 20 janvier 2023 à 9h30 - par

Avec la crise de l’énergie, maîtriser les coûts des centres aquatiques est impératif pour assurer leur pérennité et continuer à former tous les élèves à la natation.

Une étude analyse le coût de fonctionnement de 39 piscines publiques
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Avant de construire une piscine, la collectivité doit en mesurer les enjeux financiers, conseille une étude sur les coûts des piscines municipales, publiée par l’Association des financiers, gestionnaires, évaluateurs et manageurs des collectivités territoriales (Afigese), l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) et Angers Loire métropole. D’autant plus que l’explosion des prix de l’énergie conduit certaines collectivités à restreindre les horaires d’ouverture, voire à carrément fermer leurs centres aquatiques, parfois de façon définitive. Fondée sur l’analyse comparative de trente-neuf piscines aux profils divers, l’étude tire un certain nombre d’enseignements.

En activité ou non, une piscine « coûte à la collectivité par sa seule présence », en raison de l’investissement d’origine. Une fois construite, il faut donc optimiser son fonctionnement pour répondre à sa vocation de service public, et anticiper la stratégie d’usage et la tarification avant son ouverture. Ainsi, élargir les horaires de fonctionnement réduit le coût net par entrée, tout en augmentant la fréquentation et donc le service rendu à la population. « Il est ainsi possible de concilier les intérêts des usagers et des contribuables, qui, au demeurant, sont souvent les mêmes personnes », précise l’étude. Selon le type d’équipement, l’étude observe de 7 600 à 390 000 passages annuels, les piscines centrales étant beaucoup plus fréquentées (183 000 passages) qu’en périphérie (71 000 passages).

Par ailleurs, l’approche territoriale doit être plus large que celle de la commune ou du groupement de communes, pour éviter la concurrence et implanter la piscine là où elle répondra aux besoins. Sans compter que les piscines publiques ont pour finalité d’enseigner la natation aux enfants. Or, avec la pandémie, une génération de CM1/CM2 en a été privée pendant près de deux ans – ce qui risque d’augmenter les noyades, notamment l’été au bord de la mer.

L’étude détaille les coûts bruts, auxquels elle intègre ensuite les frais d’amortissement et les coûts d’usage. Les frais de personnel (50 %) sont les plus importants, suivis des amortissements (22 %) et des fluides – eau, électricité, chauffage – (17 %). Le matériel, la maintenance et les contrats représentent 11 %. Il existe toutefois de grandes disparités : les frais de personnel peuvent varier entre 13 % et 70 % des charges totales, et les fluides de 8 % à 34 %, par exemple. Les frais de personnel d’une piscine exploitée en régie sont plus élevés (52 %) que pour les délégations de service public (DSP) (39 %).

Le coût brut de fonctionnement hors amortissement qui s’élève, en moyenne, à 3 300 euros par jour (10 euros par passage), oscille entre 513 euros et 8 049 euros par jour. Il est plus élevé pour les piscines centrales que pour les piscines périphériques (2 400 euros par jour).

En intégrant l’amortissement, le coût de fonctionnement atteint en moyenne 4 250 euros et il varie entre 880 euros et 11 840 euros par jour. Rapporté à la fréquentation, il pèse 3 euros de plus par passage que le coût calculé hors amortissement.

Enfin, en tenant compte de l’amortissement mais aussi des recettes (entrées, leçons, clubs, scolaires, vente d’articles de natation…), on obtient le coût net ; c’est ce coût d’exploitation final qui reste à la charge de la collectivité. Il atteint en moyenne 3 390 euros par jour (10 euros par passage). Rapporté à la fréquentation, le coût net varie de 4 euros à 40 euros par passage. Il est plus élevé pour les piscines périphériques (14 euros par passage en moyenne) que pour les piscines centrales (8 euros).

Le coût net moyen est de 3 390 euros par jour (entre 822 et 9 910 euros par jour). Il peut atteindre 4 100 euros par jour pour les piscines centrales et 2 710 euros par jour pour les piscines périphériques. Les recettes perçues réduisent le coût brut calculé par passage (y compris amortissement) de 4 % à 56 % (soit de moins d’1 euro à plus de 5 euros par passage).

Vu l’importance de ces coûts, les auteurs de l’étude constatent que l’amortisseur électricité, qui a pris effet au 1er janvier, ne suffira peut-être pas à maintenir l’offre d’équipement aquatique qui existait jusqu’alors.

Marie Gasnier

Profil de l’étude

39 piscines appartenant à 11 collectivités.
D’une surface allant de 250 m2 à 2 814 m2, 34 sont gérées en régie et 5 en délégation de service public (DSP) ; 19 ont un rôle de piscine centrale et 20 sont des piscines de quartier ou périphériques ; 28 comportent plusieurs bassins et 11, un seul bassin. Elles ont été construites entre 1936 et 2017 ; 27 piscines datent d’avant 1990.


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