« La France entretient avec son cinéma une histoire d’amour au long cours. S’il a, par le passé, su se réinventer pour faire face aux nouveaux médias, le cinéma n’a cependant jamais paru si questionné et menacé, alors qu’il peine encore à se remettre de la crise pandémique », considère la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat. Au regard de ces inquiétudes, de sa place singulière dans notre histoire et du soutien public dont il bénéficie sans discontinuer depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, la commission a donc confié à trois de ses membres une mission d’information sur la filière cinématographique, chargée d’effectuer un constat, mais surtout d’établir des perspectives pour cet art majeur.
Avant de rendre leur rapport, fin mai, Céline Boulay-Espéronnier, sénatrice de Paris (Les Républicains), Sonia de La Provôté, sénatrice du Calvados (Union Centriste), et Jérémy Bacchi, sénateur des Bouches-du-Rhône (Communiste républicain citoyen et écologiste), ont ainsi réalisé une quarantaine d’auditions et tables rondes, effectué un déplacement à Martigues et assisté à des réunions au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Les trois rapporteurs en ressortent avec la conviction que « le cinéma français a devant lui un grand avenir, sous réserve qu’il parvienne à s’adapter à la nouvelle donne technologique ».
Dans ce contexte, la mission d’information sénatoriale formule 14 recommandations qui, selon elle, « forment un cadre cohérent et adapté pour préserver et amplifier la belle histoire du cinéma en France ». Ses propositions visent « à consolider la position éminente du cinéma dans le cœur du public et à maintenir l’équilibre entre art populaire et recherche, mais également à l’adapter à la nouvelle donne du XXIe siècle ».
Les recommandations sont regroupées autour de cinq axes. À savoir :
- Adapter les mécanismes de soutien pour assurer des productions mieux financées
Les rapporteurs estiment que l’attention doit être portée non pas sur le nombre de films produits ou soutenus, mais sur le devis, notamment en ce qui concerne les films dits « du milieu ».
- Des films mieux diffusés pour un public plus large
En complément de l’attention accordée aux conditions de production, il est primordial de renforcer les mécanismes de distribution et de diffusion de la diversité sur le territoire, et de préparer avec les plus jeunes les cinéphiles de demain, ajoute la mission.
- Faciliter la vie des exploitants
Les trois parlementaires souhaitent leur donner plus de levier dans leur politique de mise en valeur du cinéma, en facilitant les opérations promotionnelles en ligne et en assouplissant la politique d’agrément des cartes illimitées.
- Mieux associer le cinéma aux politiques publiques
Le cinéma doit être plus associé aux grandes politiques publiques, pour devenir un acteur culturel exemplaire, soutiennent les auteurs du rapport.
- Renforcer les acteurs français dans la chronologie des médias
Enfin, la mission estime nécessaire, d’une part, de mieux garantir l’accès continu à l’œuvre, d’autre part, de renforcer les acteurs nationaux de la diffusion en ligne, en invitant les partenaires à prévoir dans la chronologie des médias une fenêtre « super premium » entre 2 et 3 mois après la diffusion en salle.
Les trois rapporteurs envisagent désormais le dépôt prochain d’une proposition de loi pour mettre en application « le plus rapidement possible » les préconisations nécessitant des modifications législatives.