Forêts : la Cour des comptes pointe la fragilité des finances de l’ONF

Publié le 23 septembre 2024 à 8h30 - par

Le principe historique selon lequel « le bois paie la forêt » a sans doute vécu : l’Office national des forêts (ONF) est confronté à une « soutenabilité financière fragile » face notamment aux conséquences du changement climatique, met en garde la Cour des comptes dans un rapport publié le 19 septembre 2024.

Forêts : la Cour des comptes pointe la fragilité des finances de l'ONF
© Image par Thilo Becker de Pixabay

Dans un rapport d’initiative citoyenne consacré à cet organisme chargé de la gestion durable des forêts de l’État (1,7 million d’hectares en métropole) et des collectivités territoriales et établissements publics (2,9 millions d’hectares), la Cour salue une situation financière « en cours d’amélioration ».

En 2023, l’ONF a dégagé un bénéfice de 53 millions d’euros pour un budget de plus de 900 millions d’euros et reste marqué par un endettement « élevé » bien qu’en baisse.

Cette amélioration « tient en grande partie à la flambée du cours du bois » provenant des ventes réalisées à partir des coupes réalisées dans les forêts domaniales (40 % du chiffre d’affaires), selon son premier président Pierre Moscovici.

Mais « avec son schéma de financement, l’ONF ne sera pas en mesure de répondre au renouvellement des forêts publiques à l’horizon 2050 sans une aide pérenne de l’État ou d’autres financements encore à trouver », prévient la Cour.

D’autant que les effectifs de l’ONF, longtemps en baisse, « apparaissent désormais insuffisants pour répondre aux missions croissantes qui lui sont assignées ».

Le changement climatique provoque le dépérissement d’une partie de la forêt, qu’il faut reconstituer. Les surfaces concernées devraient passer de 12 000 hectares par an aujourd’hui à 21 000 hectares en 2050 pour un coût qui devrait passer de 44 à 100-120 millions d’euros pour les seules forêts de l’État et 120 millions pour les autres forêts publiques.

L’extension prévue de 215 000 hectares du régime forestier, c’est-à-dire des forêts gérées par l’ONF, se heurte elle à la « réticence » des collectivités publiques à contribuer davantage à son financement. La Cour recommande donc de « préciser les critères d’application de ce régime » en fonction notamment du caractère exploitable des parcelles concernées.

L’ONF fait également face à l’augmentation de ses missions d’intérêt général, comme la prévention des incendies ou la préservation de la biodiversité. Pour la Cour, il faudrait que les coûts de ces missions soient mieux estimés.

La Cour recommande enfin de définir des « objectifs hiérarchisés et préciser les moyens associés » dans le prochain contrat pluriannuel avec l’État.

Car, « les moyens financiers de l’État sont eux-mêmes sous tension. (…) le contexte n’est pas le plus propice à une augmentation » des ressources, convient Pierre Moscovici.

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