Le gouvernement a fait de l’activité physique et sportive la Grande cause nationale pour 2024, avec pour slogan : « Bouge 30 minutes chaque jour ! ». Dans ce cadre, l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS) a rendu public, début décembre 2023, le rapport final de son évaluation du dispositif 30 minutes d’activité physique quotidienne (APQ) à l’école primaire sur le territoire de l’Académie de Créteil.
Les objectifs de cette étude commanditée par le comité d’organisation Paris 2024 étaient d’évaluer les effets perçus par les enseignants du dispositif sur eux-mêmes et sur leurs élèves, de tirer des enseignements sur les conditions de réussite de sa mise en œuvre au sein du territoire de l’Académie de Créteil et d’émettre des recommandations adaptées aux réalités de terrain. Pour y répondre, l’ONAPS a adressé un questionnaire aux enseignants d’écoles maternelles et élémentaires de l’académie et réalisé une vingtaine d’entretiens semi-directifs auprès d’enseignants d’écoles élémentaires. 4 % des enseignants ont renseigné le questionnaire, soit 1 161 sur les 25 924 que compte l’académie.
La mise en œuvre du dispositif
Le dispositif des 30 minutes d’APQ est déployé par plus de la moitié (56 %) des répondants au questionnaire. Sa mise en place est initiée dans plus des deux tiers des cas (67 %) directement par l’enseignant seul. Cependant, deux tiers des répondants affirment qu’une concertation en conseil des maîtres de cycle sur le dispositif des 30 minutes d’APQ a été organisée au sein de leur école. De la même manière, le dispositif aurait fait l’objet d’une présentation lors d’un conseil d’école pour 43 % des enseignants de l’échantillon et 36 % des enseignants auraient été formés à la mise en place des 30 minutes d’APQ.
En moyenne, les enseignants ayant adopté le dispositif proposent les activités physiques quotidiennes pendant 26 minutes. Ces résultats encourageants cachent des variations en termes de modalités de mise en place, précise l’ONAPS. Ainsi, 56 % des enseignants ayant déclaré mettre en place le dispositif le font tous les jours, contre 41 % qui le mettent en place deux ou trois jours par semaine, qui correspondent davantage aux journées sans EPS. Par ailleurs, les lieux utilisés sont davantage situés à l’extérieur, en priorité dans l’enceinte de l’école. Les formes prises par le dispositif sont également diverses, les plus utilisées étant les jeux actifs (78 %), les leçons actives (44 %) et les pauses actives (43 %).
Des effets prometteurs
Les enseignants mettant en place le dispositif perçoivent des effets prometteurs sur leurs élèves et sur eux-mêmes, se félicite l’ONAPS. Les facteurs sur lesquels ces derniers semblent percevoir le plus d’effets sont l’amélioration du bien-être des élèves (63 % tout à fait d’accord, 31 % plutôt d’accord), la réduction de la sédentarité (58 % tout à fait d’accord, 33 % plutôt d’accord), la coopération des élèves (37 % tout à fait d’accord, 49 % plutôt d’accord), mais aussi l’engagement des élèves dans une pratique extérieure à l’école (37 % tout à fait d’accord, 45 % plutôt d’accord). La perception des effets du dispositif sur les élèves varie en fonction des caractéristiques de l’école. Par exemple, les enseignants de maternelle sont plus nombreux à percevoir des effets positifs sur le bien-être de leurs élèves que les enseignants en élémentaire. De la même manière, certaines formes pourraient influencer les effets perçus par les enseignants, puisque ceux mettant en place des leçons actives ont davantage tendance à percevoir des effets sur le climat de classe.
Chez les enseignants eux-mêmes, les effets perçus sont plus mesurés, rapporte l’étude. L’enrichissement des pratiques pédagogiques (23 % tout à fait d’accord, 46 % plutôt d’accord) arrive tout de même en première position, suivi de l’amélioration du bien-être (20 % tout à fait d’accord, 42 % plutôt d’accord) et, plus à la marge, par l’amélioration de la confiance en soi dans l’enseignement de l’EPS (16 % tout à fait d’accord, 38 % plutôt d’accord). De la même manière que pour les effets perçus sur les élèves, les formes employées semblent influencer les effets perçus. Par exemple, les enseignants mettant en place les 30 minutes d’APQ hors temps de récréation ont davantage tendance à percevoir des effets sur leur bien-être.
Malgré ces résultats encourageants, plusieurs freins semblent limiter le déploiement du dispositif, relève l’ONAPS : écarts entre les tâches prescrites et les tâches comprises, manque de temps, de moyens ou encore de formation.
Les préconisations de l’ONAPS
Pour améliorer le dispositif, l’ONAPS formule une dizaine de préconisations autour de trois axes. Au programme :
Axe 1 : Enrichir les prescriptions
- Définir les termes utilisés dans les textes de référence : activité physique, sport, sédentarité, EPS et leurs distinctions.
- Expliciter et détailler les possibilités de mises en place des 30 minutes d’APQ, en termes de lieux, de moments et de formes, en proposant des exemples concrets courts.
- Clarifier les différences entre le dispositif des 30 minutes d’APQ et l’EPS au niveau de leur articulation et de leur complémentarité, en proposant un exemple type.
Axe 2 : Faciliter la compréhension et l’adhésion au dispositif
- Communiquer de manière élargie et adaptée à tous les niveaux hiérarchiques de l’Éducation nationale (enseignants, mais aussi directeurs, inspecteurs, DASEN…) par des supports courts et impactants.
- Communiquer de manière élargie et adaptée auprès des parents et enfants par des supports adaptés, courts et impactants, et des évènements thématiques sur les enjeux de promotion de l’activité physique et de lutte contre les comportements sédentaires (définitions, impacts sur la santé et sur les apprentissages, chiffres clés, recommandations), afin de faciliter leur compréhension et leur adhésion au dispositif des 30 minutes d’APQ.
Axe 3 : Accompagner la mise en place des 30 minutes d’APQ et faciliter son effectivité
- Intégrer des modules de formation au dispositif des 30 minutes d’APQ dès la formation initiale des enseignants.
- Généraliser la formation continue des directeurs et des enseignants à la mise en place des 30 minutes d’APQ dans une perspective très concrète, intégrant la présentation des enjeux pour la santé et les apprentissages, les objectifs visés avec les élèves et le détail des différentes modalités employables (lieux, moments, formes, matériels, ressources) et proposant des temps de tests / échanges de groupes / construction commune d’activités mobilisables directement.
- Communiquer sur les ressources existantes et en créer des complémentaires clés en main et répertoriées de manière exhaustive sur Éduscol (exemples : fiches d’activités classées par types, agenda une activité par jour).
- Faciliter l’accès à ces ressources, à la fois en ligne et en apportant un appui à l’acquisition de ces dernières en format matérialisé (impressions notamment), en mobilisant des acteurs locaux.
- Développer ou utiliser une plateforme participative permettant aux enseignants de répertorier les activités qu’ils proposent à leurs élèves, afin d’inspirer d’autres enseignants et inversement.
- Amplifier l’apport matériel fourni aux écoles et envisager une continuité à la distribution des kits de matériel réalisée par Paris 2024 et l’Agence nationale du sport…